Brexit: le Royaume-Uni divisé comme jamais

  • Un manifestant opposé à une sortie du Royaume-Uni de l'UE enveloppé dans le drapeau de européen, le 25 juin 2016 à Londres
    Un manifestant opposé à une sortie du Royaume-Uni de l'UE enveloppé dans le drapeau de européen, le 25 juin 2016 à Londres AFP - JUSTIN TALLIS
  • Une personne tient des drapeaux européens d'une main et celui du Royaume-Uni de l'autre le 25 juin 2016 à Lille
    Une personne tient des drapeaux européens d'une main et celui du Royaume-Uni de l'autre le 25 juin 2016 à Lille AFP - PHILIPPE HUGUEN
  • La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon tient une conférence de presse, le 25 juin 2016 à Edimbourg
    La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon tient une conférence de presse, le 25 juin 2016 à Edimbourg AFP - OLI SCARFF
  • Londres et l'UE : quel futur accord ?
    Londres et l'UE : quel futur accord ? AFP - Paz PIZARRO
  • Paolo Gentiloni, Didier Reynders, Frank-Walter Steinmeier, Jean-Marc Ayrault, Bert Koenders et Jean Asselborn réunis le 25 juin 2016 à Berlin
    Paolo Gentiloni, Didier Reynders, Frank-Walter Steinmeier, Jean-Marc Ayrault, Bert Koenders et Jean Asselborn réunis le 25 juin 2016 à Berlin AFP - John MACDOUGALL
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Centre Presse Aveyron

Le Royaume-Uni est plus divisé que jamais après le choc du Brexit, avec une Écosse prête à défendre séparément ses intérêts et des perdants en colère, face à des Européens pressés d'acter le divorce.

Une pétition en ligne adressée au Parlement britannique pour réclamer l'organisation d'un nouveau vote dépassait samedi en fin d'après-midi les 2 millions de signatures, au lendemain de l'annonce de la victoire du Brexit avec 51,9% des voix.

En Ecosse, la Première ministre Nicola Sturgeon a annoncé que son gouvernement voulait ouvrir des "discussions immédiates" avec Bruxelles pour "protéger sa place dans l'UE".

L’Ecosse a massivement voté (62%) jeudi pour rester dans l'UE. Mme Sturgeon a déclaré à l'issue d'une réunion extraordinaire que son gouvernement préparait les bases légales d'un deuxième référendum sur l'indépendance.

Selon un sondage de l'institut Panelbase pour le Sunday Times effectué vendredi et samedi, soit après le Brexit, 52% des Ecossais (contre 48%) veulent désormais que l'Ecosse se sépare du Royaume-Uni.

Lors d'un premier référendum sur l'indépendance en 2014, l'Ecosse avait voté à 55% (contre 45%) pour rester au sein du Royaume-Uni.

A Londres, certains réclament, avec colère mais sans y croire, l'indépendance pour la capitale, qui s'est largement exprimée en faveur de l'UE.

Lindsey Brett, une secrétaire londonienne de 57 ans, a été cueillie à froid par le Brexit. "Je suis très inquiète et j'en suis malade pour l'avenir de mes enfants", a-t-elle dit à l'AFP. "Que vont devenir nos relations avec le reste de l'Europe? et le monde?".

- 'Pas en mon nom' -

Sur les réseaux sociaux, les jeunes, qui selon les sondeurs ont aussi massivement voté pour le maintien, expriment leur colère contre leurs aînés. #NotInMyName (Pas en mon nom) est devenu un hashtag récurrent sur Twitter. "Ce vote ne représente pas la jeune génération qui devra vivre avec les conséquences", a ainsi écrit Luke Tansley.

Les pro-Brexit, eux, continuent à nager dans l'euphorie après avoir fêté leur "Independence Day". Le leader du parti europhobe Ukip, Nigel Farage, a proposé que le 23 juin devienne jour de fête nationale.

A Clacton-on-Sea, petite station balnéaire du sud-est qui a massivement voté pour le Brexit, Terry Lovadaw, superviseur de 57 ans dans une des boutiques de l'artère principale, voit la vie en rose. "Il y aura plus d'emplois, ça va mettre un terme à l'immigration", a-t-il assuré.

En Europe, la pression monte sur les Britanniques. Réunis à Berlin, les ministres des Affaires étrangères des six pays fondateurs de l'UE ont demandé à Londres d'accélérer le divorce. Le Français Jean-Marc Ayrault a insisté pour qu'un nouveau Premier ministre soit désigné au plus vite à Londres, dans "quelques jours".

Or David Cameron a annoncé que sa démission prendrait effet en octobre, après la nomination de son successeur auquel il veut laisser le soin de conduire les négociations avec l'UE. Elles pourraient durer jusqu'à deux ans et, entretemps, le Royaume-Uni restera lié par les accords existants.

La sortie du Royaume-Uni de l'Union européenne ne se passera pas comme un "divorce à l'amiable", a mis en garde le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker.

La chancelière Angela Merkel a pour sa part adopté un ton conciliant, déclarant qu'il n'y avait "aucune raison de se montrer trop dur dans les négociations. Il faut les mener dans les règles".

- 'Réinventer l'Europe' -

Dans une tribune publiée dimanche par sept journaux européens, une trentaine de personnalités de la culture, de la société civile et de la politique appellent à "réinventer l'Europe".

Les Européens doivent "relever des défis collectifs considérables", écrivent les signataires, parmi lesquels l'ancien commissaire européen et ministre français Michel Barnier, l'ancien ministre allemand des Affaires étrangères Joschka Fischer et l'écrivain italien Roberto Saviano.

Les principales organisations patronales française et allemandes appellent l'UE à "se ressouder" pour répondre au Brexit, notamment dans les domaines de la sécurité, de la défense et des services financiers, dans une tribune publiée en France par l'hebdomadaire Le Journal du Dimanche.

M. Cameron doit retrouver ses pairs mardi lors d'un sommet européen à Bruxelles qui s'annonce très délicat pour lui, alors que le commissaire européen britannique Jonathan Hill a annoncé sa démission.

Dans une période où les mouvements populistes prospèrent à travers l'Europe, le Brexit pourrait provoquer une réaction en chaîne. Déjà, la chef de l'extrême droite française Marine Le Pen et le député d'extrême droite néerlandais Geert Wilders ont appelé à des référendums dans leurs pays respectifs.

Source : AFP

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