Le festival folklorique, au-delà des conflits géopolitiques

  • Ici, les danseurs russes lors du final de Pont-de-Salars, dimanche.
    Ici, les danseurs russes lors du final de Pont-de-Salars, dimanche. Lola Cros / Centre Presse Aveyron
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Philippe Routhe

Gros plan. Le festival s'est achevé dimanche, en grande pompe, à Pont-de-Salars. En 59 ans, des groupes issus d’un peu tous les pays ont participé au Festival folklorique international, défiant parfois les tensions géopolitiques sur l’autel de la musique et la danse.

Un peu comme ces robes multicolores quand les danseuses majorquaines tournoient, le Festival folklorique international du Rouergue plane au-dessus d’une géopolitique sous tensions. Cette année, par exemple, Russes et Ukrainiens se côtoient pendant quelques jours.

"Des danseurs magnifiques", confie Alain Pichon. "Tout comme les Russes d’ailleurs, originaires de Saint-Petersbourg. Il reviendra à ces deux pays d’assurer chacun la clôture d’une des deux parties du festival à Pont-de-Salars." En aucun cas, son propos ne laisse transparaître une inquiétude au regard des tensions régnant entre ces deux pays. "Depuis tout le temps que je suis au festival, je n’ai jamais connu d’incidents diplomatiques" fait-il remarquer.

Ex-Yougoslavie, Israël

Ce n’est pas faute de s’être parfois retrouvé dans des situations de prime abord périlleuses. Ainsi avec des groupes issus de différents peuples d’une Yougoslavie qui venait d’exploser. "Ce fut un peu chaud au tout début. On a proposé de les déménager, mais ils n’ont pas voulu. Ils nous ont dit que c’était terminé. Que le problème était réglé. On n’en a plus entendu parler", confie Nadine, une cheville ouvrière de ce festival.

La présence d’Israéliens, toujours sur le qui-vive, n’est pas non plus sans laisser de drôles de souvenirs au président Pichon. "Au pire, s’ils ne sont pas d’accord entre eux, ils ne se parlent pas. Mais la musique et la danse subliment tout" sourit-il. Il en veut pour preuve l’ambiance qui règne sur le site d’hébergement des groupes, installé cette année au lycée Foch de Rodez. "Après leur représentation, ils ne vont pas se coucher", glisse un bénévole. Musique et danse rythment des nuits sans frontières.

"On connaît la situation difficile de leur pays"

"C’est quand même extraordinaire de les voir danser et jouer. Parce que c’est beau. Et quand, en plus, dans certains cas, on connaît la situation difficile de leur pays..."  lance Alain Pichon, un brin perplexe devant la morosité ambiante qui gagne la France. Mais sans doute faut-il aussi y voir l’une des clés du succès de cette manifestation qui rayonne sur tout le département, voire au-delà. "On a eu un coup de mou dans les années 2000. On s’est beaucoup interrogé sur l’avenir du festival. L’an passé encore, on s’est demandé si on allait le faire. Mais les villes nous poussent pas mal", sourit le président.

Elles veulent vivre ces soirées folkloriques. Car c’est aussi une rencontre. Le succès rencontré, cette année encore, témoigne de cet attrait pour, au fond, ce qui ressemble à un grand vent de liberté. "Pécuniairement parlant, nous ne sommes pas un festival très riche. En 59 ans, on n’a pas amassé de trésorerie. Tout au plus, avons-nous acquis une bonne sono pour les prestations des groupes", explique Alain Pichon, dans son costume de président du festival.

Objectif : "bien" fêter les 60 ans du festival

Les organisateurs ne cachent pas, pour ce festival dont le budget s’élève à 95 000 €, avoir tenté de mettre un peu d’argent de côté pour "bien" fêter les 60 ans. "C’est notamment une des raisons pour lesquelles les groupes sont essentiellement européens cette année. Pour les 60 ans, nous voulons en faire venir quelques-uns avec lesquels nous avons lié de forts liens", glisse-t-il.

L’équipe est guidée par la seule volonté de voir de "beaux" groupes folkloriques enflammer les scènes aveyronnaises, faire voler leurs costumes, enchanter les publics. En faisant simplement confiance à cette musique et cette danse qui sublime tout.

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