Syrie: réunion militaire au plus vite entre Russie et Etats-Unis

  • Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry face à la presse le 30 septembre 2015 à l'Onu à New York
    Le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov et le secrétaire d'Etat américain John Kerry face à la presse le 30 septembre 2015 à l'Onu à New York AFP - DOMINICK REUTER
  • Frappes russes en Syrie et carte des territoires contrôlés par le groupe de l'EI et autres forces Frappes russes en Syrie et carte des territoires contrôlés par le groupe de l'EI et autres forces
    Frappes russes en Syrie et carte des territoires contrôlés par le groupe de l'EI et autres forces AFP - L. Saubadu/A. Bommenel, abm/fh/sim
  • Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius le 29 septembre 2015 à New York
    Le ministre français des Affaires étrangères Laurent Fabius le 29 septembre 2015 à New York AFP - KENA BETANCUR
  • Le chef de l'opposition syrienne en exil Khaled Khoja le 30 septembre 2015 à New York
    Le chef de l'opposition syrienne en exil Khaled Khoja le 30 septembre 2015 à New York AFP - KENA BETANCUR
  • Image tirée d'une vidéo diffusée par le ministère russe de al Défense et montrant une frappe de l'aviation russe en Syrie
    Image tirée d'une vidéo diffusée par le ministère russe de al Défense et montrant une frappe de l'aviation russe en Syrie Ministère russe de la Défense/AFP - -
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Centre Presse Aveyron

La Russie et les Etats-Unis sont tombés d'accord mercredi sur une réunion d'urgence pour éviter tout incident militaire entre leurs aviations en Syrie, après les premiers bombardements de Moscou qui ont pris de court Washington.

En pleine Assemblée générale de l'ONU monopolisée par le conflit syrien, deux jours après un sommet à New York entre Barack Obama et Vladimir Poutine, Moscou a frappé sur le territoire de son allié syrien, suscitant aussitôt les doutes des Occidentaux sur l'objectif des Russes: vaincre les jihadistes du groupe Etat islamique ou renforcer le régime du président syrien Bachar al-Assad?

A la surprise générale, l'aviation russe a mené mercredi ses premières frappes, à la demande du président syrien. Le Kremlin a affirmé qu'il fallait prendre les "terroristes" de vitesse et détruire leurs positions en Syrie, avant qu'ils ne viennent "chez nous".

Mis devant le fait accompli, le secrétaire d'Etat américain John Kerry a retrouvé son homologue russe Sergueï Lavrov au Conseil de sécurité de l'ONU: ils ont annoncé côte à côte devant la presse s'être mis d'accord sur la nécessité d'une rencontre "entre militaires, aussi vite que possible, peut-être même demain" afin d'"éviter tout incident" entre leurs aviations en Syrie.

Cette réunion entre les deux armées doit porter sur ce que M. Kerry a appelé en anglais la "deconfliction". Il s'agit d'éviter un incident militaire entre les avions russes et ceux de la coalition internationale pilotée par les Etats-Unis, qui depuis un an frappe les positions de l'EI.

- Doutes des Occidentaux -

Très vite, Américains et Européens ont émis des doutes sur les cibles choisies par l'armée de l'air russe.

A Washington, le secrétaire américain à la Défense Ashton Carter a jugé que les frappes ne visaient "probablement pas" les jihadistes ultra radicaux sunnites de l'EI, qui contrôlent une partie de la Syrie. L'approche russe "tournera mal" si elle se fixe pour unique objectif de défendre le régime de Bachar al-Assad, a averti le patron du Pentagone.

Il y a "des indications selon lesquelles les frappes russes n'ont pas visé Daech", acronyme arabe de l'EI, a renchéri le chef de la diplomatie française Laurent Fabius, ajoutant qu'il "faudrait vérifier quels étaient les objectifs" des avions russes.

Plus conciliant, John Kerry a déclaré devant le Conseil de sécurité que Washington était disposé à "bien accueillir" le recours à la force aérienne russe, à condition de viser "réellement" l'EI et Al-Qaïda. Sinon, "nous aurions de sérieuses inquiétudes", a dit le secrétaire d'Etat.

Moscou a répondu que son aviation avait effectué 20 sorties et touché "huit cibles du groupe Etat islamique".

La télévision officielle syrienne a confirmé des bombardements dans les provinces de Hama (nord-ouest) et Homs (centre). L'armée syrienne a aussi mené un raid dans la région de Lattaquié (nord-ouest).

Selon le chef de l'opposition syrienne en exil Khaled Khoja, qui était à New York, les frappes de Homs ont tué 36 civils "innocents" dans "des zones qui ont combattu" l'EI.

"Les Russes ont choisi ces régions parce que ce sont des régions où le régime de Bachar a subi des défaites", a expliqué à l'AFP le politologue libanais Zyad Majed. "Daech n'a aucune présence à Lattaquié et Hama, et a une présence limitée à Homs", a-t-il ajouté.

- Moscou, au centre du jeu -

L'accélération de l'engagement de Moscou s'inscrit sur fond de bras de fer entre MM. Obama et Poutine sur le sort à réserver à M. Assad, "tyran" pour le premier et rempart contre l'EI pour le second.

La Russie intervient aussi loin de son territoire pour la première fois depuis 36 ans: en 1979, il s'agissait pour les troupes soviétiques d'envahir l'Afghanistan. Elle rappelle ainsi qu'elle est un soutien indéfectible au président syrien, toujours au pouvoir après plus de quatre ans d'une guerre qui a fait plus de 240.000 morts.

Le président russe a justifié ses opérations en Syrie, comme étant le "seul moyen de lutter efficacement contre le terrorisme international". Il a en outre affirmé que les bombardements étaient conformes au droit international. M. Poutine a aussi confirmé qu'il s'agissait uniquement d'opérations aériennes.

- Assad et l'opposition -

Il a aussi appelé son allié, le président syrien au "compromis" avec l'opposition tolérée par Damas.

La Russie est montée en puissance en Syrie durant l'été, et surtout en septembre, en déployant avions, hélicoptères, tanks et soldats dans le nord-ouest du pays et en construisant une base dans l'aéroport de Lattaquié. Elle a intensifié ses livraisons d'armes à Damas.

Parallèlement, Vladimir Poutine a cherché, y compris lundi à la tribune de l'ONU, à convaincre la communauté internationale de former une "large coalition antiterroriste" contre l'EI, incluant Damas et Téhéran.

Barack Obama et le président français François Hollande ont rejeté cette idée, insistant sur la nécessité d'un "nouveau dirigeant" à Damas.

Source : AFP

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