"Partir" ou "rester": le Royaume-Uni vote, l'Europe retient son souffle

  • Une pancarte indiquant la direction d'un bureau de vote à Londres, le 23 juin 2016
    Une pancarte indiquant la direction d'un bureau de vote à Londres, le 23 juin 2016 AFP - LEON NEAL
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    Brexit AFP - Sophie RAMIS, Alain BOMMENEL
  • Brexit : un divorce compliqué
    Brexit : un divorce compliqué AFP - Sophie RAMIS, Alain BOMMENEL
  • Un bureau de vote installé dans l'église St. John the Baptist à Stadhampton, au sud-est d'Oxford, le 23 juin 2016 Un bureau de vote installé dans l'église St. John the Baptist à Stadhampton, au sud-est d'Oxford, le 23 juin 2016
    Un bureau de vote installé dans l'église St. John the Baptist à Stadhampton, au sud-est d'Oxford, le 23 juin 2016 AFP - ADRIAN DENNIS
  • Le Premier ministre David Cameron  et sa femme Samantha arrivent au bureau de vote à Londres le 23 juin 2016
    Le Premier ministre David Cameron et sa femme Samantha arrivent au bureau de vote à Londres le 23 juin 2016 AFP - LEON NEAL
  • Des Britanniques votent au référendum à Little Milton le 23 juin 2016
    Des Britanniques votent au référendum à Little Milton le 23 juin 2016 AFP - ADRIAN DENNIS
Publié le
Centre Presse Aveyron

Des millions de Britanniques votaient jeudi sur leur appartenance à l'Union européenne lors d'un référendum historique qui doit décider de leur avenir et de celui du reste de l'Europe, où ce scrutin aux enjeux énormes était suivi avec fébrilité.

Le résultat se joue sur le fil, mais un sondage publié jeudi en plein vote a partiellement rassuré les marchés financiers en donnant vainqueur le camp du "Remain" (rester), et la livre sterling est passée au plus haut depuis six mois face au dollar.

Signe de la confiance des investisseurs contre un Brexit, la Bourse de Londres a terminé en forte hausse jeudi, comme les autres places boursières européennes.

Les bookmakers misent tous sur un "Remain" dont les chances ont été réévaluées à 81% par plusieurs sociétés de pari.

A l'issue d'une campagne passionnée, axée sur l'immigration et l'économie, les électeurs se pressaient pour déposer leur bulletin de vote malgré la pluie balayant certaines régions. Dont Londres, où plusieurs bureaux de vote, inondés, ont dû fermer.

Les bureaux devaient fermer à 22H00 pour les 46,5 millions d'inscrits. Le résultat devrait être annoncé vendredi au petit matin. Le Royaume-Uni pourrait alors devenir le premier pays à choisir de quitter l'UE en 60 ans de construction européenne.

Un sondage Ipsos Mori-Evening Standard publié en fin de matinée, mais réalisé avant le vote, donnait une avance de quatre points au camp du maintien, à 52% contre 48%, avec toutefois 12% d'indécis.

Mais la prudence restait de mise, deux sondages parus mercredi ayant donné une légère avance à une sortie du club des 28.

- 'Un désastre' -

Dans les bureaux de vote, les électeurs étaient partagés.

"Ce serait un désastre pour l'économie si nous partions", s'alarmait Peter Davies, employé dans le secteur informatique de 55 ans, à Havering dans l'est de Londres.

"Les personnes âgées comme mes parents vont voter pour le Brexit car ils disent ne plus reconnaître l'Angleterre", estimait Kate Zarmalwal, 45 ans.

John Thompson, 57 ans, qui travaille dans l'immobilier à Londres, penchait vers une sortie de l'UE: "Je suis pour la liberté et l'autonomie et je ne pense pas que l'Europe puisse nous l'offrir", dit-il à l'AFP.

Dans l'europhile Ecosse, certains soulignaient qu'un Brexit pourrait justifier l'organisation d'un nouveau référendum d'indépendance, après celui de septembre 2014, comme le souhaitent les nationalistes du parti SNP.

"L'UE ne fonctionne pas mais je ne veux pas que le Parlement britannique ait les pleins pouvoirs", tranchait Connor McGarry, marin de 25 ans.

Le Premier ministre conservateur David Cameron, qui a mis en jeu sa crédibilité en menant campagne pour le maintien dans l'UE, a voté à Londres sans faire de déclaration. Il a appelé un peu plus tard, sur Twitter, ses compatriotes à opter pour le maintien, gage selon lui d'un "avenir meilleur".

Le leader travailliste Jeremy Corbyn, pro-UE lui aussi, interrogé sur les chances de victoire de son camp, a choisi l'humour: "Vous pouvez toujours demander aux bookmakers".

Autre lieu, autre son de cloche: Nigel Farage, le chef de l'Ukip, le parti europhobe et anti-immigration, a voté dans le Kent (sud-est de l'Angleterre) en estimant que le camp du "Leave" avait une "grande chance" de l'emporter.

Selon les analystes, le niveau de la participation aura un impact décisif: plus elle sera importante, plus le "Remain" aura ses chances.

- Boîte de Pandore -

La presse britannique soulignait le caractère historique du vote: "Le jour de l'indépendance", a titré le tabloïd The Sun (pro-Brexit), quand The Times (pro-UE) parlait de "Jour du jugement dernier".

L'enjeu est de taille et tous les dirigeants européens sont intervenus pour retenir les Britanniques, conscients que leur départ ferait peser une menace de désintégration du club des pays membres de l'UE.

Le président français François Hollande a estimé qu'il faudra "engager une relance de la construction européenne", quelle que soit l'issue du référendum. Il a souhaité apprendre vendredi matin "qu'ils sont restés dans l'Union européenne, parce que c'est leur place". La chancelière allemande Angela Merkel avait formulé le même souhait la veille.

Outre les conséquences économiques immédiates pour le pays et au delà, un Brexit serait dommageable à plus long terme, ont prévenu les grandes institutions financières internationales, du FMI à l'OCDE.

Il ouvrirait aussi une période de turbulences politiques, avec un probable départ de David Cameron qui n'a eu de cesse de plaider pour le maintien dans l'UE.

Côté Brexit, l'ex-maire de Londres, Boris Johnson, a pris la tête des conservateurs eurosceptiques et prédit des lendemains radieux aux Britanniques s'ils retrouvent leur "indépendance".

Cherchant à freiner les divisions au sein de son Parti conservateur sur l'UE, M. Cameron avait annoncé en janvier 2013 la tenue de ce référendum. Mais il a ouvert la boîte de Pandore et déchaîné les passions, attisées par les redoutables tabloïds britanniques, toujours prompts à vilipender l'UE.

Dans cette atmosphère toxique, le meurtre de la députée pro-UE Jo Cox une semaine avant le scrutin, par un homme invoquant la "liberté pour le Royaume-Uni", a sidéré le pays, sans que l'impact de ce drame sur le vote ne puisse être mesuré.

Source : AFP

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