Assurance chômage: le bras de fer dure entre patronat et syndicats

  • Un manifestant pour la défence de l'assurance chômage devant l'Opéra Garnier, à Parisle 21 mars 2014
    Un manifestant pour la défence de l'assurance chômage devant l'Opéra Garnier, à Parisle 21 mars 2014 AFP - Miguel Medina
  • Des manifestants pour l'assurance chômage à Paris devant l'Opéra Garnier le 21 mars 2014
    Des manifestants pour l'assurance chômage à Paris devant l'Opéra Garnier le 21 mars 2014 AFP - Miguel Medina
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Les syndicats cherchaient toujours vendredi après-midi la voie d'un accord avec le patronat sur l'assurance-chômage, les changements laborieusement concédés par le Medef n'ayant pas suffi à les convaincre de signer un texte jugé encore trop défavorable aux 2,2 millions de chômeurs indemnisés.

La séance plénière a été levée dans la matinée et les discussions se poursuivaient depuis en petits comités.

"Je suis très pessimiste. On est très loin d'un accord et le Medef nous dit qu''il n'a pas de mandat" de sa direction pour aller plus loin dans les concessions, a souligné Eric Aubin, le négociateur de la CGT. A moins que la situation ne se débloque dans les dernières heures, comme c'est souvent le cas dans ce type de négociations.

"On n'en est nulle part", a également déploré son confrère de la CFTC, Yves Razzoli. "On aurait pourtant pu imaginer que le patronat fasse un effort de pragmatisme ou de sagesse".

Les syndicats reprochent au patronat (Medef, CGPME, UPA) de s’arc-bouter sur la réduction des déficits de l'Unédic (4 milliards d'euros fin 2013), au détriment des demandeurs d'emplois et sans demander d'efforts aux entreprises. D'après eux, il réclamerait "jusqu'à un milliard" d'économies sur les droits des chômeurs, alors que le chômage bat des records (3,31 millions de demandeurs d'emploi sans activité fin janvier).

La majorité des syndicats voudraient obtenir une nouvelle taxation des contrats courts, qu'ils considèrent comme les principaux responsables du trou de l'Unedic. Il y a "22 millions de contrats courts sur l'année", a argumenté le représentant de la CFTC, dénonçant "un abus manifeste organisé".

Le gouvernement, qui n'est pas censé en principe participer aux débats, est sorti du bois, appelant les partenaires sociaux à "prendre leurs responsabilités" pour "arriver à un accord" dans la journée. "Je l'espère et je leur demande de le faire", a lancé le ministre du Travail Michel Sapin.

- Les intermittents au Carreau du Temple -

Le patronat avait pourtant lâché un peu de lest vendredi matin pour tenter de rallier des syndicats.

Le Medef a notamment consenti à faire une exception pour les seniors, qui ne seraient concernés qu'au bout de 19 mois par une mesure très polémique: la division par deux du plafond d'indemnisation (7.184 euros brut) des demandeurs d'emploi au bout d'un an de chômage.

Pour faire des économies, le patronat préconise aussi l'allongement du délai de carence (aujourd'hui plafonné à 75 jours) pendant lequel les salariés qui touchent un gros chèque d'indemnité de départ ne peuvent percevoir d'allocation chômage. Sous la pression des syndicats, il a toutefois accepté de mettre une limite supérieure à ce délai, fixant la barre à 200 jours.

Il a fait également un geste sur les "droits rechargeables", en proposant une formule de calcul plus favorable aux demandeurs d'emplois. Ce nouveau système doit permettre aux chômeurs de conserver l'ensemble de leurs droits à indemnisation, en cas de reprise d'emploi.

En revanche, il entend repousser de 50 à 52 ans l'âge à partir duquel les demandeurs d'emploi peuvent bénéficier de conditions d'indemnisation plus favorables. Les plus de 65 ans, jusqu'ici exonérés de cotisations, sont aussi appelés à mettre au pot.

La simplification du système d'"activité réduite", qui permet à plus d'un million de chômeurs de cumuler petits boulots et allocations, reste également à l'ordre du jour. Jugé trop complexe, ce système génère aujourd'hui beaucoup de "trop perçus" que les chômeurs doivent ensuite rembourser.

Sur le dossier des intermittents (112.000 indemnisés par l'assurance chômage), les employeurs avaient fait une concession dès jeudi, en abandonnant l'idée de supprimer leur régime spécifique. Mais ils réclament en échange un plafonnement immédiat de l'allocation à 3.129 euros brut mensuels maximum, une hausse des cotisations des intermittents et de leurs employeurs et l'ouverture de discussions avec l'Etat en vue d'une réforme de plus grande ampleur.

Les intermittents sont d'ailleurs restés mobilisés vendredi, occupant le Carreau du Temple, nouveau lieu "pluridisciplinaire" à Paris, après l'Opéra Garnier.

Source : AFP

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