Air cocaïne: muets sur leur "évasion", les pilotes s'en remettent à la justice française

  • Le pilote français Nicolas Fauret, lors d'une conférence de presse, le 27 octobre 2015 à Paris
    Le pilote français Nicolas Fauret, lors d'une conférence de presse, le 27 octobre 2015 à Paris AFP - BERTRAND GUAY
  • Bruno Odos et Pascal Fauret face à la presse à l'issue de leur procès le 15 août 2015 à Saint-Domingue
    Bruno Odos et Pascal Fauret face à la presse à l'issue de leur procès le 15 août 2015 à Saint-Domingue AFP/Archives - Erika Santelices
  • Le Français Nicolas Pisapia, lors d'une interview chez lui à Punta Cana, le 27 octobre 2015 en République dominicaine
    Le Français Nicolas Pisapia, lors d'une interview chez lui à Punta Cana, le 27 octobre 2015 en République dominicaine AFP - DANNY ALVEAL
  • Chronologie de l'affaire et carte retraçant le retour en France des pilotes
    Chronologie de l'affaire et carte retraçant le retour en France des pilotes AFP - V. Beschi/P. Defosseux
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Centre Presse Aveyron

Une "évasion" mais pas une initiative "barbouzarde": les deux pilotes condamnés pour trafic de cocaïne en République dominicaine ont refusé de dévoiler les conditions de leur retour rocambolesque en France et s'en remettent désormais à la justice française.

S'exprimant pour la première fois en public depuis sa fuite, Pascal Fauret a expliqué avoir voulu "retourner dans (son) pays" pour s'"exprimer devant la justice", car il estime avoir été condamné à Saint-Domingue "pour la seule raison" qu'il est Français. "Il y a des épreuves à venir", "je sais que ça va être long", a-t-il reconnu lors d'une conférence de presse à Paris.

C'est par bateau puis par avion, via les îles de Saint-Martin et de la Martinique, que Pascal Fauret, 55 ans, et son copilote Bruno Odos, 56 ans, condamnés à 20 ans de prison mi-août 2015, ont fui pour regagner la France durant le week-end, selon une source proche du dossier.

La justice dominicaine a annoncé qu'elle allait lancer un mandat d'arrêt international contre les deux pilotes et dit être en contact avec Paris, notamment pour s'assurer que les pilotes "assument leur responsabilité (...), indépendamment des autres affaires en cours en France".

"Leur décision est un acte individuel dans lequel l'Etat n'est nullement impliqué", a assuré le Quai d'Orsay.

Cette "évasion" n'a "pas été faite seule", a admis un de leurs avocats, Eric Dupond-Moretti, mais ce n'est pas l'entreprise "d'une équipe barbouzarde qui aurait été payée par l'Etat français". Selon lui, leur fuite "ne constitue absolument pas une infraction" en France.

La fuite a été permise par des "amis", "des gens qui savent s'organiser", a expliqué Pascal Fauret, confirmant sur France 2 que l'eurodéputé frontiste Aymeric Chauprade était "là peu de temps avant notre départ".

Un autre de leurs avocats, Jean Reinhart, a demandé que ses clients, tous deux anciens de l'Aéronavale, "puissent être entendus rapidement" par la juge d'instruction chargée à Marseille de l'enquête française, ouverte après l'interception en 2013 d'un avion bourré de cocaïne en République dominicaine. Une dizaine de personnes sont mises en examen, notamment pour importation de stupéfiants en bande organisée, dont les deux pilotes.

"Leur avocat a pris contact avec la juge d'instruction", a confirmé le parquet de Marseille.

- Inquiétudes pour deux autres Français -

L'affaire remonte à la nuit du 19 au 20 mars 2013, quand la police dominicaine intercepte sur le tarmac de l'aéroport de Punta Cana un Falcon 50 avec 26 valises contenant 680 kilos de cocaïne à son bord.

Le 14 août 2015, les pilotes ont été condamnés, avec deux autres Français, le passager, Nicolas Pisapia, et l'apporteur d'affaires Alain Castany, restés en République dominicaine, à 20 ans de prison. Quatre Dominicains ont écopé de cinq à dix ans de prison.

Nicolas Pisapia a assuré mardi qu'il n'était pas au courant des projets des deux pilotes et qu'il n'avait pas l'intention de quitter le pays. "Je veux sortir propre de tout ceci, c'est pourquoi je vais lutter ici jusqu'à la fin. Je tiens à sortir d'ici légalement, en ayant prouvé mon innocence", a indiqué par téléphone à l'AFP M. Pisapia, depuis la région touristique de Bavaro à 205 km à l'est de Saint-Domingue.

Les quatre Français, qui ont effectué 15 mois de détention provisoire, n'ont cessé de clamer leur innocence, plaidant qu'ils ne savaient pas que de la drogue se trouvait à bord de l'avion. Les pilotes expliquent n'avoir "jamais été auditionnés par les Dominicains" et dénoncent une parodie de justice.

"On est resté pour obtenir une justice qu'on n'a pas eue, une reconnaissance par le tribunal de notre innocence qu'on n'a pas eue", a affirmé Bruno Odos sur France 2, justifiant sa fuite.

Après leur condamnation, ils sont restés libres dans l'attente de l'examen de leur appel, mais avaient interdiction de quitter la République dominicaine.

Le sort des deux Français restés sur place en liberté surveillée préoccupe, notamment celui d'Alain Castany qui risque une amputation après avoir été "fauché par une moto", selon son avocat qui a demandé son rapatriement. M. Castany, interrogé par le Parisien, considère la fuite des deux pilotes comme un acte "irresponsable et déloyal" qui le "met en péril".

"Le départ de Bruno Odos et Pascal Fauret ne peut que polluer toute démarche auprès des autorités dominicaines pour obtenir son rapatriement en France", a expliqué sur Europe 1 son avocat, Karim Beylouni. Un avis partagé par Nicolas Pisapia qui craint "que les autorités dominicaines décident de (l')incarcérer à nouveau".

Source : AFP

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