Attentats: le mystère Abaaoud plane, vers une prolongation de l'état d'urgence

  • La police scientifique prèès du bâtiment où s'est déroulé le raid à Saint-Denis le 19 novembre 2015
    La police scientifique prèès du bâtiment où s'est déroulé le raid à Saint-Denis le 19 novembre 2015 AFP - KENZO TRIBOUILLARD
  • Vers un état d'urgence prolongé et élargi
    Vers un état d'urgence prolongé et élargi AFP - M. Zaba/V. Breschi/P. Defosseux, pld/sm/abm
  • La police scientifique cherche des éléments près du bâtiment à Saint Denis pris d'assaut le 18 novembre 2015
    La police scientifique cherche des éléments près du bâtiment à Saint Denis pris d'assaut le 18 novembre 2015 AFP - ERIC FEFERBERG
  • Photo non datée extraite le 16 novembre 2015 d'un magazine internet Dabiq du groupe Etat islamique, datant de février 2015, montrant Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Umar al-Baljiki Photo non datée extraite le 16 novembre 2015 d'un magazine internet Dabiq du groupe Etat islamique, datant de février 2015, montrant Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Umar al-Baljiki
    Photo non datée extraite le 16 novembre 2015 d'un magazine internet Dabiq du groupe Etat islamique, datant de février 2015, montrant Abdelhamid Abaaoud, alias Abou Umar al-Baljiki DABIQ/AFP - -
  • Photo du bâtiment à Saint-Denis, dans la banlieue de Paris où les policiers du Raid et de la BRI ont mené l'assaut le 18 novembre 2015
    Photo du bâtiment à Saint-Denis, dans la banlieue de Paris où les policiers du Raid et de la BRI ont mené l'assaut le 18 novembre 2015 AFP - ERIC FEFERBERG
  • Photo prise à une date et un lieu non identifié de Fabien Clain, a&ssocié à la voix qui a revendiqué au nom du groupe EI l'enregistrement qui a revendiqué les attentats de Paris Photo prise à une date et un lieu non identifié de Fabien Clain, a&ssocié à la voix qui a revendiqué au nom du groupe EI l'enregistrement qui a revendiqué les attentats de Paris
    Photo prise à une date et un lieu non identifié de Fabien Clain, a&ssocié à la voix qui a revendiqué au nom du groupe EI l'enregistrement qui a revendiqué les attentats de Paris OFF/AFP - -
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Centre Presse Aveyron

La France restait sous haute tension jeudi: les enquêteurs s'efforçaient de lever le mystère autour du sort d'Abdelhamid Abaaoud, l'organisateur présumé des attentats jihadistes du 13 novembre à Paris, tandis que l'état d'urgence s'apprête à être prolongé.

Surnommé Abou Omar al-Baljiki ("le Belge" en arabe) et figure de l'Etat islamique (EI), l'organisation qui a revendiqué les attentats, Abaaoud ne fait pas partie des huit personnes interpellées dans le cadre de l'assaut mené mercredi matin par la police à Saint-Denis, a déclaré le procureur de la République de Paris. L'identité des corps retrouvés sur place reste à vérifier.

L'enquête se poursuit côté français comme côté belge, où six perquisitions étaient en cours jeudi matin dans la région de Bruxelles dans l'"entourage direct" de Bilal Hadfi, 20 ans, l'un des kamikazes morts après avoir actionné son gilet d'explosif près du Stade de France, aux portes de Paris.

Les policiers recherchent aussi Salah Abdeslam, soupçonné d'avoir mitraillé vendredi les terrasses de cafés et restaurants parisiens, avec son frère Brahim qui s'est fait exploser. Il aurait été exfiltré samedi matin depuis Paris.

Deux complices présumés de cette fuite, Mohammed Amri (27 ans) et Hamza Attou (20 ans), ont été arrêtés à Bruxelles et inculpés par la justice belge pour "attentat terroriste".

Un autre jihadiste, non identifié, serait peut-être aussi en cavale.

