Trois attaques en 3 jours: les éditorialistes appellent à ne pas "jeter de l'huile sur le feu"

  • Des policiers à l'endroit où un homme a foncé sur de passants le 21 décembre 2014 à Dijon
    Des policiers à l'endroit où un homme a foncé sur de passants le 21 décembre 2014 à Dijon AFP - Arnaud Finistre
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Centre Presse Aveyron

Après les attaques de Joué-lès-Tours, Dijon et Nantes, les éditorialistes appellent à "ne pas jeter de l'huile sur le feu" à l'exception notable du Figaro fustigeant "une gauche droit-de-l'hommiste" impuissante face aux "+fous d'Allah+".

Alors que les enquêteurs relèvent le lourd passé psychiatrique des deux forcénés de Dijon et Nantes, dans Le Figaro, Paul-Henri du Limbert fait cavalier seul, n'hésitant pas à écrire: "Oui, des +fous d’Allah+, hélas de nationalité française, peuvent frapper à tout moment sur le sol national, animés par un fanatisme mortifère et la détestation de ce que nous sommes...Pour dissuader l’exécutif d’agir comme il le faudrait, (la) gauche droit-de-l’hommiste prétendra qu’il faut éviter l’amalgame, elle refusera le procès du communautarisme, elle pratiquera le culte de l’excuse permanente à l’endroit des populations concernées", poursuit-il.

Ces trois agressions "ont mis en appétit ceux qui aiment voir grandir les psychoses et savent la peur mauvaise conseillère", rétorque Patrick Apel-Muller dans l'Humanité. "Tremblez, braves gens, Daesh est à votre porte et se dissimule sous les traits de votre aimable voisin", ironise-t-il, en dénonçant "le petit poison" que ce type de discours distille ."La France, si elle n'est pas à l'abri d'un attentat, n'est pas le théâtre d'une guerre, encore moins d'une croisade qui jetterait les musulmans contre les autres", conclut-il.

"Dans l’attente du résultat des enquêtes, la première urgence est de ne pas céder à la peur ou à une forme de psychose collective qui conduiraient à une mobilisation des esprits contre telle ou telle portion de la population", renchérit Guillaume Goubert dans La Croix. Et de rappeler au passage que "la lutte contre les dérives violentes ne relève pas que des forces de sécurité. Elle passe aussi par le renforcement des liens sociaux."

La réaction à de telles attaques doit être faite "de maîtrise, de solidarité", estime Eric Dussart (La Voix du Nord). "Une société équilibrée ne joue pas avec ses peurs. Elle ne les agite pas en hurlant ; elle les contrôle et s’en prémunit." Le forcené de Dijon "est fou mais pas d'Allah", ajoute-t-il. "C’est un jeu dangereux de vouloir opposer des gens quand ils doutent. C’est jeter de l’huile sur le feu", accuse-t-il.

Pour Philippe Waucampt (Le Républicain lorrain) et Patrice Chabanet (Le Journal de la Haute-Marne), c'est de "mimétisme" et non d'actions coordonnées qu'il s'agit. "Les trois cas qui se sont succédé depuis samedi...signalent bien un échauffement de quelques esprits fragiles", écrit le premier. On peut craindre, analyse le second "l'apparition d'un phénomène de violence aveugle qui s'auto-entretient. Les actions aux motivations idéologico-religieuses donnent des idées aux individus dérangés ou en mal de notoriété."

Pour Chabanet, on se trouve devant une alliance "des fous de Dieu et des fous tout court". Or, relève-t-il, "à l'heure de l'information en continu, les uns et les autres bénéficient d'une caisse de résonance inespérée, et pas seulement dans l'Hexagone."

Source : AFP

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