Réchauffement climatique: +2°, la ligne rouge à ne pas franchir

  • La banquise au Canada
    La banquise au Canada AFP/Archives - Clement Sabourin
  • La carcasse d'une vache morte suite à une grande sécheresse près de Durban en Afrique du Sud le 9 novembre 2015
    La carcasse d'une vache morte suite à une grande sécheresse près de Durban en Afrique du Sud le 9 novembre 2015 AFP/Archives - MUJAHID SAFODIEN
  • Une plage de l'îlôt de Tepuka, sur l'atoll de Tuvalu, alors que le niveau d'eau monte d'année en année
    Une plage de l'îlôt de Tepuka, sur l'atoll de Tuvalu, alors que le niveau d'eau monte d'année en année AFP/Archives - TORSTEN BLACKWOOD
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Centre Presse Aveyron

La communauté internationale s'est accordée dès 2009 pour limiter à 2°C la hausse de la température mondiale, afin de prévenir des impacts dévastateurs. Mais pour de nombreux pays, un tel réchauffement est déjà trop élevé.

43 Etats vulnérables ont, mi-novembre à Manille, appelé la Conférence climat de l'ONU à s'entendre sur un seuil de +1,5° par rapport aux niveaux d'avant la Révolution industrielle. Un sujet de débat supplémentaire pour la COP21 qui s'est ouverte lundi au Bourget, près de Paris.

Pourquoi 2°C ?

Ce seuil résulte d'un compromis politique, trouvé en 2009 à Copenhague.

L'UE avait été la première, en 2007, à fixer ses objectifs d'émission de gaz à effet de serre en fonction de cet horizon +2°, à la suite d'un rapport des scientifiques du GIEC.

Au-delà de cette limite, la science redoute un emballement aux effets irréversibles: événements extrêmes - cyclones, sécheresses...- répétés, chute des rendements agricoles, extinction d'espèces... A +2°, la mer montera de 40 cm d'ici 2100, mais à +4-5° de 80 cm et continuera sur sa lancée.

L'idée est que jusqu'à 2°, le monde peut s'adapter.

Mais est-ce trop ?

Un rapport d'experts de l'ONU l'a discrètement rappelé en juin, en pleines négociations climatiques à Bonn: le monde ne doit pas se penser à l'abri parce qu'il se limite à +2°.

La "rambarde de sécurité" serait plutôt "un seuil à 1,5°", relevait ce document, pour qui les 2° "devraient être vus comme une +ligne de défense+, une limite maximale à protéger à tout prix".

Car, à près de +1° aujourd'hui, le réchauffement se ressent déjà: sécheresses, inondations, perte de récifs coralliens...

A +2°, il affectera particulièrement le niveau des océans, et leur acidification. Pour des îles comme Tuvalu ou Kiribati, c'est une question de survie. Mais pas seulement pour elles.

A long terme, Shanghai, Bombay ou New York seront en partie submergées, largement si le mercure gagne 4° (des territoires de 600 millions d'habitants aujourd'hui seraient concernés), moins si c'est 2° (280 millions), moins encore à 1,5 (137 millions), selon une étude américaine.

"Pour éviter la fonte du Groenland (soit 7 m de hauteur de mer supplémentaire), il vaut mieux rester dans la zone des 1,5°-1,9°", souligne le climatologue Jean Jouzel.

Pour 1,5°, est-il trop tard ?

A ce stade, le monde est sans doute parti pour un réchauffement d'au moins 1,5° (près d'1° déjà enregistré plus 0,6° lié aux gaz déjà émis, très persistants), selon le GIEC.

Les engagements actuels des pays, s'ils sont tenus, devraient conduire à +3°. D'où l'idée d'inclure dans l'accord de Paris une clause de révision des ambitions pour garantir 2°.

"Contenir le réchauffement sous 2°C reste faisable, mais pose de grands défis, technologiques, économiques et institutionnels", admet l'ONU. "Un effort qui nécessite une transition radicale" (énergies renouvelables, une agriculture moins émettrice de gaz, constructions peu gourmandes en énergie etc).

Pour rester sous 2°C, il faudra aussi des technologies de capture du CO2, estime le GIEC.

Bataille en vue à la COP ?

Les promoteurs du 1,5°, assurant représenter 108 pays, veulent se battre pour que cette limite soit mentionnée dans l'accord.

"Il faut avoir le 1,5° à l'esprit, pour que les petits Etats gardent confiance" dans le processus, dit le ministre Tony de Brum, des îles Marshall, pour qui de gros pays émetteurs feront sans doute de la résistance.

A deux semaines de la COP, au sommet du G20, des pays comme l'Inde et l'Arabie saoudite ont même contesté les 2°, inclus dans la déclaration finale après de longues tractations.

Parmi les promoteurs de l'accord, certains craignent qu'un nouveau débat sur l'objectif de températures soit contre-productif.

"Vouloir revenir à 1,5 serait un énorme risque, on mettrait les pays devant un mur trop haut. Car aujourd'hui pour faire 1,5 il faudrait pratiquement arrêter de respirer!", analyse Michel Colombier, chercheur à l'Institut des relations internationales (IDDRI).

En outre, "le 2° est utile car il est devenu un emblème politique, qui oblige les pays à se situer dans des scénarios d'émissions. 2° est déjà une grosse avancée".

Source : AFP

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