Nigeria: quatre morts dans un double attentat-suicide sur un marché du nord-est

  • Des habitants viennent voir le lieu où est survenu un attentat suicide meurtrier à Potiskum, dans le nord-est du Nigeria, le 23 novembre 2014
    Des habitants viennent voir le lieu où est survenu un attentat suicide meurtrier à Potiskum, dans le nord-est du Nigeria, le 23 novembre 2014 AFP/Archives - Aminu Abubakar
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Centre Presse Aveyron

Deux femmes kamikazes se sont fait exploser dimanche, tuant quatre personnes, sur un marché bondé de Potiskum, dans le nord-est du Nigeria, une ville déjà touchée samedi par un attentat à la voiture piégée.

Les explosions ont eu lieu sur le marché Kasuwar Jagwal, spécialisé dans la téléphonie mobile, à 15H10 locales (14H10 GMT), un moment de la journée où le marché est très fréquenté dans la capitale économique de l'Etat de Yobe.

"Nous avons évacué à l'hôpital six corps, dont ceux des deux femmes kamikazes. Vingt-et-une personnes ont été blessées", a indiqué à l'AFP une source sécuritaire, un bilan confirmé par une source hospitalière. L'une des kamikazes semblait être âgé d'une quinzaine d'années, l'autre d'une vingtaine, selon ces sources.

"La première kamikaze (la plus âgée) a déclenché sa bombe à l'entrée du marché, où des volontaires contrôlaient les personnes entrant dans le marché à l'aide de détecteurs de métaux", a expliqué à l'AFP la source sécuritaire.

"La seconde femme a été terrorisée par l'explosion et elle a essayé de traverser la rue mais elle a explosé elle aussi", a ajouté cette source.

Selon un témoin, Ibrahim Dambam, la seconde explosion est survenue alors que la foule se précipitait à l'extérieur du marché.

Des téléphones neufs et d'occasion sont vendus et réparés sur ce marché qui, le dimanche, attire de nombreux clients et vendeurs venant de l'Etat de Yobe, et même au-delà.

Des clients paniqués ont pris la fuite tandis que les vendeurs ont abandonné leurs étals, tant sur le marché de téléphonie mobile que sur le marché principal situé juste à côté.

Les forces de sécurité ont bouclé le site, qui a été complètement déserté par la population, a précisé un autre témoin, Badaru Isa.

Samedi, dans la même localité, un policier a été tué par l'explosion d'une voiture piégée à l'entrée d'un poste de police.

A une centaine de kilomètres à l'est, dans la ville de Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, une autre attaque, plus meurtrière, a également eu lieu samedi. Au moins 19 personnes y ont péri, et 18 blessées, lorsqu'une bombe fixée sur une fillette d'une dizaine d'années a explosé dans un marché bondé.

L'explosion n'a pas été revendiquée mais Boko Haram qui ravage la région depuis 2009 est fortement suspecté. En effet depuis le début de son combat pour imposer un Etat islamique rigoriste au Nigeria, le groupe rebelle a multiplié le recours à des femmes et des fillettes pour mener des attentats.

Des experts en sécurité considèrent que les femmes plus âgées peuvent souhaiter se faire exploser dans la mesure où elles partagent l'idéologie radicale des islamistes ou qu'elles désirent venger la mort de proches aux mains de l'armée nigériane.

- Coercition contre les jeunes -

En revanche, il est fort probable que la coercition soit utilisée pour fléchir les plus jeunes - comme la fillette du marché de Maiduguri.

Ashiru Mustapha, membre d'un groupe local d'auto-défense qui a assisté à la scène doutait samedi qu'il s'agisse d'un acte délibéré de la fillette. Elle "avait une dizaine d'années et je doute fort qu'elle savait véritablement ce qui était fixé à son corps," avait-il dit à l'AFP.

Selon un autre témoin, la bombe aurait été déclenchée à distance, ce qui serait cohérent avec le mode opératoire de Boko Haram dans d'autres attaques.

L'utilisation de voitures piégées et les explosions provoquées par des charges déposées au coeur de lieux bondés portent aussi la marque de Boko Haram depuis six ans.

Le 3 janvier, Boko Haram a lancé une vaste et sanglante offensive contre Baga et plusieurs autres localités de l'extrême nord-est du Nigeria. Cette attaque pourrait être la plus meurtrière commise par le groupe rebelle qui aurait tué en six ans plus de 13.000 personnes.

La ville de Potiskum a également été le théâtre de nombreuses attaques perpétrées par Boko Haram, avec notamment 15 morts en novembre 2014 lors d'une grande procession chiite. Une semaine plus tard, un kamikaze s'était fait sauter dans un lycée, tuant 58 personnes et en blessant plus d'une centaine.

Source : AFP

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