Alstom: Hollande reçoit le PDG de General Electric

  • Chiffres clés (effectifs, chiffre d'affaires, activités) des trois groupes industriels, GE, Alstom, Siemens
    Chiffres clés (effectifs, chiffre d'affaires, activités) des trois groupes industriels, GE, Alstom, Siemens AFP - P.Pizarro/A.Bommenel, abm/cam
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AFP

François Hollande reçoit ce lundi matin le PDG du groupe américain General Electric, candidat au rachat de la branche énergie d'Alstom, également convoitée par l'Allemand Siemens, alors que le groupe s'est donné deux jours de réflexion supplémentaires.

Le président Hollande recevra lundi à 09h30 Jeffrey Immelt, a annoncé l'Elysée à l'AFP dimanche.

Au terme d'un conseil d'administration dimanche soir, le groupe industriel français a décidé de poursuivre pendant deux jours sa "réflexion stratégique" sur l'avenir de sa branche énergie.

Dans un bref communiqué, Alstom précise qu'il "informera le marché d'ici mercredi 30 avril matin" du fruit de sa réflexion et que, "dans cette attente", la cotation du titre à la Bourse de Paris "reste suspendue".

Un peu plus tôt dans la soirée, François Hollande avait convié à une réunion sur l'avenir d'Alstom le Premier ministre, Manuel Valls, ainsi que les ministres de l'Economie Arnaud Montebourg et de l'Energie Ségolène Royal.

L'exécutif entend défendre les intérêts stratégiques français et "les objectifs d'emplois, de localisation des activités et d'indépendance énergétique" dans le cadre d'un éventuel rachat de quelque 70% des activités d'Alstom.

Bien que l'Etat ne soit plus actionnaire de l'entreprise depuis 2006, le président et le gouvernement qui ont mis la lutte contre le chômage et la désindustrialisation de la France au coeur de leur projet politique, se sont invités avec force dans le dossier Alstom.

"Compte tenu des enjeux stratégiques pour l'industrie et l'économie française, le gouvernement n'acceptera pas qu'une décision soit prise, quelle qu'elle soit, dans la précipitation et sans l'instruction conjointe avec les intérêts de la nation des choix alternatifs", a ainsi prévenu le ministère de l'Economie.

Le gouvernement est "prêt à examiner" les projets concurrents de GE et Siemens "avec le souci de préserver les intérêts de la base industrielle de la France et à y participer financièrement", et sera "extrêmement vigilant", quant au "maintien de l'excellence et de l'indépendance de la filière nucléaire française", a précisé Bercy.

M. Montebourg a également reçu Martin Bouygues, PDG du groupe homonyme qui est l'actionnaire principal d'Alstom, avec environ 29%.

Dans un courrier adressé à M. Immelt et mis en ligne par BFMTV dimanche, M. Montebourg a affirmé qu'une acquisition d'actifs dans l'énergie, et en particulier le nucléaire, par un investisseur étranger, requérait une autorisation préalable des autorités françaises, similaire à celles délivrée par le Comité des investissements étrangers aux Etats-Unis (CFIUS).

Dans ce contexte, "créer un fait accompli en annonçant publiquement une transaction sans avoir mené des discussions préalables avec les autorités compétentes ne serait pas une sage manière de procéder", a-t-il dit.

Le mastodonte américain GE, qui compte 305.000 salariés dans le monde et affiche 146 milliards de dollars de chiffre d'affaires, souhaite racheter les actifs d'Alstom dans l'énergie (équipements pour centrales thermiques, énergies renouvelables...). Ceux-ci représentent plus de 70% de l'activité d'Alstom et un chiffre d'affaires de 14 milliards d'euros.

- Siemens en trouble-fête -

Les négociations étaient déjà bien avancées avec le groupe français dirigé par Patrick Kron, pour une transaction estimée par la presse à quelque 10 milliards d'euros, qui ne concernerait pas la branche transport, fabriquant les trains à grande vitesse (TGV), source de fierté française. Le groupe diversifié Bouygues, premier actionnaire d'Alstom avec 29,4%, serait favorable à l'opération.

Mais Siemens est venu jouer les trouble-fête: dimanche matin, il a annoncé avoir fait part à Alstom "de sa disposition à échanger sur les questions stratégiques soulevées par une coopération future". Il a proposé par écrit de reprendre l'activité énergie d'Alstom convoitée par GE contre une somme en cash, à laquelle s'ajoute "la moitié de sa branche transports", selon ce courrier.

Siemens évalue cette activité entre 10 et 11 milliards d'euros et assure vouloir "maintenir les emplois en France pendant au moins trois ans" et "continuer à développer l'activité".

Concernant l'activité nucléaire d'Alstom, Siemens se dit prêt à "discuter avec le groupe et ses actionnaires de solutions appropriées pour ses actifs nucléaires, qui pourraient passer par une cotation distincte (+carve-out+)". Cette proposition apparait surprenante, car lors du sauvetage d'Alstom en 2003-2004 alors au bord de la faillite, l'Etat français s'était opposé à un rachat par Siemens.

Le groupe allemand craint visiblement de se retrouver face à un très puissant concurrent, qui plus est sur ses terres européennes, en cas de rapprochement entre GE et Alstom dans le domaine de l'énergie, l'une de ses sources majeures de revenus et de bénéfices.

Mais le PDG d'Alstom est viscéralement opposé à tout rapprochement avec le groupe allemand.

Dimanche, Jean-Claude Mailly le dirigeant du syndicat Force Ouvrière, a estimé que l'Etat pourrait entrer provisoirement au capital de l'industriel, tandis que Jean-Luc Mélenchon, le coprésident du Parti de gauche (PG) prônait une "nationalisation temporaire".

Présent dans une vingtaine de villes de France, dont Belfort, qui abrite son siège européen, General Electric France emploie 11.000 salariés en France, contre 18.000 pour Alstom.

Face à des salariés inquiets d'éventuelles réductions d'effectifs, la CGT a appelé à un rassemblement mardi à 08H30 devant le siège d'Alstom Transport à Saint-Ouen près de Paris en marge d'un comité central d'entreprise extraordinaire consacré à un projet de restructuration.

Source : AFP

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