Espagne: baisse record du chômage en 2015 qui reste élevé à 20,90%

  • File d'attente devant une agence pour l'emploi le 2 décembre 2014 à Madrid
    File d'attente devant une agence pour l'emploi le 2 décembre 2014 à Madrid AFP/Archives - SEBASTIEN BERDA
  • Un employé municipal travaille devant un bureau pour l'emploi le 23 janvier 2014 à Madrid
    Un employé municipal travaille devant un bureau pour l'emploi le 23 janvier 2014 à Madrid AFP - GERARD JULIEN
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Centre Presse Aveyron

L'embellie sur le front de l'emploi s'est confirmée en Espagne en 2015, avec une baisse record du nombre de demandeurs d'emploi même si le taux de chômage reste très élevé, à 20,90%.

Le taux de chômage, encore de 23,71% en 2014, retourne au niveau du deuxième trimestre 2011, a annoncé jeudi l'Institut national de la statistique (Ine).

Le nombre de demandeurs d'emplois a connu une baisse record sur l'année - 678.200 - pour tomber à 4,78 millions.

Le chef du gouvernement sortant, le conservateur Mariano Rajoy, peut se réjouir: il avait promis aux Espagnols de finir l'année avec un taux de chômage de 21,1%. "Les données du chômage sont porteuses d'espoir, nous continuons à travailler ensemble pour que la reprise arrive à tous", a-t-il réagi sur son compte Twitter.

"Qui aurait pu prévoir en janvier 2014 une croissance du PIB de 3,2% en 2015, la création d'un million d'emploi en deux ans (525.100 en 2015) et la réduction du taux de chômage à 20,90%?", se réjouit aussi Sandalio Gómez, professeur à l'école de commerce IESE Business School.

"C'est spectaculaire", approuve Gayle Allard, professeure à l'IE Business School, à l'AFP.

L'Espagne a émergé en 2014 d'une violente crise économique et les voyants repassent peu à peu au vert. Reste à voir si la paralysie politique depuis les élections législatives du 20 décembre et la conjoncture internationale peuvent remettre en question cette tendance.

"L'économie pourrait souffrir un ralentissement" si les partis politiques n'arrivent pas à former un gouvernement de coalition, avertit l'économiste.

- formation professionnelle -

A plus de 20%, le taux de chômage reste élevé et il faudra des années pour qu'il retrouve des niveaux semblables à ceux de ses voisins. Chez les moins de 25 ans, il grimpe même à plus de 46%. Par ailleurs la qualité des emplois créés reste une faiblesse du marché du travail espagnol.

Sur un an, l'emploi temporaire a augmenté de 335.100 personnes, selon l'Ine, et 170.600 personnes ont signé un contrat à durée indéterminée.

Parallèlement, certains Espagnols ont dû consentir à des baisses de salaires.

Le secteur des services, plus gourmand en contrats temporaires, est celui qui a embauché le plus en 2015 (421.500 personnes). Il profite de la reprise de la consommation des Espagnols et de la bonne santé du tourisme.

L'agriculture a recruté 50.800 personnes. La construction, dévastée par l'explosion d'une bulle immobilière en 2008 à l'origine de la crise économique, compte 28.100 salariés supplémentaires.

L'industrie, représentant 15% du PIB, a gagné 24.600 employés en 2015.

"Je ne pense pas que ce soit une bonne nouvelle car la construction, comme l'hôtellerie, sont des secteurs où il y a beaucoup de variations saisonnières, de contrats temporaires et un poids très important de l'économie informelle", commente à l'AFP Angel Valls, professeure de l'école de commerce Esade.

"Avant la crise, la durée moyenne des contrats en Espagne était de 86 jours, maintenant nous sommes autour de 50 jours", ajoute-t-elle.

Au quatrième trimestre toutefois, le nombre de salariés ayant un contrat à durée indéterminé à augmenté de 103.400, tandis que ceux avec un contrat temporaire a baissé de 63.600. "C'est le signal que nous attendions", espère la professeure Gayle Allard.

Le défi pour la prochaine législature sera de s'attaquer à la formation professionnelle des salariés et des actifs en chômage de longue durée, s'accordent à dire les économistes.

"Ceux qui restent sur le bord de la route, ont plus de 45 ans, sont en majorité des hommes sans diplômes et qui ont travaillé dans la construction", explique Angel Valls en soulignant qu'ils étaient souvent, en outre, la seule source de revenus du foyer.

Pour ces personnes, il faut des "programmes personnalisés de retour à l'emploi, loin de ce qui se fait aujourd'hui en Espagne", faute de quoi elles pourraient grossir les rangs de ceux qui renoncent à retrouver un emploi ou quittent le pays, ajoute-t-elle.

"La chute intense de la population active est très inquiétante", renchérit le syndicat CCOO. Elle a chuté de 153.200 à 22,87 millions, selon l'Ine.

Source : AFP

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