La fin de vie de Vincent Lambert, en état de conscience minimale, devant la justice

  • Une chambre dans un centre hospitalier universitaire (CHU), en France
    Une chambre dans un centre hospitalier universitaire (CHU), en France AFP/Archives - Philippe Huguen
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Le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne décidera mercredi de la fin de vie de Vincent Lambert, un tétraplégique en état de conscience minimale, à la demande de ses parents qui s'opposent de nouveau à son euthanasie passive décidée par le corps médical en accord avec sa femme et une partie de sa famille.

Samedi, à l'issue de plusieurs réunions collégiales entre les médecins et les membres de la famille proche de Vincent Lambert, le docteur Eric Kariger qui dirige le service de médecine palliative du CHU de Reims avait annoncé sa décision d'arrêter les traitements de nutrition et d'hydratation artificielles du patient tétraplégique, conformément à la loi Leonetti.

Les parents, une soeur et un demi-frère de Vincent ont saisi la justice lundi par un référé-liberté pour stopper la décision médicale et obtenir le transfert de leur fils dans un autre établissement hospitalier, alors que sa femme Rachel, ainsi que sept autres membres de cette famille recomposée soutiennent les médecins.

"Les réunions collégiales ont été des mascarades, jamais on ne nous a entendu et les médecins ont une nouvelle fois programmé la mort de mon fils", a réagi lundi Viviane Lambert, la mère de Vincent.

Selon les requérants, qui dénoncent la partialité du docteur Kariger, la loi Leonetti régissant les droits des patients en fin de vie ne s'applique pas au cas de Vincent Lambert qui est handicapé mais non atteint d'une maladie incurable.

Le tribunal administratif doit rendre sa décision à l'issue de l'audience.

Selon le corps médical, Vincent Lambert, âgé de 38 ans, hospitalisé depuis 5 ans après un accident de la circulation, est totalement aphasique et dans un état pauci-relationnel (état de conscience minimale) qui permet une certaine interaction avec l’environnement par la vue notamment, sans pour autant "être sûr qu'il intègre correctement les informations sensorielles".

Une famille divisée en "deux camps"

En avril 2013, alors que le malade multipliait des comportements d’opposition aux soins depuis plusieurs mois, "faisant suspecter un refus de vivre", les équipes soignantes avaient déjà engagé un premier protocole de fin de vie en accord avec sa femme présente quotidiennement depuis l'accident et une partie de la famille, mais sans consulter explicitement les parents vivant dans le sud de la France.

Le 11 mai, la mère de Vincent avait saisi le tribunal administratif de Châlons-en-Champagne et obtenu du juge que les médecins reprennent l'accompagnement thérapeutique en rétablissant l'alimentation et l'hydratation du patient.

En septembre, les équipes du docteur Kariger avaient programmé une réunion avec l'ensemble de la famille pour évoquer de nouveau la fin de vie du patient dont la "vie de relation se +restreignait+ de plus en plus", selon le médecin. Une deuxième réunion avait eu lieu en décembre avant la décision finale annoncée le 11 janvier dernier.

L'action judiciaire avait mis au jour un conflit familial, alimenté selon les proches de Rachel par les convictions religieuses très ferventes des parents de Vincent.

"Il y a maintenant deux camps dans ma famille, et mes parents, hormis leur chagrin, considèrent cette situation aussi avec leur idéologie très catholique", avait expliqué en mai dernier à l'AFP Marie, la soeur cadette de Vincent

"Il n'y a pas de doute que mon frère ne veut pas vivre de cette façon, il avait d'ailleurs clairement indiqué avant son accident qu'il ne souhaitait pas d’acharnement thérapeutique. Le laisser partir est aussi un acte d'amour", avait-elle ajouté.

Source : AFP

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