La région Aquitaine a récemment signé avec le ministère de la Culture un contrat d’un type nouveau prévoyant des aides ciblées pour les librairies indépendantes. Un contrat vu d'un très bon oeil par les libraires aveyronnais.
La région Aquitaine a récemment signé avec le ministère de la Culture et le Centre national du livre (CNL) un contrat d’un type nouveau prévoyant des aides ciblées (à hauteur d’un euro de subvention pour un euro investi en faveur du livre) pour les éditeurs et les libraires, qui a vocation à être décliné en France. Si l’Aquitaine est la première à bénéficier de ce contrat, la Bretagne sera la prochaine signataire, puis ce sera la région Centre, fin décembre. D’autres suivront en 2015, dont peut-être Midi-Pyrénées.
La signature de cette convention, qui porte sur la période 2015-2017, ouvre «une page nouvelle en matière de politique de soutien au secteur du livre», a relevé la ministre de la Culture, Fleur Pellerin. «À l’heure des contraintes budgétaires (...), il est nécessaire d’aligner nos objectifs et de construire ensemble une politique culturelle territoriale», a-t-elle souligné.
Une trentaine de librairies en Aveyron
Fragilisées dans toute la France par la crise économique et la concurrence d’internet, les librairies indépendantes bénéficient déjà, depuis 2012, d’un plan de soutien national de 18 M€, destiné à «améliorer la trésorerie de ces commerces, à favoriser leur reprise et accompagner leur mutation vers le numérique». Si la filière livre représente en Aquitaine plus de 450 emplois directs et près de 140 M€ de chiffre d’affaires. Elle compte 550 auteurs, 120 éditeurs et 79 librairies, elle est bien moindre en Aveyron. A peine une petite trentaine d'enseignes, de tailles très variées, fortement représentées à Rodez ou à Villefranche-de-Rouergue et qui représentent une cinquantaine d’emplois dont près de la moitié pour la seule Maison du Livre à Rodez.
«Une profession fragile»
À la tête de Mot à Mot dans le chef-lieu, au bas de la rue Saint-Cyrice, Frédérique Azémar affirme: «Bien sûr que ce contrat est une bonne chose mais, à l’instar des agriculteurs, j’ai envie de vivre de mon travail et non pas d’aides ou de subventions !». Et l’intéressée de poursuivre: «Comme je jongle entre la vente, la comptabilité, les commandes, je n’ai pas eu le temps de me plonger dans cette initiative mais je me pose une question: le Centre national du livre abonde au pot, la Région aussi, mais quelle part reste-t-il pour le libraire ?».
Martelant à dessein que «la profession est fragile», Frédérique Azémar assure aussi que «nous vivons dans un monde qui avance. Il n’est vraiment pas question de tirer à boulets rouges sur internet. Je comprends les nouvelles habitudes de consommation mais j’aimerais aussi que la Fnac, Amazon et d’autres respectent les lois ou ne les contournent pas systématiquement.»
«Commerce de proximité»
Ayant succédé à son père Joël Causse à La Folle Avoine à Villefranche-de-Rouergue, membre de l’Association des libraires indépendants en Midi-Pyrénées, Muriel Couderc est catégorique sur le sujet: «Ce genre de contrat est indispensable car nous avons besoin de soutien, financier notamment. Ouvrir une librairie indépendante est aujourd’hui une démarche militante car nous essayons de sauver le commerce de proximité. Nous sommes un acteur sur le territoire, de la vie culturelle, un lieu d’échanges aussi. Le livre n’est pas un produit comme les autres.» Si elle parle de «la fragilité des centres-villes», elle pointe également du doigt internet et surtout Amazon: «Les conditions de travail y sont épouvantables, il n’y a pas la dimension humaine. Heureusement pour nous, ce site ne pourra désormais plus cumuler la réduction de 5% accordée et le port gratuit.»
J'ai déjà un compte
Je me connecteSouhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?