Un élu et un policier à la barre après une bagarre

  • Maître Gaudy défendait l’une des parties.
    Maître Gaudy défendait l’une des parties.
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Centre Presse / Lola Cros

A l’origine, ce 9 juillet 2016 à Saint-Saturnin-de-Lenne, il y a une bagarre. Il est 23 heures, le repas s’achève sur la place du village. Une poignée d’« anciens » s’activent pour débarrasser les tables. L’un d’eux, élu municipal, s’agace de voir des convives s’attarder et décide d’aller leur dire « le fond de sa pensée ». D’emblée agressif, il reproche à la bande d’amis attablés de ne pas prêter main forte pour ranger la fête. Puis tourne les talons et regagne son véhicule. C’est là que la situation dérape : s’ensuit une bagarre entre l’élu sexagénaire et trois hommes plus jeunes. Le plus âgé nie avoir porté le moindre coup, au vu du « physique de déménageurs » des trois autres. L’enquête sera classée sans suite, sans pouvoir déterminer clairement qui a porté des coups à qui, ni qui « a commencé », malgré les très nombreux témoignages... souvent discordants.

Ce mercredi, à deux reprises, le tribunal correctionnel de Rodez s’est penché sur cette affaire. Le matin, c’est le maire de la commune qui comparaissait pour diffamation sur l’un des protagonistes de la bagarre, après avoir édité et distribué un tract dans toutes les boîtes aux lettres de la commune, expliquant son dégoût pour ce genre d’actes envers un élu.

Dans l’après-midi, c’est l’élu en question qui était entendu pour un autre chef d’accusation : dénonciation calomnieuse. Suite à la bagarre et à son dépôt de plainte, celui-ci a écrit une lettre au supérieur hiérarchique d’un autre protagoniste, policier à Rodez. Dans cette missive, il raconte sa version des faits. Une version qui n’aurait pour finalité que de « nuire à la carrière » de ce policier, abonde l’avocat des parties civiles, maître Gaudy. L’essentiel des débats sera occupé par la « présomption de bonne ou de mauvaise foi » du prévenu. Car matériellement, les deux parties reconnaissent que les faits relatés sont partiellement ou complètement faux. La dénonciation calomnieuse peut être retenue. Reste à connaître la volonté de l’élu : qu’espérait-il en envoyant ce courrier ? « à moins d’être dans la tête de mon client, je vous souhaite bien du courage pour prouver si mauvaise foi il y a », glisse l’avocate de la défense, maître Pujol-Suquet. Jugeant «regrettable» de mettre le nez dans des «chicaneries» , le procureur Frédéric Coulomb requiert une amende avec sursis, de l’ordre de 900€, à l’encontre de l’élu afin de «mettre fin à ce climat délétère». Car dans la salle du tribunal, hier, une quinzaine d’habitants de Saint-Saturnin-de-Lenne assistaient aux audiences, occupant largement les bancs disponibles. Et contribuant à alourdir une ambiance déjà pesante. Car la bagarre repose en fait sur une querelle bien plus ancienne, reposant sur un projet éolien envisagé par la municipalité. Une « rancœur» vive anime les deux parties, voire tout le village, visiblement partagé sur le dossier.

Dans les deux affaires, la décision a été mise en délibéré au 15 novembre. D’ici là, pas sûr que la tension soit retombée à Saint-Saturnin-de-Lenne.

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