Natural Games : MC Solaar en parapente au-dessus des Gorges du Tarn

  • MC Solaar en parapenteau-dessus des gorges du Tarn MC Solaar en parapenteau-dessus des gorges du Tarn
    MC Solaar en parapenteau-dessus des gorges du Tarn
Publié le , mis à jour
Monsieur L'Ouïe

Le mythique rappeur multi-discoplatiné sera la tête d’affiche musicale des Natural games de Millau. Portrait joyeux d’un roi de la plume rap.

Lorsque MC Solaar a récolté le tempo en semant ses mots dans le vent du rap, 99,9 % des compétiteurs des 11es Natural games de Millau, qui se dérouleront du 28 juin au 1er juillet, tous ces gamins sautant et bondissant n’étaient même pas nés.

Mais MC Solaar, c’est quand même un mythe. Lorsqu’en 1991 sortit donc son premier album, avec des titres comme " Bouge de là " ou " Victime de la mode ", on se disait tiens, v’là-t-y viendre un rappeur qui passe pas son temps à niquer la police ou balancer des parpaings de phrases sur la difficile condition d’existence des banlieues et des populations immigrées. Juste des petits cailloux, balancés avec précision dans une écriture ciselée.

Et même, à l’écoute de cet as de trèfle qui rêvait de piquer le cœur d’une affriolante Caroline, ledit Claude-Honoré M’Barali devenu plus tard MC Solaar parlait des femmes avec une délicatesse digne des meilleurs poètes français, de Baudelaire à Lautréamont, voire pour le piquant du pique, les subtilités coquines de Gainsbourg voire d’un " C’est extra " de Léo Ferré.

" Solaar est mon tag, il aura du renom "

Stupeur dans le monde des bien-pensants que de voir un grand black s’agenouiller presque devant une dame en lui offrant des fleurs, des trucs qu’on ne pense pas souvent, sauf idée derrière la tête et dans le pantalon, dans nos contrées civilisées. Stupeur, mais pas consternation, puisque le phrasé impeccablement bien léché du bonhomme va séduire sur toutes les lignes

Né Tchadien au Sénégal, c’est quand il ne savait pas encore aligner oralement une phrase censée que MC Solaar, alors poupon virginal d’à peine six mois d’âge, vint avec ses parents à Maison-Alfort, près de Paris. C’est là qu’il grandit et que la banlieue morose et pas rose contribua à orienter son éducation vers les jeux de ces territoires de ciment, à savoir la baston, la débrouille et le rap.

Le rap étant une culture, MC Solaar se lança là-dedans, et le bac en poche, le voilà commençant à rapper vers 1988 dans les premières émissions dédiées à ce style musical. Avec déjà une vision : " Claude MC tel est mon nom, Solaar est mon tag il aura du renom ".

Et le Claude va prendre le nom de sa signature murale pour se lancer dans le rap et donc ce premier album en 1991. 400 000 exemplaires et disque de platine. Le jackpot du premier coup, et au niveau mondial. Et le suivant ne fera que confirmer le phénomène Solaar, avec ce " Prose combat " contenant notamment " Nouveau western ", qui se classera même 5e meilleur album aux États-Unis.

Et aujourd’hui, à l’orée de son demi-siècle d’existence, on attend les productions de MC Solaar comme s’il s’agissait du dernier bouquin d’un auteur mythique, ou du dernier film d’un réalisateur dont on sait qu’on va passer un bon moment.

Fin 2017, après 10 ans de silence, voilà seulement le huitième album de Claude-Honoré, riche de près de 20 titres et affirmant le caractère raffiné et intelligent du bonhomme et de son œuvre, puisque le titre de la galette, " Géopoétique ", souligne l’œuvre de l’écrivain poète philosophe Kenneth White.

Et ce n’est pas parce que le premier extrait de l’album s’appelle " Sonotone " que MC Solaar a perdu son acuité auditive autant que sociologique. Si l’âge l’interroge sur le temps qui passe et le corps qui casse, il poursuit son jeu mondial et poétique, en jouant avec les mots pour faire le tour du monde, en saluant encore maître Gainsbourg. Et toujours une orchestration riche et soignée, entre rap, jazz, rentre-dedans ou caressante.

Et ça lui fera du bien de voir autour de lui, samedi 30 juin, toute cette saine jeunesse s’envoyer en l’air en bicyclette, grimper sur des parois plus revêches que le mur des HLM, ou voler comme les vautours au-dessus du Larzac.

Qui sait, comme les organisateurs poussent souvent les musiciens à tester les sports des NG, peut-être l’ami Claude va-t-il être tenté de faire du parapente, histoire d’être encore un peu plus près du " Solaar "...

Voir les commentaires
Réagir
Vous avez droit à 3 commentaires par jour. Pour contribuer en illimité, abonnez vous. S'abonner

Souhaitez-vous recevoir une notification lors de la réponse d’un(e) internaute à votre commentaire ?