Athlétisme: l'agence mondiale antidopage "très inquiète" à 3 semaines des Mondiaux

  • Le président de l'AMA, Craig Reedie lors d'une conférence de presse, le 16 novembre 2014 à Paris
    Le président de l'AMA, Craig Reedie lors d'une conférence de presse, le 16 novembre 2014 à Paris AFP/Archives - Lionel Bonaventure
  • Photographie prise le 8 mai 2015 dans le Laboratoire de contrôle antidopage du Brésil (BDCL) à Rio de Janeiro, un organisme qui sera mis à contribution lors JO 2016 dans cette ville
    Photographie prise le 8 mai 2015 dans le Laboratoire de contrôle antidopage du Brésil (BDCL) à Rio de Janeiro, un organisme qui sera mis à contribution lors JO 2016 dans cette ville AFP/Archives - VANDERLEI ALMEIDA
  • L'Ethiopienne Genzebe Dibaba célèbre son record du monde à l'arrivée du 1500 m, le 17 juillet 2015 au Stade Louis II L'Ethiopienne Genzebe Dibaba célèbre son record du monde à l'arrivée du 1500 m, le 17 juillet 2015 au Stade Louis II
    L'Ethiopienne Genzebe Dibaba célèbre son record du monde à l'arrivée du 1500 m, le 17 juillet 2015 au Stade Louis II AFP/Archives - Valery Hache
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Centre Presse Aveyron

Les nouveaux éléments dévoilés par la chaîne de TV allemande ARD sur le dopage dans l'athlétisme, en Russie et au Kenya notamment, ont fait réagir l'Agence mondiale antidopage, qui a reconnu dimanche être "très inquiète", à trois semaines des Mondiaux de Pékin.

"Si tout cela est vrai, alors le problème est certainement plus important que ce que l'on avait jusqu'à présent pu admettre", avait déjà lâché Richard Pound, l'ex président-fondateur de l'AMA, dans le documentaire d'ARD samedi.

"L'AMA est très inquiète", a confirmé un communiqué de l'Agence dimanche. Et son président Craig Reedie d'annoncer aussitôt, depuis Kuala Lumpur, où est réuni le CIO, que l'enquête déjà lancée sur l'athlétisme russe après de précédentes accusations d'ARD en décembre allait être "élargie".

Il est vrai que les nouveaux éléments apportés par ARD, conjointement avec le Sunday Times de Londres, ont de quoi donner le tournis: suspicions de dopage aux hormones de croissance visant la championne olympique du 800 m, Mariya Savinova, anabolisants chez une autre spécialiste russe du 800 m, Anastasia Bazdireva, ou encore injection de produits dopants "dangereux" filmées en caméra cachée au Kenya, un pays où la "volonté de dissimuler le dopage" serait présente "jusqu'au sommet de la Fédération d'athlétisme".

"Il semblerait que quelqu'un cherche à ruiner l'athlétisme en diffusant de tels films, a réagi le ministre russe des Sports Vitaly Mutko. Dans tous les cas, c'est un non sens de baser des accusations à partir de ce documentaire."

La Fédération kényane a affirmé avoir "suivi le documentaire d'ARD avec de graves préoccupations" parce qu'il "fait de sérieuses allégations sur l'intégrité de nos leaders passés et présents (...) sans leur donner l'occasion d'apporter des réponses". "C'est extrêmement suspect et malintentionné", ajoute le communiqué.

- '15 ans derrière le cyclisme' -

C'est surtout l'analyse par ARD et le Sunday Times d'une base de données de 12.000 échantillons sanguins détenue par la Fédération internationale (IAAF) qui donne le frisson: sur ces 5000 athlètes testés entre 2001 et 2012, 800 présenteraient ainsi des valeurs sanguines "suspectes ou hautement suspectes" ; sur les 146 médaillés mondiaux ou olympiques de 2001 à 2012 du 800 m au marathon, un tiers présenterait des valeurs suspectes.

"Concernant un certain podium, les trois médaillés étaient à mon sens des athlètes qui se sont très certainement dopés à un moment de leurs carrières", a ajouté Michael Ashenden, co-inventeur avec Robin Parisotto de la méthode de détection de l'EPO. Les deux chercheurs australiens, spécialistes du dopage sanguin, ont validé les conclusions d'ARD et du Sunday Times.

Si l'AMA est "très inquiète" face à ces nouvelles accusations, l'IAAF, elle, a rejeté toute critique dans une réponse par communiqué à ARD, estimant que les seuls contrôles antidopage fiables sont ceux menés en accord avec le protocole très strict établi dans le cadre du passeport biologique: "Toute autre approche (...) n'est que de la spéculation".

Le président de la Fédération européenne Svein Arne Hansen lui a pourtant demandé des clarifications: "Nous faisons appel à l'IAAF de faire toute la lumière sur la situation et de renforcer les efforts déjà entrepris dans la lutte contre ce fléau qu'est le dopage".

La proportion d'athlètes présentant des valeurs sanguines étonnantes serait pourtant supérieure à celle constatée chez les cyclistes, selon les chercheurs australiens. Dans l'athlétisme, "ils sont probablement 10 ou 15 ans derrière le cyclisme", a ainsi assuré Robin Parisotto à ARD.

- Plus rapide propre que dopé -

Sur le tartan, les performances récentes ne peuvent en tout cas qu'interroger. Comme ce record du monde du 1500 m signé à Monaco par l’Éthiopienne Genzebe Dibaba, faisant tomber une performance établie il y a 22 ans par une des "soldates" de "l'armée de Ma" Junren, le sulfureux entraîneur chinois dont les disciples carburaient officiellement au sang de tortues...

Accusations de dopage visant Alberto Salazar, l'entraîneur de Mo Farah, le Britannique double champion olympique et du monde des 5000 et 10.000 m, performance magique d'un Bosnien inconnu, Amel Tuka, qui améliore subitement son record personnel de 3 sec 61/100e sur 800 m, suspension de deux ans pour dopage à l'EPO de la star kényane du marathon Rita Jeptoo: la suspicion règne.

Comme autour du 100 m, la distance reine, où Justin Gatlin, 33 ans, suspendu quatre ans pour prise de testostérone entre 2006 et 2010, n'a jamais couru aussi vite. Plus rapide (9.74) qu'à l'époque où il se dopait (9.77), l'Américain pourrait signer le doublé 100-200 dans le "nid d'oiseaux" de Pékin, fin août. Et faire tomber de son piédestal le roi Usain Bolt.

Le Jamaïcain, double champion olympique du 100 m et 200 m à Pékin (2008) et Londres (2012), ne figure pas parmi les 800 athlètes aux échantillons sanguins suspects, selon ARD et le Sunday Times, qui ne donnent l’identité d'aucun des coureurs douteux.

Source : AFP

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