Thaïlande: 26 corps exhumés d'une fosse commune de clandestins

  • Des corps exhumés d'une fosse commune, alignés le 2 mai 2015près de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande
    Des corps exhumés d'une fosse commune, alignés le 2 mai 2015près de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande AFP - MADAREE TOHLALA
  • Un corps extrait d'une fosse commune le 1er mai 2015 près de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande
    Un corps extrait d'une fosse commune le 1er mai 2015 près de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande AFP - MADAREE TOHLALA
  • Découverte d'une fosse commune dans un camp de fortune le 1er mai 2015 à à quelques centaines de mètres de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande
    Découverte d'une fosse commune dans un camp de fortune le 1er mai 2015 à à quelques centaines de mètres de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande AFP - -
  • Des soldats le 2 mai 2015 devant une fosse commune découverte près de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande
    Des soldats le 2 mai 2015 devant une fosse commune découverte près de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande AFP - MADAREE TOHLALA
  • Découverte d'une fosse commune dans un camp de fortune le 1er mai 2015 à à quelques centaines de mètres de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande
    Découverte d'une fosse commune dans un camp de fortune le 1er mai 2015 à à quelques centaines de mètres de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla en Thaïlande AFP
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Centre Presse Aveyron

Vingt-six corps ont été exhumés d'une fosse commune découverte en pleine jungle, dans le sud de la Thaïlande, vraisemblablement des clandestins de Birmanie ou du Bangladesh victimes de trafiquants. Seuls deux survivants, émaciés, ont pu être sauvés.

"Nous avons un total de 26 corps", a annoncé à l'AFP sur place Jarumporn Suramanee, responsable de la police scientifique, précisant que la cause des décès et la possible trace de tortures devaient être établies par des médecins légistes.

Les forces de l'ordre ont fini de sonder samedi soir les abords de ce camp de fortune établi à quelques centaines de mètres de la frontière malaisienne, dans la province de Songkhla, zone de transit empruntée chaque année par des milliers de réfugiés.

De fortes pluies dans la nuit de vendredi à samedi avaient retardé l'extraction des corps, certains déjà réduits à l'état de squelettes, d'autres datant de quelques jours.

Le chef de la police thaïlandaise, Somyot Poompanmoung, a décrit ce camp de transit comme une "prison", où les réfugiés étaient détenus dans des cages de bambou.

Il dit privilégier la piste de réfugiés rohingyas, une des minorités les plus persécutées au monde selon l'ONU, en Birmanie voisine, qui fuyent par milliers vers la Malaisie.

La police thaïlandaise pense que les autres clandestins du groupe ont été transférés en territoire malaisien, les trafiquants abandonnant les morts et les deux malades.

Agés de 25 et 35 ans, ces deux survivants étaient traités samedi dans un hôpital à Padang Besar, ont confirmé à l'AFP les médecins, refusant cependant que les deux hommes donnent des interviews.

"Le plus âgé ne pouvait pas marcher, il a dû être porté" pour descendre de la zone escarpée où avait été construit le camp, a précisé le Dr Kwanwilai Chotpitchayanku à un journaliste de l'AFP, qui a pu apercevoir les deux hommes, émaciés, placés sous perfusion.

Cet homme de 35 ans, originaire de Birmanie ou du Bangladesh, "a expliqué qu'il avait souffert de fièvre depuis deux mois dans la jungle", a ajouté le médecin, confirmant l'hypothèse d'une longue détention dans la jungle de ces candidats à l'exil.

L'existence de ces camps de transit dans la jungle du sud de la Thaïlande n'est "pas une surprise", comme le déplore l'ONG Human Rights Watch samedi.

Mais il est rare que les autorités révèlent leur découverte, alors que des fonctionnaires, policiers et officiers de l'armée, sont accusés d'être partie prenante de ce trafic lucratif.

En janvier, la junte avait annoncé des poursuites contre une dizaine de fonctionnaires, dont des officiers de police et un de la marine, pour trafic d'êtres humains.

- Un trafic 'hors de contrôle' -

Malgré la bonne volonté affichée de la junte militaire au pouvoir en Thaïlande, le problème du trafic d'êtres humains en Thaïlande est "hors de contrôle", accuse Human Rights Watch, appelant à une enquête internationale sur cette macabre découverte.

Selon les organisations de défense des droits de l'Homme, les réfugiés doivent habituellement payer les trafiquants afin de pouvoir sortir des camps établis dans la jungle et franchir la frontière malaisienne.

L'annonce de la découverte de ce camp coïncide avec la volonté affichée de la junte thaïlandaise de montrer à la communauté internationale, notamment à Washington, qu'elle prend en main ce problème.

Nombre de ces clandestins choisissent la voie de l'exode par la mer. Cette migration est particulièrement importante en cette saison sèche, quand les eaux de la mer d'Andaman sont plus calmes.

Des dizaines de milliers de Rohingyas ont fui la Birmanie depuis les violences interethniques meurtrières de 2012.

Ces violences entre bouddhistes de la minorité rakhine et Rohingyas musulmans ont fait plus de 200 morts et 140.000 déplacés en Etat Rakhine, en majorité des musulmans qui vivent toujours dans des camps, sans accès aux soins, à l'éducation ou au marché du travail.

Cet exode passe la plupart du temps inaperçu, sauf drame, comme en janvier, quand une Rohingya avait été retrouvée morte étouffée à bord d'une camionnette bondée de réfugiés venant de Birmanie.

Source : AFP

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