Bienvenue au jardin suspendu de Castelnau-de-Mandailles

  • L’artistoparc mêle l’art à la nature pour un hymne à la beauté.
    L’artistoparc mêle l’art à la nature pour un hymne à la beauté.
Publié le
Olivier Courtil

Dans le cadre de l’opération nationale Rendez- vous aux jardins, Bruno de Reyniès alias « l’artistoparc »
ouvre pour la première fois son œuvre au vert. Captivant.

Un drôle d’oiseau, penseront certains de ce descendant de châtelain qui a bâti son nid douillet sur le hameau du Brousse sur les hauteurs de Castelnau-de-Mandailles avec vue sur le lac. Ici, ou plutôt là-haut, point de créneaux ni de tours ; encore moins de fastes et d’apparats.

Mais une ancienne grange des moines d’Aubrac reconstruit par Bruno de Reyniès de ses pro- pres mains de 1997 à 2000 agrémenté d’une (ré) création de ses jardins sur près d’un hectare comme un hymne à la nature.

« À 6 ans, je voulais être jardinier. J’allais chez ma grand-mère dans le Bordelais qui me laissait un petit carré pour faire mes premières plantations. À 8 ans, je voulais être forestier et à 10 ans restaurer les ruines », résume ce collectionneur dans l’âme.

« L’œillet d’Inde est ma madeleine de Proust »

Bruno de Reyniès a exaucé ses rêves d’enfance. Entre chance et providence. Avec volonté surtout, et compétence. Conseiller en jardinage Jardinier (et il tient à ce nom), diplômé des Eaux et Forêts, conseiller, artisan, élagueur, sculpteur, Bruno de Reyniès alias l’artistoparc en clin d’œil à ses racines au sens propre comme au sens figuré, a plusieurs cordes à son arc, fruit de sa passion. « L’œillet d’Inde est ma madeleine de Proust », confie-t-il en ce sens.

Il a découvert le Nord- Aveyron au début des années 1990 en devenant conseiller forestier de ce territoire après avoir arpenté la France, le Canada ou encore le Moyen-Orient. À l’image d’un écrivain voyageur, il cherche aujourd’hui à transmettre son savoir-faire et faire partager sa passion.

D’où la première ouverture - gratuite en prime - de ses jardins. Vergers, potagers, jardin nourricier, un jardin labyrinthe pour retrouver son âme d’enfant que lui n’a jamais perdu, ou encore une partie forestière, la balade bucolique est poétique et étonnante car ce jardinier a l’art de rendre simple la beauté évidente des éléments qui la composent.

Des jardins à taille humaine. Ici, c’est la nature qui est reine.

« Je travaille sans traitements et je ne jette rien ». Ce qui est arraché est automatiquement rendu à la nature en dé- posant au sol. Celle-ci s’autorégule. Le maître des lieux pratique la permaculture et propose des bois et des essences uniques en (Nord-) Aveyron comme un mûrier noir, un micocoulier, ou un ostriya (dit aussi charme houblon). On y trouve même le seul amandier du Nord-Aveyron.

« Il y a l’humain avec la maison, le naturel brut avec la forêt à l’horizon et les jardins comme une transition », dit-il en regardant la vue plongeante sur le lac. Pas d’extravagance. La grâce est dans les détails : dans les odeurs qui re- montent aux narines comme elles collent aux semelles, dans ses sculptures qui jouent avec les re- flets de la lumière et des couleurs. Même les arrosoirs ont leur al- lée et sont colorés !

Un jardin du patrimoine en 2018 ? 

« L’idéal est de venir le matin pour les parfums avec les odeurs de chèvre- feuilles, les roses qui embaument et sentir la fraîcheur sous les bois », glisse-t-il. Ces mêmes bois où cerfs et biches trouvent aussi refuge. Dans son coin de paradis terrestre, Bruno a même réussi à garder ses buis face aux pyrales avec des produits bio et en les écrasant de ses mains.

Ses mêmes mains qui façonnent ses jardins comme un tableau, à l’exemple du chêne qui ouvre sur la forêt de bonzaïs. Il ne reste plus qu’à poser un chevalet. Et tout cela n’a rien de château en Es- pagne pour cet artisan aux aïeux de sang bleu.

Là-haut comme ailleurs, le temps est un luxe avec en prime la nature luxuriante. Preuve s’il en fallait encore de la nécessité de se rendre à son jardin ce week-end, celui-ci vient d’obtenir le prix création du jardin du patrimoine 2018 en Aveyron. 

21 JARDINS OUVRENT LEURS PORTES CE WEEK-END

Le jardin de la Mothe à Salles-Courbatiès ; le jardin des Sculptures à Flavin (première ouverture, gratuit) ; parc du domaine de Bassinet à Maleville (gratuit) ; le village de St-Salvadou (gratuit) ; le parc arboretum de la Barthe à Brommat (gratuit) ; les jardins de la Rivière à Najac (samedi uniquement, gratuit) ; le jardin botanique d’Aubrac ; les jardins du château de Bournazel ; le jardin de la Colombie à Brousse-le-Château (participation libre) ; le jardin des plantes à Cassagnes-Bégonhès ; le jardin des Amis, le sentier botanique et le martinet de la Ramonde à la Bastide-L’Evêque ; le parc de l’abbaye de Loc-Dieu à Martiel ; les jardins de l’Hôtel de Sambucy à Millau ; le jardin de Marie à Mur-de-Barrez (gratuit) ; le jardin médiéval du Bastidou à Peyrusse-le-Roc (gratuit) ; l’arboretum de Rieupeyroux (gratuit) ; la roseraie de Sauveterre-de-Rouergue (samedi après-midi uniquement, gratuit) ; le parc du château de Taussac (gratuit) ; le jardin des Enclos à Viala-du-Tarn ; les jardins de Villefranche-de- Rouergue et des bastides (gratuit) ; et donc l’Artistoparc de Castelnau-de-Mandailles (gratuit). A noter enfin que le jardin de Castelnau-de-Mandailles sera à nouveau ouvert au public le week-end des 16 et 17 juin car il a été retenu par le Centre permanent d’initiatives pour l’environnement (CPIE) du Rouergue dans le cadre de leur opé- ration «Bienvenue dans mon jardin naturel». 

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