Nucléaire iranien: les négociations, d'une lenteur "pénible", étendues de trois jours

  • Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif tente de communiquer avec des médias depuis un balcon d'hôtel, le 10 juillet 2015 à Vienne
    Le ministre iranien des Affaires étrangères, Javad Zarif tente de communiquer avec des médias depuis un balcon d'hôtel, le 10 juillet 2015 à Vienne POOL/AFP - CARLOS BARRIA
  • Le sécrétaire d'Etat américain John Kerry, le 10 juillet 2015 à Vienne
    Le sécrétaire d'Etat américain John Kerry, le 10 juillet 2015 à Vienne POOL/AFP - CARLOS BARRIA
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Centre Presse Aveyron

Après deux semaines de discussions acharnées, les négociateurs du dossier nucléaire iranien ont gagné vendredi trois jours supplémentaires pour tenter de surmonter les "obstacles" qui compromettent la conclusion d'un accord historique.

"C'est péniblement lent", a déclaré le chef de la diplomatie britannique Philip Hammond, en s'échappant du Palais Coburg, à Vienne, où se déroule le dernier round de négociations ouvertes en septembre 2013.

Théoriquement, le dialogue entre les grandes puissances du groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Royaume-Uni, Russie et Allemagne) et l'Iran devait trouver sa conclusion le 30 juin. En raison de désaccords persistants, il avait été prolongé à deux reprises.

Vendredi, l'Union européenne et les Etats-Unis ont pris acte de l'absence de consensus et entériné la poursuite de discussions jusqu'à lundi dans l'espoir que soit trouvée "une solution à long terme".

Celle-ci doit garantir le caractère pacifique du programme nucléaire iranien en échange d'une levée des sanctions internationales contre Téhéran, et mettre ainsi un terme à un dossier qui empoissonne les relations internationales depuis plus de douze ans.

Un "compromis" sera "bientôt trouvé", a prédit vendredi le président russe Vladimir Poutine à l'issue d'un sommet de l'Organisation de coopération de Shanghai (OCS). Selon lui, tous les interlocuteurs, mais aussi les pays de la région, y ont intérêt.

De même Philip Hammond a déclaré "faire confiance" aux négociateurs "pour éclaircir" le dossier d'ici la reprise des travaux au niveau ministériel samedi.

Pourtant, la veille, les principaux interlocuteurs, l'Américain John Kerry et l'Iranien Mohammad Javad Zarif avaient laissé entendre qu'un accord n'avait rien d'imminent, se renvoyant la balle sur les "décisions" à prendre.

"Si les décisions difficiles ne sont pas prises, nous sommes tout à fait préparés à mettre fin au processus", avait même menacé le secrétaire d'Etat américain.

M. Zarif avait également haussé le ton, déplorant des "demandes excessives" et même "des changements de positions" de l'autre camp.

"Si l'Occident renonce à ses demandes excessives, nous obtiendrons sans aucun doute un bon accord", a renchéri vendredi le Premier vice-président iranien Es-Hagh Jahanguiri.

Il s'exprimait depuis Téhéran où le slogan "Mort à l'Amérique" ou "Mort à Israël" a résonné à l'occasion de la journée annuelle "Qods" (Jérusalem) de soutien aux Palestiniens et contre Israël.

- 'Pause inévitable' -

La République islamique est soupçonné d'avoir cherché à se doter de l'arme atomique sous couvert d'un programme civils, ce qu'elle a toujours nié. Depuis 2006, la communauté internationale a pris plusieurs sanctions pour la forcer à la transparence.

En 2013, l'arrivée à la présidence de Hassan Rohani, sur la promesse de levée des sanctions, a permis d'entamer de réelles négociations.

En dépit de progrès accomplis, que toutes les délégations s'accordent à reconnaître, plusieurs points restent non résolus.

Téhéran réclame notamment un engagement immédiat pour la levée de toutes les sanctions qui pèse sur son économie, mais aussi sur le commerce des armes et son programme balistique.

Il s'agit d'une des mesures figurant parmi la série de sanctions adoptées depuis 2006 par le Conseil de sécurité de l'ONU, mais l'Iran argue que cet embargo n'a rien à voir avec le dossier nucléaire.

Moscou a encore apporté vendredi son soutien aux demandes iraniennes en souhaitant la levée "le plus vite possible" de "toutes les sanctions", notamment militaire. Un responsable iranien a affirmé que la Chine soutenait également cette position.

Les Occidentaux, tout en convenant que chaque pays a un programme militaire conventionnel, jugent qu'une levée de l'embargo sur les armes maintenant serait difficile à faire passer politiquement, en raison du contexte régional, et de l'implication iranienne dans plusieurs conflits, notamment en Syrie ou en Irak.

Autres principaux points de désaccord : le rythme de levée des sanctions, l'inspection des sites militaires iraniens et la durée de l'accord.

Si ces points de crispation "ne sont pas réglés d'ici à la fin du week-end, une pause semble inévitable", estime l'analyste Ali Vaez, de l’International Crisis Group. "Mais quitter Vienne les mains vides risquent d'endurcir encore les positions", craint-il.

Source : AFP

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