L'UE prépare l'après-Brexit sans Cameron

  • Le président François Hollande, les Premiers ministres belge Charles Michel et luxembougeois  Xavier Bettel le 29 juin 2016 à Bruxelles
    Le président François Hollande, les Premiers ministres belge Charles Michel et luxembougeois Xavier Bettel le 29 juin 2016 à Bruxelles AFP - JOHN THYS
  • Le Premier ministre estonien Taavi Roivas le 29 juin 2016 à Bruxelles
    Le Premier ministre estonien Taavi Roivas le 29 juin 2016 à Bruxelles AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
  • Le Premier ministre britannique David Cameron lors d'une conférence de presse le 28 juin 2016 à Bruxelles
    Le Premier ministre britannique David Cameron lors d'une conférence de presse le 28 juin 2016 à Bruxelles AFP - PHILIPPE HUGUEN
  • Nicola Sturgeon lors d'un débat au parlement le 28 juin 2016 à Edimbourg
    Nicola Sturgeon lors d'un débat au parlement le 28 juin 2016 à Edimbourg AFP - Andy Buchanan
  • Londres et l'UE : quel futur type d'accord
    Londres et l'UE : quel futur type d'accord AFP - Valentina BRESCHI, Alain BOMMENEL
  • Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à son arrivée au sommet des dirigeants européens le 29 juin 2016 à Bruxelles
    Le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker à son arrivée au sommet des dirigeants européens le 29 juin 2016 à Bruxelles AFP - STEPHANE DE SAKUTIN
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Centre Presse Aveyron

Les dirigeants de l'Union européenne se consultaient mercredi à Bruxelles pour la première fois sans le Royaume-Uni sur la manière d'avancer malgré le Brexit, déterminés à afficher leur unité malgré de profondes divergences.

Les Britanniques "ont pris la décision qu'ils ont pris et ce matin, il semblerait qu'ils ne soient plus assis à table", a lancé le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, en arrivant à cette première réunion après-Brexit à 27 destinée à éviter une contagion ailleurs en Europe.

L'Union, où l'extrême droite et les mouvements populistes ont le vent en poupe, est déjà fragilisée par une succession de crises, notamment migratoire, qui continue de les diviser comme jamais.

"Les dirigeants européens savent très bien ce qu'ils ont à faire" pour sauver l'UE, "mais ils ignorent comment se faire réélire ensuite" tellement certaines décisions sont impopulaires, a expliqué, réaliste, le Premier ministre estonien Taavi Roivas mercredi matin.

Les 27 chefs d'Etat et de gouvernement devraient réaffirmer, à l'issue de la réunion de mercredi, "leur détermination à aller de l'avant et à réfléchir au but de ce voyage" en ébauchant des priorités d'action dans une Union bientôt amputée du poids lourds économique et diplomatique qu'est la Grande-Bretagne, selon une source européenne.

Mais ils ne devraient pas ébaucher de pistes concrètes avant un nouveau sommet à 27 à la mi-septembre à Bratislava.

- Cameron 'triste' -

Un Cameron "triste" a quitté Bruxelles mardi soir après son dernier sommet européen, mais il a campé sur ses positions: il délègue à son successeur la responsabilité de déclencher la procédure de divorce, malgré l'appel unanime des Européens à sauter le pas "le plus rapidement possible".

La campagne interne au Parti conservateur britannique, dont le vainqueur deviendra le nouveau locataire du 10, Downing Street, démarre mercredi, avec le dépôt des candidatures. L'annonce du nouveau dirigeant, selon toute probabilité un partisan de la sortie de l'UE, et peut-être son flamboyant meneur Boris Johnson, est prévue le 9 septembre.

Signe de la tension politique sans précédent qui règne au Royaume-Uni depuis le référendum du 23 juin, la Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a fait mercredi matin le chemin inverse vers Bruxelles, pour évaluer les chances de l'Ecosse très pro-européenne de rejoindre l'UE en tant qu'entité indépendante.

Mme Sturgeon n'est pas invitée à participer au sommet, mais elle a rencontré dans la matinée le président du Parlement européen Martin Schulz. Elle sera reçue par M. Juncker à 17H00 (15H00 GMT), un entretien programmé in extremis mercredi matin.

Mardi, Bruxelles et les dirigeants des 27 pays ont reconnu "qu'un peu de temps est nécessaire pour que le calme revienne", comme l'a expliqué le président du Conseil européen Donald Tusk. Mais "nous n'avons pas des mois pour méditer", a lancé de son côté Jean-Claude Juncker.

Cette "décision (...) reviendra au prochain gouvernement une fois qu'il aura déterminé le but poursuivi", a pour sa part répété M. Cameron.

Pour son ultime apparition à un sommet européen, le dirigeant britannique a été contraint à la douloureuse tâche d'expliquer son cuisant échec au référendum qui a vu 52% des Britanniques voter pour larguer les amarres avec l'Europe.

Il a défendu sa décision de convoquer un référendum, --"c'était la bonne chose à faire"--, même s'il en "regrette le résultat".

"Il était ému (...) Il avait plaidé pour une réponse du peuple britannique qui n'a pas été celle du scrutin", a raconté le président français François Hollande.

- 'Radio réveil' -

M. Cameron a plaidé pour une "relation la plus étroite possible" entre Londres et l'UE une fois le divorce effectif, faisant valoir que les autres Etats membres resteront "des voisins, des amis, des alliés, des partenaires".

M. Juncker a pour sa part vilipendé les hésitations affichées par les partisans du Brexit, "totalement incapables de nous dire clairement ce qu'ils veulent" pour leur pays après sa sortie de l'UE.

La chancelière allemande Angela Merkel a aussi prévenu les Britanniques que la relation future ne serait pas "à la carte", soucieuse d'éviter que le Brexit ne donne des idées à d'autres pays. L'Union "est assez forte pour surmonter le départ de la Grande-Bretagne et continuer à aller de l'avant même à 27", a-t-elle assuré.

L'Allemagne, la France et l'Italie, les trois poids lourds fondateurs de l'UE et principales économies de la zone euro, plaident pour donner une "nouvelle impulsion" au projet européen, aux contours encore flous. Leurs dirigeants se sont brièvement consultés mercredi en petit comité.

Parmi les chantiers à engager, M. Hollande a insisté sur "la sécurité, la lutte contre le terrorisme, la croissance et l'emploi, avec le soutien à l'investissement et l'aide à la jeunesse".

Mais Paris et Berlin n'apparaissent pas encore sur la même longueur d'onde quand il s'agit de détailler un projet commun. De surcroît, Mme Merkel veut éviter de froisser les pays de l'Est aux aspirations diamétralement opposées.

"Nous avons plus que jamais besoin d'une Europe unie et non désunie", a abondé mercredi le Premier ministre luxembourgeois Xavier Bettel, mettant en garde contre "l'idée de faire des petits clubs".

Mais malgré les appels à l'unité, le Premier ministre belge Charles Michel a carrément plaidé pour une "Europe à plusieurs vitesses".

"Cette illusion de pouvoir tout faire à 27 crée un sentiment et une perception d'immobilisme par la population et ce référendum en Grande-Bretagne doit être un radio réveil", a-t-il argué.

Source : AFP

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