Sylvain Macchi, l’homme qui vit avec les loups
Nature. Au cœur d’une Lozère encore sauvage, les loups du Gévaudan évoluent paisiblement dans un site d’une vingtaine d’hectares. Depuis des années, le responsable zootechnique du parc consacre sa vie à ce super prédateur fascinant.
Animal fascinant pour les uns. Nuisible et dangereux pour les autres. Depuis la nuit des temps, le loup hante nos esprits. Nourrit nos peurs, nos fantasmes. Et il est facile de l’accuser de tous les maux. Surtout quand il peut rapporter quelques primes... Difficile cohabitation entre l’homme et l’animal sauvage. L’homme est un loup pour l’homme, écrivait déjà le dramaturge romain Plaute, deux siècles avant Jésus-Christ.
La formule, aujourd’hui largement répandue et qui en dit suffisamment long, fut reprise et rendue célèbre au début du XVII
12 kg à 15 kg de viande par semaine
«Certains loups peuvent vous tester»
Sylvain Macchi a rencontré Gérard Ménatory en 1990 et travaille dans le parc depuis 1995. Responsable zootechnique, considéré comme l’un des spécialistes actuels des loups, il vit au quotidien sa passion pour ce grand carnivore, super prédateur, qui ne craint personne, mais reste un animal très méfiant. «Pour moi c’est comme un aboutissement. Jeune, j’étais fasciné par les loups, les chats sauvages et les tigres, raconte-t-il. J’ai eu comme un déclic après avoir lu un article sur l’Américain Jack Lynch, “Les loups l’on adopté”.»
Comment définir son rapport à l’animal ?
«Tout dépend des groupes. Il faut composer avec le comportement de l’espèce et le caractère de chaque individu. C’est un peu comme avec les humains. Certains loups peuvent vous tester, vous provoquer. C’est souvent le cas pour les plus jeunes.» Car si les loups du Gévaudan vivent en captivité, avec une espérance de vie de l’ordre de 10 à 12 ans, contre 6 à 8 ans en milieu naturel, aucun d’entre eux n’a été imprégnié par l’homme. Les loups du Canada sont les plus familiers du parc. Mais il convient de toujours rester sur ses gardes. «Il m’a fallu cinqans pour passer du statut d’étranger au statut d’invité», témoigne Sylvain, qui a appris (et continue à apprendre tous les jours) à vivre avec les loups et à se faire accepter.
Environ 300 loups à l’état sauvage
En France, où l’animal fut éradiqué durant l’Entre-deux-guerres, l’Office national de la chasse et de la faune sauvage a recensé environ 300 loups à l’état sauvage, sur une population mondiale estimée à 300 000 individus. Protégés depuis les années 70, les loups italiens ont progressé vers la France. Dès 1995, une colonisation de l’arc alpin fut constatée dans 7 départements. Les présences de quelques individus ont également été relevées en Lozère, en Aveyron, dans le Cantal. La protection des troupeaux constitue le problème majeur. Et provoque bien des tensions.
«En Italie ou en Espagne, où les populations lupines sont plus importantes, il y a moins d’attaques de troupeaux parce qu’ils sont mieux protégés, explique Sylvain Macchi. Il faut à la fois une présence humaine, une présence canine et un regroupement nocturne. Si ces trois conditions ne sont pas réunies, il peut y avoir des problèmes.» Avant de nous quitter, Sylvain Macchi nous invite à pénétrer avec lui dans l’enclos des loups du Canada. Autant dire que nous n’en menons pas vraiment large. Surtout lorsque le chef de la meute vient poser son regard sur ses progénitures et ces deux étrangers. Ce regard terriblement pénétrant. À nul autre pareil.
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