La prestigieuse collection de jazz d’Hugues Panassié

  • Une collection de 10 000 78 tours de jazz est réunie à la médiathèque de Villefranche.
    Une collection de 10 000 78 tours de jazz est réunie à la médiathèque de Villefranche.
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GDM

Avis aux amateurs de jazz : un travail d’archives exceptionnel réalisé par le producteur et passionné Hugues Panassié est à découvrir à la médiathèque de Villefranche.

Il était l’un des plus grands admirateurs de toutes les formes de jazz et a participé à la diffusion de cette culture musicale en France avec Charles Delaunay, Hugues Panassié cachait chez lui les plus grands trésors et pépites du jazz : des 78 tours de Louis Amstrong, Duke Ellington, Big Bill Bronzy, Chet Baker ou encore Jerry Mulligan, une collection de 10 000 vinyles, 78 et 33 tours, la première collection de jazz en France rassemblée à la médiathèque de Villefranche.

Les visiteurs du Rouergue pourraient être assez surpris en découvrant toutes ces pièces d’une valeur de 500 000 € qu’a précieusement conservées le producteur de jazz, Villefranchois d’origine, qui connaissait, par ailleurs, très bien Robert Fabre, ancien maire de Villefranche, son ancien classard. Le musicien a largement contribué à la documentation des premières heures du jazz en France. Ses positions conservatrices ne manquaient pas de faire parler d’elles.

Il considérait le bepop comme une forme de musique distincte du jazz.

L’une des raisons qui l’a éloigné de Charles Delaunay avec qui il avait lancé la revue " Jazz Hot " en 1935. Il incarnait alors le courant plus " conservateur " du jazz s’opposant à la vague moderniste des années 30 incarnée par Delaunay et Boris Vian notamment.

Frappé par la poliomyélite à l’âge de 14 ans, Hugues Panassié, renonçant à pratiquer des activités sportives, s’est alors tourné vers le saxophone. C’est à la fin des années 20 qu’il découvrira le jazz. Il fondera ensuite, en 1932, le Hot Club de France.

Dans cette collection impressionnante, un enregistrement de 1927 dévoile les débuts de Louis Amstrong qui jouait à l’époque, tous les soirs, dans les clubs.

La trompette devient alors très populaire grâce à lui dans ces années-là et vient ensuite le succès de la clarinette, l’instrument roi des orchestres.

Dans certains de ces 78 tours, l’âme du swing résonne et fait écho au travail des esclaves africains qui travaillaient le coton, mais aussi sur les voies de chemin de fer.

Le bruit des rails revisité avec poésie et un rythme effréné reflétant plusieurs états d’âme en même temps : la tristesse et la joie. Dans Billy Holliday, " Strange fruit ", la chanteuse et musicienne évoque justement ses souffrances, battue, puis prostituée, avant de se lancer dans la musique. " Le blues n’a jamais été aussi extraordinaire que lorsqu’on avait une histoire à raconter ", précise le bibliothécaire musical, Daniel, trompettiste passionné.

Des ouvrages musicaux rares sont aussi à découvrir : Louis Amstrong dédicaçant à Panassié : " Son très bon pote qui a rendu possible le blues et le jazz en France ".

Le projet d’une nouvelle médiathèque devrait voir le jour prochainement. Peut-être permettra-t-elle de mettre en valeur un jour cette collection si prestigieuse détenue par la ville et si bien cachée.

Visites sur rendez-vous au 05 65 81 27 36.

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