Attaque meurtrière dans le Tennessee: le spectre du loup solitaire

  • Des membres du FBI enquêtent près du centre de recrutement pour les marines à Chattanooga, au Tennessee le 17 juillet 2015
    Des membres du FBI enquêtent près du centre de recrutement pour les marines à Chattanooga, au Tennessee le 17 juillet 2015 GETTY IMAGES NORTH AMERICA/AFP - Jason Davis
  • Photo datée d'avril 2015 et publiée par les autorités du comté de Hamilton de Mohammad Youssuf Abdulazeez, auteur du meurtre de quatre militaires le 16 juillet 2015 à Chattanooga, dans le Tennessee Photo datée d'avril 2015 et publiée par les autorités du comté de Hamilton de Mohammad Youssuf Abdulazeez, auteur du meurtre de quatre militaires le 16 juillet 2015 à Chattanooga, dans le Tennessee
    Photo datée d'avril 2015 et publiée par les autorités du comté de Hamilton de Mohammad Youssuf Abdulazeez, auteur du meurtre de quatre militaires le 16 juillet 2015 à Chattanooga, dans le Tennessee Bureau du sheriff du comté de Hamilton/AFP
  • Fusillade sur deux bâtiments militaires
    Fusillade sur deux bâtiments militaires AFP - A.Leung, tsq/
  • Photo prise le 17 juillet 2015 d'un mémorial improvisé  devant le centre de recrutement de l'armée américaine victime d'une attaque, la veille à Chattanooga, dans le Tennessee
    Photo prise le 17 juillet 2015 d'un mémorial improvisé devant le centre de recrutement de l'armée américaine victime d'une attaque, la veille à Chattanooga, dans le Tennessee AFP - EDEN WOLDEAREGAY
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Centre Presse Aveyron

Mohammad Youssuf Abdulazeez, le jeune homme de 24 ans qui tué quatre Marines jeudi dans le Tennessee pourrait être un nouvel exemple de "loup solitaire", l'individu isolé répondant aux sirènes du jihadisme qui est le cauchemar des autorités occidentales.

En France, les autorités viennent d'annoncer avoir déjoué un projet d'inspiration jihadiste d'attaque contre un site militaire, par trois jeunes hommes "fortement radicalisés, en particulier par le visionnage de vidéo de l'EI", selon le procureur de Paris.

Pour ce qui concerne l'attaque du Tennessee, le représentant du FBI, Ed Reinhold, a affirmé qu'à "l'heure qu'il est nous n'avons pas d'indication selon laquelle il (Mohammad Youssuf Abdulazeez) était dirigé ou inspiré par quelqu'un d'autre que lui-même".

Mais "cette attaque présente les caractéristiques trop familières des récentes attaques terroristes", ont souligné vendredi les experts américains du Soufan Group, spécialisé dans l'analyse du terrorisme.

Michael McCaul, qui préside la commission de la Sécurité intérieure à la Chambre des représentants a lui avancé que le tireur avait été "inspiré par le groupe Etat islamique" (EI) notant que "les cibles sont identiques à celles que l'EI appelle à attaquer".

Les autorités s'intéressent pour l'heure à un séjour du jeune homme en Jordanie, selon un responsable américain, ayant confirmé à l'AFP des informations du New York Times et du Wall Street Journal.

Si les motivations du jeune homme restent à établir, "sa source d'inspiration sera sans doute moins difficile à déterminer, étant donné les incessants messages" de groupes jihadistes appelant à "attaquer partout où c'est possible", soulignent les experts du Soufan Group.

- L'EI, un "diable sur l'épaule" -

Le directeur du FBI James Comey a plusieurs fois décrit les messages de l'EI sur Twitter comme "un diable sur l'épaule" pour des Américains fragiles, répétant sans cesse "tue, tue, tue".

La tâche de surveillance de quelque "200.000 tweets quotidiens liés à l'EI" est immense, a pour sa part souligné Michael McCaul.

Les services de police sont démunis pour prévenir les attaques de personnes isolées, qui ne communiquent pas ou très peu avec d'autres, ou agissent sans recevoir d'instructions de quiconque.

La tuerie de Chattanooga "aurait pu se produire n'importe où", a ainsi estimé Michael McCaul. "C'est ce qui me tient éveillé la nuit, ce cas unique dont nous n'avons pas connaissance".

A Chattanooga, le tireur "n'était pas à notre connaissance" suivi par les autorités comme un danger potentiel pour la sécurité nationale, a concédé le maire Andy Berke sur CNN.

L'identification des individus susceptibles de passer à l'acte est l'une des priorités du FBI, qui utilise informateurs et agents infiltrés pour les repérer.

La police fédérale a ainsi mené plus d'une dizaine d'arrestations de personnes liées à l'EI sur les quatre ou six semaines qui ont précédé la fête nationale américaine, déjouant notamment des projets d'attaque visant les festivités elles-même, selon M. Comey.

Illustrant la difficulté de la tâche du FBI, M. Comey a laissé entendre que la justice n'avait pas forcément pu retenir d'incriminations de terrorisme contre les personnes arrêtées, les arrestations ayant eu lieu très en amont dans le projet d'attaque.

- Communications cryptées -

Le FBI est d'autant plus inquiet face à la menace extrémiste jihadiste qu'il voit se multiplier le développement d'applications cryptées sur Internet, qui permettent des communications inviolables entre aspirants terroristes aux Etats-Unis et responsables jihadistes au Moyen-Orient.

Beaucoup d'experts soulignent aussi que le défi n'est pas seulement policier mais est lié à une crise identitaire.

"Depuis le 11 septembre, les jeunes musulmans ont expérimenté une profonde crise d'identité, sans précédent dans l'histoire moderne", a déclaré mercredi devant une commission parlementaire américaine Farah Pandith, qui a travaillé avec les administrations Bush et Obama sur les programmes destinés à prévenir l'extrémisme.

"Ils sont affamés de réponses, ils se cherchent une raison de vivre et une appartenance", avait-elle poursuivi.

"Je ne pense pas à une guerre du message sur Twitter. Je pense à trouver des voix, crédibles" au sein des communautés locales musulmanes pour "vacciner" contre l'extrémisme, a-t-elle poursuivi.

"Je pense à aider les parents à comprendre les tactiques des groupes extrémistes pour qu'ils puissent éduquer les enfants", à "travailler étroitement avec les psychologues et psychiatres pour comprendre la mentalité adolescente".

La police américaine annonce régulièrement avoir déjoué des attaques de sympathisants de l'EI.

Un Américain de 21 ans, Fareed Mumuni, se réclamant de l'EI, et qui était sous surveillance du FBI pour des projets terroristes, a été arrêté le 17 juin à New York après avoir tenté de poignarder un agent fédéral.

Source : AFP

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