Anxiolytiques et hypnotiques : un duo qui présente des risques

  • Comme tout traitement, prendre des anxiolytiques doit rester temporaire. Il est conseillé de traiter les causes du troubles pour en guérir les effets.
    Comme tout traitement, prendre des anxiolytiques doit rester temporaire. Il est conseillé de traiter les causes du troubles pour en guérir les effets. Reproduction Centre Presse
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Consommer des médicaments anxiolytiques et hypnotiques n’est pas anodin : pris à mauvais escient ou trop longtemps, ces médicaments comportent des risques pour la santé. Consommés en grande quantité en France, notamment par les personnes âgées, les psychotropes ne sont pourtant pas toujours la seule solution thérapeutique. Les explications de trois médecins aveyronnais, les docteurs Chartier, Mazères et Panaye.

Chercher la cause du trouble

"Actuellement, les anxiolytiques et les hypnotiques sont trop souvent pris de façon chronique pendant plusieurs mois, voire plusieurs années, sans raison autre que l’habitude. Cette habitude peut se transformer rapidement en accoutumance : les doses doivent être augmentées pour obtenir le même effet et le sevrage brutal entraîne une réactivation de l’anxiété ou de l’insomnie, explique le Dr Chartier, neurologue. Il faut savoir prendre le temps de chercher la cause de l’insomnie ou de l’anxiété, avant de décider de prendre un médicament".

Risques de chutes et d'accidents

Généraliste, le Dr Mazères pointe les effets secondaires : "À long terme, au-delà de l’accoutumance, la prise de ces médicaments peut favoriser des chutes chez les personnes âgées et des accidents de voiture ou de travail, en faisant baisser la vigilance". Et de poursuivre : "Ces médicaments perturbent le bon fonctionnement de la mémoire et de l’attention, si bien qu’ils ne sont pas recommandés chez les étudiants. Enfin, chez l’insuffisant respiratoire, ils peuvent aggraver le manque d’oxygénation du sang".

Des alternatives aux médicaments

Seul le médecin est à même d’évaluer et d’adapter la prise en charge thérapeutique, en fonction de la situation individuelle de chaque personne. "L’interrogatoire du patient est essentiel pour préciser l’origine des troubles : le terrain anxio-dépressif, l’hygiène du sommeil, les horaires de travail, la présence d’un ronflement nocturne. Parfois quelques examens complémentaires sont nécessaires : tests d’endormissement ou d’éveil... Si l’examen médical et les examens complémentaires sont normaux, la prescription de médicaments n’est pas la seule solution, la relaxation, la sophrologie, les entretiens psychothérapiques avec psychologues ou psychiatres, la pratique du sport sont de bonnes alternatives", précise le docteur Chartier.

Pas des remèdes aux événements de la vie

Ces médicaments ne sont pas un traitement des problèmes de la vie (deuil, chômage, accidents, conjugopathies...) et doivent être prescrits dans leurs indications type anxiété sévère, dépression caractérisée. L’insomnie occasionnelle, les périodes difficiles (et normales) de la vie ne sont pas à "médicaliser" sauf à l’occasion de révélation d’une pathologie sous-jacente.

Sommeil et mémoire, des changements logiques

"Plus d’un quart des personnes âgées consomment régulièrement des médicaments utilisés dans le traitement de l’anxiété et de l’insomnie, essentiellement des benzodiazépines et surtout dans un but d’endormissement. Ce pourcentage peut atteindre 66% en institution", constate le docteur Panaye, pneumologue, qui ajoute : "Ces prescriptions seraient inappropriées dans 65% des cas".

Le vieillissement naturel s’accompagne de multiples modifications de l’organisme. Ainsi, les plaintes concernant le sommeil et la mémoire sont fréquentes quand on avance dans l’âge. C’est le cas notamment des changements de rythme de sommeil : les personnes âgées se plaignent souvent d’un sommeil nocturne de courte durée non réparateur et d’un réveil matinal précoce. Après 60 ans, le sommeil paradoxal apparaît 50 à 60 minutes après le début du sommeil alors qu’il arrive, chez l’adulte jeune, 90 minutes après l’endormissement.

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