2CV: le prix de la passion grimpe en flèche

  • Créée par Pierre-Jules Boulanger, voilà la première 2 CV ou plutôt son prototype datant de 1937 et baptisé TPV (Très petite voiture). N’en cherchez pas, elle est introuvable (sauf au musée Citroën) et serait de toute façon hors de prix. L’exemplaire présenté à Sévérac est en fait une réplique, très réussie, et réalisée par un passionné du Maine-et-Loire.
    Créée par Pierre-Jules Boulanger, voilà la première 2 CV ou plutôt son prototype datant de 1937 et baptisé TPV (Très petite voiture). N’en cherchez pas, elle est introuvable (sauf au musée Citroën) et serait de toute façon hors de prix. L’exemplaire présenté à Sévérac est en fait une réplique, très réussie, et réalisée par un passionné du Maine-et-Loire. C.Cathala/CP
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Christophe Cathala

Combien coûte une deuch? La question n’anime pas vraiment les 5000 passionnés réunis à Sévérac. Et pourtant le tarif d'accès à l'art de vivre ne cesse d'augmenter...

L’or gras des frites réchauffe leurs doigts à l’heure des agapes, mais c’est un métal tout aussi précieux que caressent les 5000 propriétaires de 2CV réunis jusqu’à demain à Sévérac: la carrosserie de leur mythique Citroën. Car en quinze ans les prix de la belle mamie, produite de 1948 à 1990, se sont envolés. Finies les «sorties de grange» (véhicule complet à remettre en route) à 500 que vendait le paysan «pour débarrasser». Il faut aujourd’hui compter 6000 euros pour un modèle prêt à rouler, sans pedigree particulier, pas trop ancien et pas tout récent non plus. Si l’on accepte de mettre les mains dans la mécanique (c’est facile) et dans la chasse à la rouille (bien vérifier les dessous de la belle), on peut emporter une deuch de cinquante ans d’âge pour moitié moins cher.

Phénomène de mode 

Voiture populaire par excellence, la 2CV a été produite à 5,11millions d'exemplaires auxquels il faut ajouter 2 millions de Dyane et de Méhari, ses plus proches cousines. Et, sa rusticité aidant, il en reste encore beaucoup sur nos routes. Voilà qui ne saurait expliquer une cote qui ne cesse de grimper, sinon à considérer que l’art de vivre qu’elle représente et que défendent tous les collectionneurs, n’a pas de prix. La très grande majorité des possesseurs de 2CV roule au quotidien à leur volant. «Avec la “crise”, elle redevient une valeur sûre avec son entretien a minima et ses 4 l/100 km de consommation. L’engouement aussi vient de là, c’est un phénomène de mode», avance Éric qui vient de Tours avec ses copains. «J’utilise tous les jours ma fourgonnette K400, la version utilitaire est une vraie valeur ajoutée pour pas cher», confirme Rémy qui est venu de Quimper avec son épouse Martine... et tout le matériel de couchage derrière la banquette.

Séries spéciales 

Économique, la deuch n’a que des qualités. Mais sait faire sa pimbêche quand le maquillage rehausse son allure. On ne parle pas ici des nombreuses transformations (cabriolet, «tuning» à grosses jantes...) que les puristes récusent, mais des modèles spéciaux produits à peu d’exemplaires. La palme revient à la Cocorico tricolore (1000 exemplaires) mais les séries limitées Spot, 007, Charleston, France3 (nom du bateau engagé à la Coupe América), et autre Dolly voient leur cote s’enflammer du fait de leur rareté. Mais la palme revient encore aux modèles d’avant 1959 et notamment la type A dont un exemplaire en excellent état ne se négociera pas en dessous des 15000 euros. Populaire, certes, la 2CV, mais elle a toujours su montrer qu’elle n’était pas pour autant une fille facile.

Quelques prix

6 000 euros, c’est le prix moyen à payer pour acquérir une 2CV sans pedigree, prête à rouler. Compter 1 500 euros de plus pour une AMI6 berline...

12 000 euros, c’est le prix commun pour une Méhari ou une 2CV série spéciale (1970-1990), sauf la Cocorico, plus chère car produite a seulement 1 000 exemplaires. Ce prix s’entend « en bon état ».

15 000 euros, prix minimum pour une « type A » (1948-1954) dans sa teinte grise unique.

150 euros prix d’un pneu de 2CV refabriqué par Michelin une fois par an, sur commande. Les Japonais sont moins chers, semble-t-il...

D'où vient la spéculation?

«C’est la Méhari qui a jeté le trouble, lance Jean-Marc, maçon dans le Quercy, venu avec Benoît, Ulrich et Michel, son père. Ce véhicule de loisir reste très prisé des gens aisés-il faut compter plus de 12000 euros- qui aiment le côté plage et bohême. Quand ils y goûtent, ils ajoutent dans leur garage une 2CV qu’ils n’hésitent pas à payer le même prix, sans rechigner. Les prix s’envolent un peu à cause de ça. Et le Méhari club de Cassis qui refabrique entièrement des Méhari-et des pièces détachées de 2CV - avec l’accord de Citroën, a fait sans le vouloir grimper les prix». Jean-Marc le Lotois a une Méhari de janvier 1969, «peut être une des plus vieilles de France» mais ne joue pas ce jeu-là. «Si je revends, c’est uniquement pour pouvoir retaper d’autres modèles». Il en a 23 (deuch, Ami6 ou Ami8...) dont 17 roulants! Xavier, le Tourangeau venu avec sa femme Sabine et les membres du club du Val de Loire dont elle est présidente, n’est pas d’accord: «Ce n’est pas tant la faute aux Méhari qu’aux collectionneurs de voitures anciennes de tout poil: ils veulent une 2CV dans leur collection, ça fait bien. Et ça fait monter les prix car ils surenchérissent selon leur besoin. C’est devenu un état d’esprit, bien éloigné de la convivialité des vrais passionnés. Car ce n’est pas l’argent qui nous motive, mais le plaisir de rouler et de se retrouver, au fil des rassemblements». Là, Xavier met tout le monde d’accord.

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