Dans la capitale, si les Parisiens ont retrouvé terrasses et salles de spectacle, l'atmosphère reste lourde. La préfecture de police de Paris a prolongé l'interdiction de manifester jusqu'à dimanche. Les rassemblements sur les lieux des attentats sont, eux, autorisés et se poursuivent: nombreux sont ceux qui veulent s'y recueillir après les attaques les plus meurtrières ayant frappé le pays (129 morts et 352 blessés).

A Lyon, la Fête des Lumières, qui réunit chaque année deux à trois millions de personnes début décembre, a été annulée et remplacée par un hommage d'une journée aux victimes des attentats, le 8 décembre.

- Policiers armés en permanence -

Dans ce contexte pesant, les députés votent jeudi un projet de loi renforçant l'état d'urgence, décrété par François Hollande dans la foulée des attaques. Devant l'Assemblée, Manuel Valls a évoqué le risque d'attentat avec des "armes chimiques ou bactériologiques" et annoncé la création d'une nouvelle structure pour "jeunes radicalisés".

Le texte devrait recevoir un large assentiment de l'Assemblée, avant d'être soumis vendredi au vote du Sénat. Il prévoit la prolongation de l'état d'urgence pour trois mois à compter du 26 novembre, soit jusqu'à fin février, et élargit le régime des assignations à résidence.

Depuis six jours, 118 assignations à résidence ont été notifiées et plus de 400 perquisitions administratives ont été menées dans le cadre de l'état d'urgence.

Le projet de loi intègre aussi dans l'état d'urgence la dissolution de groupes et associations extrémistes participant à des actes portant une atteinte grave à l'ordre public, les facilitant ou y incitant.

Depuis les attentats, la question de l'armement des policiers et de la légitime défense est revenue dans le débat. Une note de la direction générale de la police nationale prévoit que les policiers pourront être armés en dehors de leurs heures de service, sur la base du volontariat et en prévenant leur hiérarchie.

Au total, les mesures destinées à renforcer la sécurité après les attentats coûteront à l’État "600 millions d'euros" en 2016, selon le ministre des Finances Michel Sapin.

Après l'assaut mené contre un appartement à Saint-Denis, huit personnes sont toujours en garde à vue.

Les enquêteurs doivent identifier les corps sur place, sévèrement abîmés par des fusillades nourries et des explosions.

Le procureur de la République de Paris, François Molins, a évoqué "au moins deux morts" dans l'appartement: un "corps criblé d'impacts", et une personne qui s'est fait exploser à l'arrivée des policiers - vraisemblablement une femme.

- "Ouverture de la Russie" -

La possible présence en France d'Abdelhamid Abaaoud, tête d'affiche des francophones de l'EI, inquiète.

Son nom avait été évoqué par les services de renseignement américains dans un rapport en mai, qui mettait en garde contre une possible attaque structurée de l'EI en Europe. Le document émettait l'hypothèse qu'Abaaoud avait tenté de faire croire à sa mort fin 2014 sur le front syrien, afin que les autorités belges relâchent leurs efforts pour l'appréhender.

Selon M. Molins, l'assaut de mercredi a fait suite à un témoignage "faisant état de la présence d'Abaaoud" en France.

Quatre kamikazes ont déjà été identifiés, tous des Français, âgés de 20 à 31 ans. Il reste à mettre un nom sur un cinquième homme passé par la Grèce cet automne, auprès duquel a été retrouvé un passeport syrien à l'authenticité douteuse.

Sur le front extérieur, les bombardements français en Syrie se poursuivent contre l'EI.

L'arrivée en fin de semaine en Méditerranée orientale du porte-avions nucléaire "Charles-de-Gaulle" triplera la capacité aérienne française, qui disposera alors de 38 avions dans la région.

S'ils s'opposent sur le sort du président syrien Bachar al-Assad, Moscou et Paris, tous deux touchés par des attaques (à Paris et contre l'avion russe dans le Sinaï égyptien), coopèrent désormais contre l'EI.

Pour le ministre des Affaires étrangères Laurent Fabius, "il y a une ouverture, si on peut dire, des Russes, nous pensons qu'elle est sincère et il faut rassembler toutes nos forces" contre l'EI.

Source : AFP

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