Pacte de responsabilité: première rencontre patronat/syndicats

  • Thierry Lepaon face à Marisol Touraine et Jean-Marc Ayrault le 27 janvier 2014 à Matignon à Paris
    Thierry Lepaon face à Marisol Touraine et Jean-Marc Ayrault le 27 janvier 2014 à Matignon à Paris Pool/AFP/Archives - Bertrand Guay
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AFP

Deux mois après son lancement par François Hollande, le pacte de responsabilité, bouée de sauvetage du gouvernement face à la déferlante du chômage, prend corps vendredi avec la première rencontre entre le patronat et les syndicats.

Après l'échec de l'inversion de la courbe du chômage fin 2013 et la déception de voir en janvier près de 9.000 nouveaux demandeurs d'emploi grossir les rangs des chômeurs, le gouvernement considère le pacte comme une "clé" pour relancer l'emploi, selon les termes du Premier ministre Jean-Marc Ayrault.

La discussion de vendredi est axée sur les "contreparties" en terme d'emploi que pourraient concéder les entreprises en échange des 30 milliards d'euros de baisse de charges promis par le gouvernement.

La rencontre s'annonce tendue : le numéro un de la CGT Thierry Lepaon a taclé le président François Hollande qu'il accuse d'avoir passé un "deal" avec le patron du Medef. "On se moque du monde (...) Il nous siffle, et il faudrait qu'on arrive! On a l'impression d'être utilisés, c'est assez désagréable", a-t-il lancé.

Le ministre du Travail Michel Sapin a lui estimé "erronée" l'opinion de M. Lepaon et défendu le pacte comme l'outil qui permettra "de faire en sorte que 2014 soit l'année de la bascule" vers "plus d'emploi"

Cette première rencontre réunit au siège du Medef les représentants de trois organisations patronales (Medef, CGPME, UPA) et de cinq syndicats (CGT, CFDT, FO, CFTC, CFE-CGC), devrait bâtir un "cadre et un calendrier", selon des participants.

Son issue reste incertaine: "il pourra sortir au mieux, une déclaration commune, ou ... rien du tout!", résume un syndicaliste.

Tout en refusant de prendre des engagements chiffrés en terme d'embauche, le Medef met sur la table des propositions qui ouvrent notamment la voie à une "mobilisation des branches" professionnelles, chacune définissant "son implication" en faveur de l'emploi. Cette ouverture pourrait constituer un point d'accord avec les syndicats réformistes -CFDT, CFTC- favorables au pacte.

Toutefois, la CFDT pose ses "conditions" et réclame des contreparties "concrètes et mesurables" notamment sur l'emploi et l’apprentissage et un mécanisme permettant la "suspension" des aides en cas de non respect des engagements par les entreprises .

De son côté, le président de la CGPME Jean-François Roubaud a jeté un froid jeudi en déniant tout "lien direct" et immédiat entre le pacte et les embauches. Selon lui, seule une branche, la métallurgie, "a pris quelques engagements" sur l'emploi, les autres souffrant de "carnets de commandes insuffisants".

"Pour savoir ce qu'on sera en mesure de faire, encore faut-il savoir très précisément les mesures concrètes" que le gouvernement va prendre pour réduire le coût du travail, estime Pierre Burban, secrétaire général de l'UPA.

Au coeur des controverses: le crédit d’impôt (CICE) et les allégements des cotisations familiales, des mesures que doit annoncer le gouvernement d'ici à fin mars.

- "La contrepartie, c'est du pipeau" -

Deux syndicats, la CGT et FO, sont eux opposés au pacte, et ont déjà prévu de descendre dans la rue le 18 mars.

"Personne ne peut obliger une entreprise à embaucher. La contrepartie c'est du pipeau", lançait jeudi sur France 5 le numéro un de FO Jean-Claude Mailly.

"La CGT n'est pas favorable au pacte. C'est avant tout un nouveau cadeau sans contrepartie", affirme à l'AFP Eric Aubin, qui conduit la délégation de la CGT vendredi. La centrale qui pose comme "préalable" une évaluation de toutes les aides publiques déjà données aux entreprises, entend participer pleinement aux débats et met sur la table ses propres propositions.

Le syndicat des cadres, la CGE-CGC, lui, s'interroge, sur la "crédibilité" du pacte si le patronat ne s'engage sur rien.

Le Premier ministre a fixé à fin mars -dans la foulée des municipales- le délai accordé aux partenaires sociaux pour rendre leur copie. Le gouvernement entend engager au printemps sa responsabilité devant le Parlement sur le pacte. Le PS - malgré l'opposition de son aile gauche- a donné cette semaine son quitus en insistant sur la nécessité de "contreparties".

Source : AFP

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