Les cliniques ferment leurs portes aux étudiants infirmiers

  • Une élève infirmière à l'hôpital d'Angers le 25 octobre 2013
    Une élève infirmière à l'hôpital d'Angers le 25 octobre 2013 AFP/Archives - Jean-Sebastien Evrard
  • Une infirmière avec un jeune malade dans le couloir d'un établissement hospitalier
    Une infirmière avec un jeune malade dans le couloir d'un établissement hospitalier AFP/Archives - Philippe Huguen
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AFP

Victimes d'un bras de fer entre les cliniques et le gouvernement, des étudiants infirmiers vont se retrouver à partir de ce lundi en sureffectif dans les hôpitaux publics ou tout simplement sans stages, pourtant obligatoires pour valider leurs diplômes.

Dénonçant la situation, les futurs infirmiers ont décidé de manifester "leur indignation" d'être traités comme une "monnaie d'échange" mardi dans plusieurs villes.

Principale pomme de discorde entre le gouvernement et les cliniques: une baisse des tarifs 2014 pour les cliniques privées, publiée vendredi dans un arrêté par le ministère de la Santé. La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP), se considérant lésée par rapport au public, a appelé à ne plus accueillir d'étudiants après le 1er mars. De fait, une partie de ces étudiants doivent commencer leurs stages lundi.

"Nous sommes en position de blocage" face à "un gouvernement qui refuse le dialogue et a la volonté manifeste de nous nuire", a déclaré dimanche à l'AFP Lamine Gharbi, responsable de la FHP-MCO, branche de la Fédération de l'hospitalisation privée. La FHP regroupe 1.100 établissements, dont 820 suivraient le mouvement selon elle.

Les établissements privés accueillent chaque année 35.000 étudiants infirmiers de première, deuxième ou troisième année, sur un total de 90.000. Les stages, qui représentent la moitié du temps de formation, sont obligatoires pour valider le diplôme.

Évaluant à 7.000 le nombre d'étudiants touchés par ce boycott et déplorant "une prise en otage", le ministère de la Santé a indiqué jeudi que près de 90% d'entre eux avaient trouvé une solution au sein d'autres structures (hôpitaux publics, établissements privés à but non lucratif, centres de lutte contre le cancer).

Cette situation est jugée "insupportable" par les futurs infirmières et infirmiers, qui manifesteront mardi, avant une mobilisation nationale le 13 mars à Paris.

"Effectivement, beaucoup d'étudiants ont retrouvé un terrain de stage mais les services où ils ont été recasés risquent d'être surchargés en étudiants, avec les problèmes pédagogiques que cela implique", dénonce Karina Durand, présidente de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi).

- 'Très stressant' -

La mobilisation vise à ce que "l'ultimatum (des cliniques) soit levé et que chaque étudiant ait un stage qui corresponde à son parcours pédagogique, dans des conditions d'encadrement optimales", explique-t-elle.

"Ces derniers jours ont été très stressants", a raconté à l'AFP Mélodie Delamotte, 21 ans, étudiante en 2e année à l'Institut de formation en soins infirmiers de la Croix-Rouge de Limoges. "Nos formateurs ont fait le forcing auprès du CHU et des Ehpad (établissements pour personnes âgées) pour trouver une solution. Puis, ils nous ont encouragés à trouver nous-mêmes des stages, en faisant appel à nos contacts, aux infirmières libérales", témoigne-t-elle.

"Nous avons de l'empathie pour les étudiants mais, si demain il n'y a plus de cliniques privées, la question de leur accueil ne se posera plus", a réagi Lamine Gharbi. "En 20 ans, 600 cliniques ont fermé ou se sont regroupées", insiste-t-il.

Ce refus d'accueillir les stagiaires "est pour nous un moyen important et fort de montrer que nous assumons une mission de service public pour laquelle nous ne sommes pas rémunérés", ajoute-t-il.

Malgré la fronde des cliniques qui menaçaient depuis début février, le ministère de la Santé n'a pas accédé à leurs revendications.

Il a décidé vendredi de baisser leurs tarifs, tandis que ceux des hôpitaux vont rester stables, entendant ainsi compenser le crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi (CICE) dont elles bénéficient, contrairement aux hôpitaux. Ces tarifs déterminent les sommes versées par l'Assurance maladie à chaque établissement de santé, en fonction des actes qu'il réalise.

La FHP-MCO assure qu'elle poursuivra ce boycott tant que le gouvernement n'aura pas accédé à ses revendications. Les cliniques réclament notamment de bénéficier de "la totalité du CICE" et d'"être associées aux missions de service public", comme la formation des internes.

Source : AFP

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