Témoignage : Alain, salarié de ses parents pour mieux s’en occuper

  • dépendance Ehpad vieillesse
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Centre Presse

Devenir salarié de ses parents pour mieux s’occuper d’eux. C’est la décision prise par Alain Aygalenq, en 2015, lorsqu’il a démissionné de son poste de travail. C’est la seule alternative qu’il a trouvée. « Mes parents déclinaient vite. Cela n’était plus supportable, ni pour eux, ni pour moi ». Son père avait 96 ans, sa mère 92 ans. L’expérience a duré un peu plus d’un an pour Alain qui, aujourd’hui, ne regrette vraiment pas son choix.

Pour autant, la décision ne fut pas facile à prendre. « J’ai cherché autour de moi, mais il était difficile de trouver une personne de confiance pour s’occuper de mes parents chez eux. J’en ai alors parlé à mon employeur qui a été très compréhensif. » Via le dispositif Cesu de l’Urssaf, Alain s’est en effet rendu compte qu’il existait toute une batterie de possibilités, la plupart lié au niveau de dépendance des personnes. « Mes parents étaient Gir 3 et Gir 4, je ne pouvais pas bénéficier d’un congé sabbatique comme c’est le cas pour des parents Gir 1 ou Gir 2 ».

S’il avait un conseil à glisser à une personne qui envisagerait d’adopter ce modèle de maintien de parents à domicile, ce serait celui « d’en parler autour de soi ». C’est ainsi qu’il a fait le choix de ne pas effectuer la partie ménage, en la confiant à un prestataire externe comme l’ADMR, l’Assad ou autre. « Car il est important de se ménager du temps à soi. Psychologiquement, cela reste quand même difficile. Moi qui dormais chez eux, j’étais en permanence sur le qui-vive. Au moindre bruit, je me réveillais. Il y a une pression permanente. »

Pour ce qui est de la toilette, idem. « Je ne me voyais pas leur faire la toilette. Surtout à ma mère. Pour mon père, c’est plutôt lui qui était gêné. Il se voyait décliner, ce n’était pas facile. »

Même problématique pour les soins. « Si bien que je ne me suis jamais vraiment senti seul. Une infirmière venait aux besoins, et une aide ménagère était présente. Puis, j’ai reçu un accueil chaleureux à pharmacie, où l’on m’a beaucoup conseillé. »

Durant un peu plus d’un an, Alain va donc s’occuper de ses parents. Leur préparer des repas, être à leur écoute - « d’autant qu’ils avaient toute leur tête » - leur ramener un poisson de la pêche et leur préparer comme ils l’aiment. « J’ai vécu des moments formidables. Jusqu’au dernier jour, j’ai beaucoup échangé avec mon père. Et l’on s’est dit des choses que nous ne nous serions certainement pas dites s’il était resté en maison de retraite », confie Alain.

Loin de lui l’idée de jeter la pierre aux maisons de retraite. Qui plus est aujourd’hui, après avoir vécu un peu plus d’an en expérimentant les difficultés qu’elles pouvaient rencontrer. « Ce personnel devrait d’ailleurs être plus payé que ce qu’il ne l’est », lance-t-il. Mais pour lui, cette possibilité d’être rémunéré par ses parents pour s’occuper d’eux est encore trop méconnue. « C’est dommage car, d’un point de vue administratif, vous n’avez rien à faire. C’est le Cesu qui gère tout. Et cela coûte bien moins cher que d’avoir ses parents en maison de retraite ».

Aujourd’hui, Alain a retrouvé une activité, par le biais de son ancien employeur. Ses parents sont décédés. Après 74 ans de vie commune. « Mon père est décédé dans les bras de ma mère. Et ma mère s’est ensuite laissée mourir », raconte Alain, avec au fond de lui, la fierté de leur avoir permis de vivre ensemble sereinement jusqu’au bout. Il l’avoue, deux mois après le décès de sa mère, il a eu un coup de blues. « C’était dur. J’ai lâché. Car psychologiquement, cela reste difficile. C’est pour cela qu’il faut en parler autour de soi. » Il en est aujourd’hui persuadé, le choix qu’il a fait se « généralisera demain, et sera peut-être même amélioré ».

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