La France et la Chine célèbrent 50 ans de relations bilatérales

  • Le président chinois Xi Jinping (d) et François Hollande, le 25 avril 2013 au Palais du Peuple à Pékin
    Le président chinois Xi Jinping (d) et François Hollande, le 25 avril 2013 au Palais du Peuple à Pékin AFP/Archives - Bertrand Langlois
  • André Malraux (2e d), ministre d'état chargé des affaires culturelles, est reçu à Pékin par le président chinois Liu Chao Chi (G) et le président du comité central du parti communiste chinois Mao Zedong (2e g), en présence de
    André Malraux (2e d), ministre d'état chargé des affaires culturelles, est reçu à Pékin par le président chinois Liu Chao Chi (G) et le président du comité central du parti communiste chinois Mao Zedong (2e g), en présence de AFP/Archives
  • L'ambassadeur de Chine en France, Huang Chen (g) présente ses lettres de créances au  président français Charles de Gaulle (c) et le ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville, le 6 juin 1964 à l'Elysée à Paris
    L'ambassadeur de Chine en France, Huang Chen (g) présente ses lettres de créances au président français Charles de Gaulle (c) et le ministre des Affaires étrangères Maurice Couve de Murville, le 6 juin 1964 à l'Elysée à Paris AFP/Archives
  • Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama, le 6 décembre 2008 à Gdansk, en Pologne
    Nicolas Sarkozy et le Dalaï Lama, le 6 décembre 2008 à Gdansk, en Pologne Pool/AFP/Archives - Eric Feferberg
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AFP

Le 27 janvier 1964, en pleine guerre froide, la France du général de Gaulle et la Chine communiste établissaient des relations diplomatiques. Cinquante ans après, Paris et Pékin commémorent un événement "visionnaire" mais beaucoup reste à faire en matière économique.

Crise des missiles nucléaires (1962), rupture sino-soviétique (1963), guerre des Etats-Unis au Nord-Vietnam (1964). "C'est dans ce contexte que De Gaulle prend des initiatives au-delà de la division entre les blocs. Ce rapprochement a redonné un rôle à la France en Asie, y compris par rapport aux Etats-Unis", analyse l'historien François Godement, du centre de réflexion Conseil européen pour les relations internationales (ECFR).

Marc Fosseux, de la Fondation Charles de Gaulle, relève que le Général "a été le premier chef d'Etat occidental à nouer des relations diplomatiques avec la Chine". Les Etats-Unis n'ont établi de relations avec la Chine qu'en 1978. La Grande-Bretagne avait reconnu la République populaire dès le 6 janvier 1950 mais les deux pays n'ont échangé des ambassadeurs qu'en 1972.

Le 27 janvier 1964, à midi heure française, un flash de l'AFP annonce: +Paris et Pékin ont décidé d'établir des relations diplomatiques (officiel)+. Peu après, le Général déroule devant la presse sa vision de la Chine: "Un grand peuple, un très vaste pays, (...) un Etat plus ancien que l'Histoire, toujours résolu à l'indépendance".

Après la rupture sino-soviétique, la Chine cherchait de son côté des ouvertures à l'Ouest.

"Cela a non seulement bousculé l'ordre bipolaire sur fond de Guerre froide mais cela a également représenté une grande percée lointaine sur l'évolution vers un monde multipolaire", commente l'actuel ministre chinois des Affaires étrangères, Wang Yi.

"C'était une décision visionnaire à l'égard d'une grande puissance en devenir dont l'importance dans les affaires du monde s'impose aujourd'hui comme une évidence", souligne son homologue français Laurent Fabius, défenseur d'une diplomatie économique tournée vers l'Asie.

Tout au long de 2014, de multiples évènements - Paris-Pékin en vélo, expositions, échanges culturels... - sont prévus pour commémorer ce 50e anniversaire.

Des hauts et des bas

Mais entre les deux pays beaucoup reste à faire en matière économique.

Aujourd'hui, en plus des secteurs "historiques" (nucléaire, aéronautique), l'accent est mis sur de "nouveaux partenariats" (agro-alimentaire, développement urbain durable, santé, échange d'étudiants et surtout tourisme). Paris table sur une augmentation "massive" de touristes chinois en France, avec l'objectif de réduire le déficit commercial bilatéral (26 milliards d'euros en 2012), note un diplomate.

Les relations économiques et commerciales n'ont pas toujours donné les résultats escomptés par Paris, confirme M. Godement. "Les successeurs de De Gaulle ont appuyé énormément sur la diplomatie économique d'Etat, tous sans exception. Or la mobilisation a plus d'écho en France qu’en Chine, même si pour les Chinois, c'est un outil pour cadrer la relation avec la France et la ramener dans le chemin d'une amitié sans critique", poursuit l'historien, allusion implicite à la question toujours pendante des droits de l'homme.

Les relations franco-chinoises ont été ponctuées de hauts et de bas. Un an après la visite en Chine du ministre d'Etat français André Malraux, reçu en 1965 par Mao Zedong, le président chinois lance la Révolution culturelle. "On assiste alors à une fermeture de la Chine et à une mise en parenthèse des relations avec la France", décrit M. Fosseux.

En juin 1989, l'écrasement de la révolte des étudiants pour la démocratie Place Tiananmen à Pékin, qui se traduit par des centaines voire des milliers de morts, provoque aussi un désamour sérieux. La vente de frégates françaises à Taïwan au début des années 90 crée un nouveau refroidissement jusqu'en 1994.

Sous la présidence de Nicolas Sarkozy, à partir de 2008, les critiques françaises à l'égard de la politique répressive de la Chine au Tibet suscitent l'ire des Chinois, qui culmine lorsque le chef de l'Etat français rencontre le dalaï lama en Pologne.

"Pour Pékin, la France compte encore mais la relation essentielle est désormais passée avec l'Allemagne", observe M. Godement. Et "de la part de la France, l'effort de normalisation est toujours très appuyé. Cela se traduit par un silence croissant sur les questions gênantes".

"Apparaître en donneurs de leçons crée un ressenti contre-productif", se défend une source diplomatique française.

Source : AFP

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