Yonne: des parents devant la justice faute d'avoir fait vacciner leur fille

  • Le palais de justice d'Auxerre, photographié le 3 novembre 2004
    Le palais de justice d'Auxerre, photographié le 3 novembre 2004 AFP/Archives - Jean-Philippe Ksiazek
  • Me Emmanuel Ludot, avocat de la famille Larère, dans son cabinet à Reims le 24 février 2014 Me Emmanuel Ludot, avocat de la famille Larère, dans son cabinet à Reims le 24 février 2014
    Me Emmanuel Ludot, avocat de la famille Larère, dans son cabinet à Reims le 24 février 2014 AFP/Archives - Francois Nascimbeni
  • La ministre française de la Santé Marisol Touraine le 29 septembre 2014 à Paris
    La ministre française de la Santé Marisol Touraine le 29 septembre 2014 à Paris AFP/Archives - Dominique Faget
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Centre Presse Aveyron

Ils refusent de faire vacciner leur fille de trois ans: des parents comparaissent jeudi pour maltraitance à Auxerre, tandis que la ministre de la Santé Marisol Touraine s'inquiète d'un mouvement de défiance envers la vaccination.

Marc et Samia Larère sont convoqués au tribunal correctionnel, faute d'avoir fait vacciner leur fille aînée contre la diphtérie, le tétanos et la poliomyélite (DTP), à l'encontre du Code de la santé publique qui prévoit six mois de prison et 3.750 euros d'amende en cas de refus ou d'entrave à cette obligation.

Les parents ont été signalés à la Protection maternelle et infantile par un pédiatre du centre hospitalier où ils avaient fait la visite des neuf mois de l'enfant. Le service du conseil général les a d'abord convoqués avant de faire à son tour un signalement au parquet.

"Si l'on va devant les tribunaux, ce n'est pas que pour nous, c'est évidemment pour faire évoluer cette loi (...) Il n'y a pas d'obligation thérapeutique en France, on est couvert par la loi Kouchner de 2002", fait valoir le père.

Cette famille "parfaitement insérée, aux valeurs tout à fait traditionnelles", a un "sens très développé de la sécurité sanitaire et des doutes depuis des années sur les effets secondaires des vaccins et le caractère néfaste des adjuvants", explique son avocat. "Ils ne font pas dans l'anti-vaccin primaire, ils n'appartiennent à aucune structure, aucune secte", souligne Me Emmanuel Ludot, qui compte obtenir à l'audience "la saisine du Conseil constitutionnel pour savoir si l'on peut imposer un vaccin".

"Les vaccins, c'est absolument fondamental pour éviter les maladies", a rétorqué la ministre de la Santé sur iTélé. "Il y a un mouvement qui me préoccupe en France de méfiance, de défiance même vis-à-vis des vaccins (...) La liberté s'arrête là où commence la santé publique et la sécurité de l'ensemble de la population", a ajouté Marisol Touraine.

- Un choix sociétal -

Début septembre, le Haut conseil de la Santé publique, qui conseille le ministère, a estimé que le maintien ou non de "l'obligation vaccinale en population générale" relevait "d'un choix sociétal méritant un débat que les autorités de santé se doivent d'organiser", soulignant que parmi les pays industrialisés, seules la France et l'Italie imposent encore des vaccins.

Contrairement à celui contre la tuberculose (BCG), qui ne l'est plus depuis juillet 2007, le DTPolio reste obligatoire pour un enfant, en particulier en milieu collectif. En 2013 en Loire-Atlantique, une fillette de quatre ans avait été exclue d'une école, faute de vaccination.

Depuis juin 2008 cependant, le vaccin trivalent n'est plus commercialisé et il est combiné à d'autres: contre la coqueluche, l'hépatite B, la méningite, etc. Vaccinations qui, elles, ne sont pas obligatoires: des parents s'engouffrent dans la brèche.

"Ce n'est pas possible de ne faire que les obligatoires. Et les gens ne sont pas au courant. Les médecins semblent avoir plus peur des lobbies que de la justice", argumente Marc Larère en évoquant des reportages télévisés "éloquents" sur le sujet, dont "Silence, on vaccine".

"Quand on fouille, quand on pose des questions aux médecins sur la dangerosité, pourquoi c'est obligatoire, pourquoi il apparaît des adjuvants interdits, on se rend compte que tout est ubuesque", ajoute-t-il. Le deuxième enfant du couple, un nourrisson de 15 mois, n'est pas vacciné non plus.

Selon Mme Touraine, "il n'y a pas de raison particulière d'avoir des inquiétudes sur ce que l'on appelle les adjuvants, un produit que l'on ajoute dans le vaccin pour permettre son efficacité maximale".

En mai, deux débats avaient été organisés à l'Assemblée nationale sur la "controverse" des vaccins à l'aluminium, l'un des adjuvants mis en cause. En janvier, une plainte a été déposée à Paris contre un vaccin DTPolio de Sanofi Pasteur qui contient de l'aluminium.

Source : AFP

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