La Brebis galeuse de Muriel Lacan veut sortir du troupeau

Terre d’élevage, terre de résistance et de luttes, le Larzac est aussi une terre de culture(s). Sur ces vastes espaces où paissent paisiblement des milliers de brebis, les hommes y sont peu nombreux, mais les idées foisonnent. Transportées par un souffle de liberté et de créativité. Comme celui qui anime l’équipe des Éditions du Larzac. Née d’une démarche associative et militante, cette maison d’édition pas tout à fait comme les autres se propose de diffuser un «esprit écologique en récits dessinés.»

«Nous défendons un monde alternatif», prévient Corinne Soustiel. Après la publication d’un premier ouvrage Du Vent, réalisé à partir des Littérales (six cartes postales militantes, dont les auteurs sont liés au Larzac par leur engagement), les Éditions du Larzac inaugurent leur collection de bande dessinée, avec le premier tome de La Brebis galeuse de Muriel Lacan. Un personnage décalé et un brin rebelle, au cœur d’un troupeau, hélas, beaucoup trop conformiste...

Dessiner pour des idées

Originaire de Bédarrieux, Muriel Lacan a choisi de vivre dans la région de Nant, où cette ancienne éducatrice de 48 ans a décidé de s’offrir une nouvelle respiration, qui lui permet de conjuguer notamment ses deux passions pour la nature et le dessin. «Je vis petitement mais je fais ce que j’ai envie de faire, résume cette adepte d’une certaine forme de décroissance, synonyme de plus grande liberté. Devenir dessinatrice était un rêve d’adolescente.

C’est aujourd’hui une passion qui m’amène beaucoup de plaisir et qui me permet de défendre mes idées à travers la BD. La BD c’est aussi une culture. J’ai appris à lire dans Astérix.» Le personnage de la Brebis galeuse, Muriel Lacan l’a créé, alors qu’elle était étudiante à Paris, en 1987, lors des manifestations contre la réforme Devaquet. «Il suffisait de lui donner une histoire, pour accompagner le lecteur vers une réflexion, mais il me fallait cette maturité et cette maturation», précise la Sud-Aveyronnaise d’adoption, qui a déjà prévu de réaliser trois tomes. 

Une préface du nouveau scénariste d’Astérix

Après quatre mois de travail, La Vie de troupeau, le premier tome de cette série, qui se veut à la fois drôle, pastorale et alternative, est sorti le 12 septembre dernier, lors du festival de BD de Saint-Georges-de-Luzençon, «Luz en bulles». Avec une préface -s’il vous plaît!- de Jean-Yves Ferri, le scénariste (depuis 2013) des deux derniers Astérix : Astérix chez les Pictes et Le Papyrus de César. Dans ce premier opus, le lecteur découvre l’enfance et le parcours initiatique de celle qui va devenir la brebis galeuse. Un deuxième tome paraîtra l’été prochain. Plus dénonciateur, il sonnera l’heure de la révolte.

À travers le troisième tome, la dessinatrice et son personnage proposeront des solutions alternatives. Dernièrement, Muriel Lacan, a rencontré ses lecteurs à Cubik, l’espace ruthénois préféré des amateurs du neuvième art. «Les premiers retours sont très positifs,se réjouit-elle. S’il y a toujours autant d’enthousiasme après le troisième tome, il y aura certainement encore des choses à dire.» La Brebis galeuse, qui n’est pas prête à se laisser tondre, n’a pas fini de se faire entendre.

«La brebis galeuse, 1. La Vie de troupeau » (10 euros) aux Éditions du Larzac, Algues, 12330 Nant. www.lherbesouslepied.fr