Les deux adolescents candidats au jihad ont beaucoup d'explications à donner

  • Des gendarmes à Pinsaguel, près de Toulouse, devant la maison de l'un des adolescents candidats au Jihad, le 28 janvier 2014
    Des gendarmes à Pinsaguel, près de Toulouse, devant la maison de l'un des adolescents candidats au Jihad, le 28 janvier 2014 AFP - Eric Cabanis
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Le deuxième adolescent candidat au jihad en Syrie a pris mardi le chemin du retour à Toulouse avec la perspective d'affronter, comme son compagnon de voyage, les questions des policiers sur son embrigadement à l'âge de 15 ans.

Le retour en France de l'adolescent, et de son père qui était allé le chercher à Istanbul, a été retardé lundi soir parce que le jeune homme aurait réussi au cours de son séjour à passer en Syrie comme lui et son copain le projetaient, sans toutefois participer aux combats, indique une source proche du dossier.

L'autre adolescent, 16 ans, élève de seconde générale au lycée des Arènes à Toulouse comme lui, était pour sa part rentré dimanche.

Le passage du plus jeune en Syrie aurait causé des complications douanières de dernière minute lundi soir. Mais ce dernier et son père, jouant à cache-cache avec les médias, ont fini par s'envoler sur Turkish Airlines à destination de Roissy tard dans la soirée, puis tôt mardi pour Toulouse-Blagnac, où les attendait une voiture de police, selon des passagers sur le vol.

Peu après 9H00, deux ou trois voitures de police arrivaient au domicile familial de Pinsaguel, une maison encore en travaux dans une cité pavillonnaire sans âme de l'agglomération toulousaine.

Le père se trouvait à l'évidence à bord. Mais son fils était-il avec lui, comme l'assurait son père plus tard, ou était-il discrètement entendu ailleurs par l’antenne toulousaine de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI)?

"Des moments difficiles"

Le père conjurait la meute de journalistes de laisser les siens tranquilles. "La famille a besoin de se reposer, ce sont des moments difficiles", disait-il dans l'entrebâillement de sa porte.

Les policiers ont beaucoup de questions à poser aux deux jeunes. Ils voudront savoir comment des lycéens en viennent à laisser tomber l'école pour un projet qui interpelle les autorités par l'âge de ses auteurs et qui a conduit le président François Hollande à affimer la nécessité de "protéger nos jeunes de France" pour qu'aucun d'entre eux "ne se laisse entraîner" dans un tel combat.

Au cours des toutes dernières années, 600 ou 700 Français ou étrangers vivant en France seraient allés se battre en Syrie, en seraient revenus ou auraient été plus ou moins engagés dans un tel projet. Un phénomène sans précédent qui va s'accélérant et qui constitue "le plus grand danger auquel nous devons faire face dans les prochaines années" selon le ministre de l'Intérieur Manuel Valls.

Parmi eux, une douzaine de mineurs ont mené à bien le voyage syrien, dont au moins un des deux jeunes Toulousains.

Un lycéen sans histoire

En ce qui le plus jeune, ni sa famille ni son école n'ont rien vu venir. Elevé au sein d'une famille musulmane dans le respect des autres selon son père, il est décrit comme un lycéen sans histoire. Sa famille n'aurait jamais eu maille à partir avec la police.

L'adolescent de 16 ans au contraire ne serait pas un inconnu. Des membres de sa famille aurait des convictions religieuses assez dures et le plus jeune lui-même aurait fréquenté occasionnellement la mosquée d'un quartier sensible de Toulouse. C'était un élève au parcours tortueux, qui ne s'était pourtant pas signalé défavorablement depuis la rentrée.

Les deux jeunes de retour en France pourraient bien s'être autoradicalisés seuls et ne seraient pas tombés dans les mains d'une filière à proprement parler, dit une source proche du dossier. C'est à ce processus d'autoradicalisation que devraient s'intéresser les enquêteurs, aux sites qu'ils ont consultés, sans négliger la piste d'individus qui les auraient renforcés dans leur détermination.

Les magistrats en charge des investigations menées pour participation à une association de malfaiteurs en vue de la préparation d'actes de terrorisme devront, eux, décider des suites qu'ils donnent à l'affaire à l'encontre des deux jeunes Toulousains et de leur éventuelle mise en examen.

Le proviseur de leur établissement, Denis Demersseman, s'est, quant à lui, dit prêt à les accueillir à nouveau et à préparé les autres élèves à cette perspective car "ce sont des victimes plus que des coupables".

Source : AFP

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