Michel Morio, le Monsieur volley de l'Aveyron !

  • Le président et fondateur emblématique du comité départemental, Michel Morio, espère que le récent exploit de l’équipe de France, sacrée championne d’Europe dimanche dernier, offrira un nouvel élan au volley aveyronnais.
    Le président et fondateur emblématique du comité départemental, Michel Morio, espère que le récent exploit de l’équipe de France, sacrée championne d’Europe dimanche dernier, offrira un nouvel élan au volley aveyronnais. JLB
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Mathieu Roualdés

Joueur puis président emblématique de la MJC Rodez, créateur et également président du comité départemental, il a dédié sa vie à ce sport depuis son arrivée en Aveyron, à 25 ans.

En entrant dans nos bureaux, Michel Morio n’a pu s’en empêcher. L’Équipe de ce lundi, faisant la part belle au premier titre européen décroché par l’équipe de France, traînait sur un bureau...«Regardez, regardez, il y a huit pages sur le volley dedans. C’est incroyable!», s’est-il exclamé, les yeux tout aussi pétillants qu’un enfant lors de son premier noël. Il faut dire qu’entre l’homme et le volley, une grande histoire d’amour se joue depuis des années. De ses premiers pas sur un terrain en banlieue parisienne jusqu’à sa retraite, il y a un an et demi, Michel Morio n’a cessé d’œuvrer pour sa discipline. Et à l’écouter, c’est loin d’être fini !

«Ce sport, c’est ma vie. Et vu que je ne me vois pas faire du jardinage...», sourit-il. D’ailleurs, nombreux l’avouent entre deux portes: si le volley existe toujours en Aveyron, c’est en grande partie grâce au travail et à l’acharnement de Michel Morio. L’acharnement. Oui, il n’y a pas d’autres mots pour décrire le travail de l’ancien comptable pour son sport. Car les occasions de baisser les bras, voire tout lâcher, n’ont pas manqué. Avec à peine 150 licenciés à ce jour, il est un doux euphémisme de dire que la pratique est des plus confidentielles dans le département. D’ailleurs, Michel Morio ne s’en cache pas : «Mes enfants me disent tout le temps d’arrêter d’être négatif quand je parle du volley. Mais, c’est difficile. Même si je l’avoue: j’ai encore espoir. Si je n’étais pas optimiste, j’aurais tout arrêté depuis longtemps toutes façons!», avoue-t-il.

Pas de locomotive, seulement cinq clubs affiliés

Pour développer son sport, l’homme a tout tenté, ou presque. Voyant le club de la MJC Rodez- «Le seul qui m’a accueilli quand je suis arrivé de Paris, à 25 ans», tient-il à préciser-, sans forces dirigeantes, il en est devenu le président en 1980. «Il y a eu des hauts et des bas», décrit-il. Et s’il a quelque peu lâché du lest en 2000 en passant la main à la présidence, Michel Morio n’en reste pas moins omniprésent dans le club. Cet été, l’homme a d’ailleurs dû prendre une nouvelle décision «crève-cœur». Alors que l’équipe fanion masculine, la seule du département inscrite dans une compétition officielle (!), avait décroché son ticket pour la Nationale 3, le club a refusé l’accession.

«Actuellement, on n’a pas les moyens financiers. On a peut-être manqué le coche en 2005 quand on était déjà en N3. Là, on avait les moyens de vivre à ce niveau mais pour cela, on devait faire venir des “mercenaires”. Les joueurs, alors en place, avaient refusé cette option et on est redescendu... », explique le passionné. Sans locomotive depuis de nombreuses années-si ce n’est l’expérience du volley Carladez (lire par ailleurs) -, le volley a donc bien du mal à attirer les jeunes. Pour remédier à cela, Michel Morio avait créé un comité départemental en 1994. Il en est depuis le président. Mais avec seulement cinq clubs affiliés (MJC Rodez, Groupement Sportif Départemental, Decazeville, Volley-club du Vallon-Causse et Villefranche-de-Rouergue), bien difficile de faire changer les choses.

Car si tout le monde a au moins fait du volley durant sa scolarité, peu franchissent le pas de s’inscrire dans un club. Pour Michel Morio, les raisons sont nombreuses. La première n’est autre que l’essence même de ce sport: «Les jeunes se dégoûtent vite car au départ, on ne prend pas de plaisir à faire du volley. On a mal aux bras, on n’arrive pas à servir, à se coordonner avec ses coéquipiers, etc. C’est un sport qui demande une grande technique. Puis, on souffre beaucoup de l’image d’un sport pour filles vu qu’il n’y a pas de contacts. C’est faux et les physiques des Français champions d’Europe le prouveront j’espère».

L’espoir d’une équipe de France championne olympique

Pour faire changer les mentalités, Michel Morio a passé de nombreux partenariats avec les écoles. Cela fonctionne. Mais en attendant de voir si cela porte véritablement ses fruits, le président du comité attend désormais davantage de la part des professeurs de collège notamment. «J’espère que le titre européen va les pousser à mettre en place des équipes de UNSS de volley. Car en faire six semaines comme le veut le programme ne servent pas à grand-chose. Il faut éduquer les jeunes dans la compétition sinon ils ne viennent pas frapper aux portes des clubs. D’ailleurs, on voit aujourd’hui de nombreux clubs de volley loisirs se créer en Aveyron. Et je suis contre! Cela ne fait pas progresser notre sport et on meurt à petit feu» Alors, quelles sont les solutions pour voir le volley vivre de meilleurs jours dans l’avenir ? «Que l’équipe de France soit championne olympique! Dans ce cas, on aura peut-être du mal à trouver des places pour tous les jeunes», sourit Michel Morio. Plus que jamais, l’homme a mérité son surnom de Monsieur volley !

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