Meurtre de la Chinoise : «On peut tout imaginer»

  • Me Montels-Estève et Me Galandrin, les conseils de l’accusé sont montés au créneau à plusieurs reprises, hier.
    Me Montels-Estève et Me Galandrin, les conseils de l’accusé sont montés au créneau à plusieurs reprises, hier. PR
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Ph.R

Assises. La journée d’hier s’est concentrée sur le corps de Li Hongxia.

Difficile exercice que celui de la Justice quand elle ne peut finalement s’en remettre qu’à la science et aux expertises pour faire toute la lumière. Surtout quand elle n’a pas de scène de crime, qu’elle ne dispose que d’un corps posé dans la nature qui ne livre que peu d’indices et qu’elle a devant elle une personne qui nie toute implication. C’est le sentiment qui prédominait, hier, à l’issue d’une deuxième journée d’audience qui s’est concentrée sur le fond de l’affaire : le meurtre de Li Hongxia, entre le 12 décembre 2005 et le 8 janvier 2006.

Longtemps, les magistrats et les jurés ont écouté les analyses faites autour du corps de cette Chinoise, retrouvé dénudé, et une petite partie de la tête grignotée par des bêtes. Ce sont vraisemblablement trois coups de couteau « rapides » dans le dos qui l’ont tuée. Des traces de lésions au niveau des mains « démontrant qu’il y a eu lutte » ont aussi été relevées. De même que des traces de spermes dans les zones vaginales et anales, « mais pas de traces de violence » notait un légiste.

Des traces de sperme de l’accusé sur le cadavre

Ces traces de sperme et d’ADN correspondent à celles de l’accusé, Amar Aouati. La question se posait alors de savoir si elles pouvaient correspondre à un rapport sexuel datant de 27 jours, soit la dernière fois que l’accusé avait vu la victime. Ce que les médecins biologistes, avec prudence, confirmaient, compte tenu du bon état de conservation du corps. « Les basses températures à cette période-là, souvent en dessous de zéro, et une humidité normale rendent cela possible sur un corps mort » avançait l’un d’eux. Un autre, sur une question de l’avocat général Yves Delpérié, relatait cependant, pour la partie anale, « après 24 heures, toutes traces d’ADN et de sperme disparaît sur une personne vivante...»

Deux personnes pour porter le corps ?

Autre question débattue hier : comment le corps s’est retrouvé sur le causse de Salvagnac-Cajarc. Les techniciens d’investigation soutiennent la thèse selon laquelle il a été transporté mort jusqu’à cet endroit. Me Montels suggérait alors que, selon les constatations effectuées, il était possible que ce ne soit pas une, mais deux personnes qui ont été nécessaires pour pouvoir déposer le corps de la sorte... Le portable de la victime a fonctionné le 13 décembre...

Autre volet abordé, à l’issue duquel certains jurés en ont peut-être perdu leur numéro : celui de la téléphonie. Soit l’analyse d’un nombre incalculable de communications, de celles passées à partir de la puce du téléphone à celles passées à partir du boîtier lui-même. Dans ce méli-mélo, les coups de fils passés juste après le 12 décembre et la disparition de Li Hongxia ont particulièrement intéressé les avocats de la défense. Car il apparaît que le boîtier de la victime a fonctionné dans la région de Villefranche le 13 décembre, alors qu’elle était censée avoir regagné Paris par le train de nuit.

Et le numéro contacté, avec une puce autre que celle de la victime, par un autre que l’accusé, était celui de la femme d’un certain Arsène Amarante. Celui qui a présenté Li Hongxia, issue des milieux de la prostitution, à Amar Aouati. « On peut tout imaginer...» lançait alors Me Galandrin. Propos qui résume finalement bien la journée... 

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