Enquête sur le financement du FN: Marine Le Pen entendue comme témoin assisté

  • La présidente du Front national Marine Le Pen, le 4 janvier 2016 à Lille
    La présidente du Front national Marine Le Pen, le 4 janvier 2016 à Lille POOL/AFP - DENIS CHARLET
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Centre Presse Aveyron

La présidente du Front national Marine Le Pen a été entendue mardi par les juges d'instruction, sans être mise en examen, dans l'enquête sur des soupçons de surfacturation lors des campagnes électorales du parti d'extrême droite en 2012.

La dirigeante du FN avait déjà été convoquée à deux reprises cet automne pour être interrogée sous le statut de témoin assisté, intermédiaire entre celui de témoin simple et de mis en examen, mais elle avait refusé de se rendre devant les magistrats, d'abord en mettant en cause leur impartialité, puis pour des raisons d'agenda.

Son audition mardi devant le juge Renaud van Ruymbeke a duré toute la matinée, ont indiqué deux sources proches de l'enquête à l'AFP. Contactée, Marine Le Pen n'a pas donné suite.

Partie d'un signalement de l'autorité de contrôle des comptes des partis (CNCCFP), qui avait été alertée par un candidat frontiste, l'enquête a révélé un possible système frauduleux destiné à capter de l'argent public, avec plusieurs millions d'euros en jeu. Deux dirigeants du parti et plusieurs proches de Marine Le Pen ont été mis en examen, notamment pour escroquerie.

Le Front national, mis en examen comme personne morale depuis septembre, dénonce un dossier vide, instruit à charge sur ordre du pouvoir politique pour le gêner d'ici la présidentielle de 2017.

- Un montage complexe -

Au coeur de l'enquête, une société amie du FN, Riwal, gérée par Frédéric Chatillon, ancien dirigeant du GUD, le syndicat étudiant d'extrême droite, et très proche de Marine Le Pen. En cause, pour les législatives de 2012, des kits de campagne (tracts, affiches, cartes postales) à 16.650 euros, fournis par Riwal à 525 candidats frontistes, via des prêts consentis par un microparti satellite du FN, Jeanne.

Les enquêteurs soupçonnent derrière ce montage complexe des prestations gonflées et surfacturées au détriment de l'Etat, qui rembourse les frais de campagne aux candidats faisant plus de 5%.

Le parti conteste toute surfacturation. Ces prix sont soumis "au régime de la liberté du commerce et de l'industrie, on n'est pas en Union soviétique", avait lancé un vice-président du FN, Jean-François Jalkh, lors de sa mise en examen.

Autre sujet d'investigations, les intérêts d'emprunt facturés par Jeanne à ses candidats, à 6,5%, soit environ 1.000 euros par kit, et remboursés partiellement par l'Etat. Les enquêteurs s'interrogent sur la réalité de ces prêts, Riwal ayant avancé les frais à Jeanne via un crédit sans intérêts de plus de huit millions d'euros en 2012. N'ont-ils pas été destinés à alourdir les remboursements publics?

La présidentielle de 2012 est aussi concernée. Les juges soupçonnent Riwal d'avoir facturé à environ 2,5 millions d'euros le matériel de propagande officielle alors qu'il lui en aurait coûté entre 600.000 et 700.000 euros, selon une source proche de l'enquête.

- Plusieurs fronts judiciaires -

Le FN défend le système des kits par la volonté de cadrer le message des candidats en 2012. Le parti répond aussi que Jeanne était obligé de facturer des intérêts à ses candidats, sauf à se voir reprocher des aides illégales.

Les juges visent justement toute une série d'aides financières présumées illégales, mais de la part de Riwal et au bénéfice de Jeanne et du FN.

En cause, la mise à disposition gratuite de locaux ou d'employés, l'achat de matériel, la prise en charge d'une facture de plus de 400.000 euros ou des facilités de paiement. Sept personnes sont mises en examen, notamment Frédéric Chatillon et deux vice-présidents du parti, dont son trésorier Wallerand de Saint-Just. En outre, Jeanne et Riwal sont mises en examen comme personnes morales. Le FN est mis en examen pour recel d'abus de biens sociaux et complicité d'escroquerie.

Plusieurs fronts judiciaires sont ouverts pour le parti. Une autre enquête avait été ouverte en 2015 par le parquet de Paris sur l'emploi et le paiement litigieux d'assistants d'élus frontistes au Parlement européen.

Plus récemment, l'autorité pour la transparence (HATVP) a transmis à la justice les déclarations de patrimoine de Jean-Marie Le Pen et Marine Le Pen, soupçonnant des sous-évaluations. Le parquet national financier (PNF) les a joints à une enquête déjà ouverte pour fraude fiscale à l'encontre de Jean-Marie Le Pen.

Source : AFP

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