Benoîte Groult, écrivaine et grande figure du féminisme

  • La journaliste et écrivaine Benoîte Groult pose le 07 avril 2007 à son domicile à Hyères
    La journaliste et écrivaine Benoîte Groult pose le 07 avril 2007 à son domicile à Hyères AFP/Archives - CATHERINE GUGELMANN
  • Benoîte Groult dans sa maison à Hyères, le 7 avril 2007
    Benoîte Groult dans sa maison à Hyères, le 7 avril 2007 AFP/Archives - CATHERINE GUGELMANN
  • Benoîte Groult sur le plateau de l'émission "Au Field de la Nuit" à Paris le 15 avril 2010 Benoîte Groult sur le plateau de l'émission "Au Field de la Nuit" à Paris le 15 avril 2010
    Benoîte Groult sur le plateau de l'émission "Au Field de la Nuit" à Paris le 15 avril 2010 AFP/Archives - FRANCOIS GUILLOT
  • Benoîte Groult et son mari Paul Guimard le 9 décembre 1957 Benoîte Groult et son mari Paul Guimard le 9 décembre 1957
    Benoîte Groult et son mari Paul Guimard le 9 décembre 1957 AFP/Archives - Gabriel DUVAL
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Centre Presse Aveyron

"Je ne suis née à moi-même que vers 35 ans", expliquait l'écrivaine, journaliste et féministe Benoîte Groult, décédée à l'âge de 96 ans, qui, à travers ses livres et articles, a été l'une des grandes figures du combat pour la cause des femmes.

"Elle est morte dans son sommeil comme elle l'a voulu, sans souffrir", a indiqué à l'AFP sa fille, Blandine de Caunes. La romancière est décédée dans la nuit de lundi à mardi à Hyères (Var) où elle résidait.

"Avec Benoîte Groult disparaît une belle et grande figure du féminisme", a affirmé le chef de l'Etat, François Hollande, en lui rendant hommage. "Par ses livres comme par ses engagements, elle a guidé et accompagné la conquête de chacun des droits qu’elle revendiquait pour les femmes, à commencer par celui de disposer de son corps", a-t-il ajouté.

"Toutes ses oeuvres, ses romans comme ses essais, témoignent qu’être féministe, c’est raconter le monde avec la volonté de rendre visible ce qui est invisible : les avortements clandestins, les mutilations sexuelles, la misogynie, le déclin de la vieillesse...", a rappelé la ministre des Droits des femmes, Laurence Rossignol.

Venue à l'écriture à la quarantaine, après avoir fait ses gammes avec sa soeur Flora ("Le Journal à quatre mains", "Le Féminin pluriel", et "Il était deux fois"), elle avait signé seule en 1972 un premier roman, "La Part des choses".

Trois ans plus tard, à 55 ans, Benoîte Groult publie "Ainsi soit-elle", un essai virulent sur la condition imposée aux femmes.

Ce livre-manifeste, devenu un éclatant succès de librairie avec un million d'exemplaires vendus et de multiples traductions, apparaît "toujours comme un livre nécessaire", a fait valoir la ministre de la Culture Audrey Azoulay, "preuve s’il en est que certaines victoires ne sont jamais définitivement acquises".

Née le 31 janvier 1920 à Paris de parents plutôt mondains (son père est décorateur, sa mère, soeur du couturier Paul Poiret, est elle-même styliste), Benoîte Groult, connaît une enfance aisée dans le Paris des années folles.

Licence de lettres à la Sorbonne, professorat au cours Bossuet à Paris pendant la guerre, suivi de dix ans de journalisme à la Radio télévision française (1954-1964) et dans divers magazines: Benoîte Groult mène la vie d'une jeune femme de son époque et de son milieu social. Trois maris (dont le journaliste Georges de Caunes et l'écrivain Paul Guimard), trois filles.

- 'course d'obstacles' -

"Je me sentais une citoyenne de seconde zone, absente au monde et j'ai effectivement mis du temps à me réveiller", expliquera-t-elle plus tard. Elle dit elle-même être devenue féministe en 1968, au contact d'autres femmes dont "les confidences et les doléances étaient les mêmes que les miennes".

Membre du jury du prix Femina, elle participe à la fondation d'un mensuel féministe, "F Magazine", dont elle sera l'éditorialiste jusqu'en 1982.

En 1984, elle est chargée par Yvette Roudy, la ministre socialiste des Droits de la femme, de présider la Commission de terminologie pour la féminisation des noms.

"Quand il n'y a pas de mots pour nous, c'est que nous n'existons pas", expliquait-elle. Elle se heurte à l'opposition de l'Académie française et se fait traiter de "précieuse ridicule".

D'une plume alerte, mordante, elle a écrit plusieurs romans dont "Les Trois-quarts du temps" (1983), récit attrayant dénonçant la phallocratie, puis "Les Vaisseaux du coeur" (1988), une histoire d'amour qui sera un autre succès de librairie.

"C'est par l'écriture que je me suis construite de livre en livre", expliquera-t-elle dans "Histoire d'une évasion" (1997).

En 2006, avec "La Touche étoile", elle s'attaque à un autre tabou, la vieillesse et la mort librement consentie.

Elle défendait l'Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD). "Le refus de la naissance choisie et de la mort choisie, c'est la même idéologie contre la liberté", disait-elle.

En 2008, elle publie son autobiographie, intitulée "Mon évasion" où elle confie qu'avec le recul, elle a "l'impression d'avoir vécu une interminable course d'obstacles".

Source : AFP

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