Syrie: l'opposition débat à Istanbul de sa participation à Genève II

  • Le chef de la coalition de l'opposition syrienne Ahmad Jarba (d) et le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une rencontre à la résidence de l'ambassadeur américain à Paris, le 13 janvier 2014
    Le chef de la coalition de l'opposition syrienne Ahmad Jarba (d) et le secrétaire d'Etat américain John Kerry lors d'une rencontre à la résidence de l'ambassadeur américain à Paris, le 13 janvier 2014 Pool/AFP/Archives - Pablo Martinez Monsivais
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AFP

L'opposition syrienne en exil, divisée et sous la pression de ses parrains occidentaux et arabes, se réunit vendredi à Istanbul pour décider de sa participation à la conférence de paix de Genève II, pour laquelle Damas s'est dit prêt à faire un geste humanitaire.

A cinq jours du coup d'envoi du rendez-vous diplomatique imposé par la Russie et les Etats-Unis, les délégués de la Coalition de l'opposition doivent engager leurs discussions à 14h00 GMT dans le strict huis clos d'un hôtel de la lointaine banlieue stambouliote, a-t-on appris auprès d'un de leurs porte-parole.

Le débat, déjà mis entre parenthèses il y a dix jours, s'annonce long et difficile, tant les membres de l'opposition modérée au président Bachar al-Assad sont divisés sur l'opportunité de s'asseoir à la même table que ses représentants.

"Prendre une décision de participer ou non à cette conférence n'est pas facile", a concédé à l'AFP Munzer Aqbiq, le conseiller du président de la Coalition Ahmad Jarba. "Le droit, la justice, le bien et le mal sont parfaitement identifiés dans le dossier syrien, alors faire des compromis sera douloureux", a-t-il anticipé.

En novembre dernier, la Coalition avait posé une série de conditions très strictes à sa participation à la conférence qui doit s'ouvrir mercredi prochain à Montreux (Suisse).

Sur le plan politique, elle a exigé notamment que les discussions se déroulent "sur la base d'un transfert intégral" du pouvoir et que le président Assad "et ceux qui ont du sang sur les mains ne jouent aucun rôle" dans la transition.

Et sur le terrain, elle a également demandé un cessez-le-feu pendant les négociations, ainsi que des "couloirs humanitaires" permettant d'évacuer les blessés.

Ses exigences politiques ont d'ores et déjà été rejetées par Damas, qui a répété qu'il n'irait pas à Genève "pour remettre le pouvoir à qui que ce soit ni faire de transactions avec qui que soit", et qu'il revenait à Bachar al-Assad de mener la transition.

Sous l'influence de son fidèle soutien russe, le régime s'est toutefois dit prêt vendredi à prendre une série de mesures "humanitaires" qui répondent aux requêtes de l'opposition.

A l'issue d'une rencontre avec son homologue syrien Walid Mouallem à Moscou, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a évoqué la livraison de "cargaisons humanitaires" dans plusieurs régions,notamment autour d'Alep (nord) et Damas.

Assurances et réassurances

"J'ai informé le ministre Lavrov que nous étions prêts à échanger des détenus contre des prisonniers capturés par le camp adverse", a pour sa part annoncé M. Mouallem. Sans évoquer un "cessez-le-feu", le Syrien a également évoqué un plan prévoyant "l'arrêt de toutes les actions militaires" dans la région d'Alep.

Conscients des réticences de plus en plus fortes qui l'animent, les parrains occidentaux et arabes de l'opposition ont multiplié ces derniers jours les assurances et les pressions pour les convaincre de participer à la conférence, condition sine qua non de sa crédibilité.

Jeudi soir encore, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a une nouvelle fois exhorté la Coalition à faire le voyage en Suisse en lui assurant qu'il ne saurait être question d'y accorder le moindre avenir politique à Bachar al-Assad.

Dimanche à Paris, le président de la Coalition Ahmad Jarba avait publiquement évoqué ses "inquiétudes", "doutes" et "craintes" quant à l'issue de la conférence.

En coulisses, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne, ont été plus directs, en menaçant directement de lui couper les vivres en cas de refus, selon des médias britanniques.

"La Coalition est prise entre deux feux. D’une part les injonctions à participer des +amis de la Syrie+, de l’autre ses membres qui refusent car ils estiment qu’ils ont trop à perdre", a résumé un diplomate occidental. "On peut s’attendre au final à ce que la Coalition envoie une délégation à Genève, mais à quel prix pour son avenir ?", a-t-il demandé.

La conférence de Genève II doit tenter de trouver une solution politique susceptible de mettre fin à la guerre civile en Syrie, qui a fait plus de 130.000 morts et des millions de réfugiés et déplacés depuis mars 2011.

Vendredi, le Haut-commissaire aux réfugiés de l'ONU Antonio Guterres a exhorté les partie au conflit à accoucher rapidement de cette solution. "Il est absolument indispensable de mettre un terme à ce bain de sang", a-t-il dit.

"Je ne me résigne pas à ce que le choix qui pourrait être présenté au monde soit la perpétuation d'un régime dictatorial, celui de Bachar al-Assad, ou l'extrémisme des islamistes", a renchéri le président français François Hollande en présentant ses voeux au corps diplomatique.

Source : AFP

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