La BCE appelée à trancher sur la Grèce qui pour certains a déjà un pied hors de l'euro

  • Une personne passe devant un graffiti dans les rues d'Athènes,le 27 juin 2015
    Une personne passe devant un graffiti dans les rues d'Athènes,le 27 juin 2015 AFP - Aris Messinis
  • Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem à Bruxelles le 27 juin 2015
    Le président de l'Eurogroupe Jeroen Dijsselbloem à Bruxelles le 27 juin 2015 AFP - JOHN THYS
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Centre Presse Aveyron

Les gouverneurs de la BCE devaient décider dimanche s’ils maintiennent les banques grecques sous perfusion malgré l’échec des négociations samedi à Bruxelles, mais l'espoir de les voir intervenir pour éviter l'effondrement du système bancaire et de l'économie grecque était minime.

Derrière la panique bancaire qui guette se profile le risque du défaut de paiement de la Grèce, d'une catastrophe humanitaire et sociale dans le pays et de sa sortie de l'euro, "presque inévitable" à ce stade selon le ministre autrichien des Finances Hans-Jörg Schelling dans la presse dimanche.

La veille, ses homologues allemand Wolfgang Schäuble et français Michel Sapin s'étaient voulus plus rassurants sur ce point, assurant pour le premier qu'Athènes restait membre du bloc monétaire car, selon le deuxième, c'est son "destin". Et M. Schäuble a promis que la zone euro allait "toute faire pour éviter le risque de contagion".

Les 25 membres du conseil des gouverneurs de la BCE, qui tiennent leur conférence sans doute par téléphone, vont vraisemblablement couper le robinet du financement des banques hellènes, pour lequel les conditions ne sont plus réunies depuis que les Européens ont décidé samedi, après cinq mois de négociations infructueuses, de laisser expirer mardi 30 juin le programme d'aide dont bénéficiait la Grèce.

- Suspendre ELA -

Du coup "il n'y a aucune raison de remettre de l'argent", a commenté samedi soir une source proche des négociations, "la BCE va suspendre ELA demain, c'est clair".

Les prêts d'urgence ELA sont la bouée de sauvetage des banques grecques, coupés des financements normaux de la BCE depuis février. Les conditions de leur attribution, un programme d'aide et la solvabilité des banques, ne sont plus remplies. Depuis samedi, des files se sont formées devant les distributeurs en Grèce, et le rythme des retraits, déjà soutenu ces dernières semaines, s'est accéléré, alors que les Grecs anticipent le pire.

Les coffres des banques vont à ce rythme se retrouver très vite vides, le financement de toute l'économie coupé, et celui de l'Etat aussi puisque les banques grecques étaient les seules à le refinancer, en achetant ses obligations à court terme dont personne d'autre ne veut. Caisses de l'Etat à sec signifie que salaires des fonctionnaires et pensions de retraite ne seront plus payés, avec des conséquences immédiates potentiellement dramatiques dans un pays où la pauvreté fait déjà des ravages.

L'annonce vendredi soir par le Premier ministre Alexis Tsipras qu'il allait soumettre à ses compatriotes par référendum la proposition d'accord mise sur la table par les créanciers la veille - qui prévoyait un enflouement contre des réformes qu'il juge inacceptables - a entraîné la cascade d'événements du weekend.

Le Parlement grec s'est prononcé samedi soir en faveur de la tenue du référendum le 5 juillet. M. Tsipras a prédit que le peuple grec dirait alors "un grand non à l'ultimatum mais en même temps un grand oui à l'Europe".

- Référendum sans objet -

Mais d'ici là son objet risque d'être caduque. "D'un point de vue juridique, le référendum portera sur des propositions et des arrangements qui ne sont plus valides", a souligné dans une interview télévisée dans la nuit la directrice générale du Fonds monétaires international (FMI) Christine Lagarde.

Certains entretenaient un espoir ténu de trouver un dénouement d'ici mardi, date d'expiration du programme actuel et d'une échéance de remboursement de 1,5 milliard d'euros de la Grèce au FMI. Le quotidien allemand Bild évoquait dans son édition de dimanche des efforts pour convoquer au pied levé un sommet extraordinaire des chefs d'Etat et de gouvernement de la zone euro, voire de l'Union européenne. Mais l'information n'était confirmée dans aucune capitale européenne dimanche matin.

A Berlin, l'opposition parlementaire en appelait à Angela Merkel. "La chancelière doit intervenir, le sort de l'Europe est entre ses mains", a plaidé le parti d'extrême gauche Die Linke.

La chancelière avait mis elle-même la main à la pâte ces dernières semaines pour trouver une issue à la crise.

L'attention commençait à se tourner dimanche vers l'ouverture des marchés financiers, où les événements du weekend pourraient déclencher à tout le moins une forte volatilité. Contenir la contagion, c'est-à-dire notamment l'envolée des taux d'emprunt des pays européens, devrait à ce titre aussi être au menu des discussions des banquiers centraux dimanche.

Source : AFP

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