Villefranche-de-Rouergue. André Villaret, ce Parigot viscéralement Rouergat

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  • Yvon Jean évoque la vie et le parcours d'André Villaret.
    Yvon Jean évoque la vie et le parcours d'André Villaret. F.C.
  • Le jeune Villaret a peint les scènes de vie des quartiers parisiens. Le jeune Villaret a peint les scènes de vie des quartiers parisiens.
    Le jeune Villaret a peint les scènes de vie des quartiers parisiens. Repro CPA
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    Le jeune Villaret a peint les scènes de vie des quartiers parisiens. Repro CPA
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    Le jeune Villaret a peint les scènes de vie des quartiers parisiens. Repro CPA
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    Le jeune Villaret a peint les scènes de vie des quartiers parisiens. Repro CPA
Publié le
François Cayla

Yvon Jean évoque le parcours d’André Villaret, cet artiste autodidacte, fils de bougnat aveyronnais, qui a peint le Paris de sa jeunesse avant d’être adopté par la Perle du Rouergue, où il s’était installé comme vétérinaire.

L’artiste peintre André Villaret aura marqué Villefranche-de-Rouergue par la passion qu’il vouait à sa ville d’adoption. En effet, dès son jeune âge, il s’orienta vers le métier de vétérinaire et s’installa, dès 1945 dans la sous-préfecture de l’Ouest-Aveyron, qui sut l’accueillir.

André Villaret est un communicant dont la peinture n’est parfois qu’un prétexte pour tendre l’oreille attentive et engager une conversation. C’est un artiste, profondément humain, très près de ses compatriotes. Peintre autodidacte, André Villaret savait mettre sa sensibilité au service de son art. Il pouvait, tout simplement, prendre le temps d’admirer un coucher de soleil, s’extasier devant un paysage bucolique, échappant ainsi aux vicissitudes du monde actuel.

Fils de "bougnat" aveyronnais, André Villaret est né en 1921, à Levallois-Perret. Son père était natif de Prades-d’Aubrac et sa mère d’Espalion. André, comme papa, aurait bien pu se retrouver derrière le zinc du bistrot familial. Mais sa réussite scolaire l’amena vers d’autres horizons. Il obtint ainsi son diplôme de vétérinaire.

Ami du photographe Doisneau

Grand ami du photographe Robert Doisneau, il partage avec lui son amour de la capitale. Les lumières de Paris bercent ses rêves d’artiste. Ce quartier de Belleville lui plaît et l’inspire par son marché, et ses terrasses de café au charme particulier. Ils font que Paris est une ville merveilleuse appartenant à tout le monde. Chagall ne prétendait-il pas que "le soleil des arts ne brillait qu’à Paris" ?

Paris ce sont ces quais où se promènent les poètes, les artistes et les amoureux. Des berges de la Seine, c’est tout un spectacle qui se propose à l’œil du passant, et à celui du peintre.

On y voit les chalands et les boîtes de bouquinistes où les curieux viennent chercher le livre rare. Un remorqueur passe en hurlant, un autre le suit, nonchalant. On imagine aussi le jeune André Villaret devant son chevalet peignant une toile impressionniste. Dans ces décennies de liberté qui vont d’une guerre à l’autre… on ne parle plus d’époque ni de mouvements picturaux. Cette fragile affirmation de l’humain sera aussi une recherche de liberté, celle de l’individu, celle du créateur. André Villaret, jeune adolescent s’engouffre dans cette atmosphère de liberté, avec ses armes.

Il saisit les scènes de la vie des quartiers, les mouvements des quais de Seine et tout ce qui se propose à la vie renaissante : la rue de la Gaîté et ses cabarets, le "boul’Mich" et ses étudiants, autant de lieux, autant d’ambiances différentes dans ce petit monde où se côtoient des bohèmes, des prêtres, des étudiants, des dames de petite vertu et bien entendu… des artistes.

L’attrait de ses racines aveyronnaises

Mais tous ces "petits bonheurs" ne suffisent pas à convaincre le jeune André de s’implanter dans la capitale. L’attrait de ses racines aveyronnaises et son attachement à la terre de ses ancêtres sont plus forts et l’emportent. Ainsi, dès 1945, il débute en qualité de vétérinaire-inspecteur à Villefranche-de-Rouergue. On le qualifie alors de peintre-poète à la fois "Parigot" et Rouergat. Son pays est bien ici dans ce "jardin de l’Aveyron", il l’a en lui dans l’acuité de ses propos et jusqu’au moindre poil de son pinceau. André Villaret, de par son activité professionnelle, ne manqua pas d’arpenter cette terre entre Causse et Ségala.

Grâce à son observation et à son sens artistique, il sait en saisir toute la beauté. Un de ses sujets privilégiés : les hivers sur l’Aubrac avec leurs atmosphères lumineuses, reproduits sur plaques de cuivre ne sont pas dénués d’intérêt.

S’intégrant parfaitement bien dans sa nouvelle patrie, André "le Parigot" deviendra un acteur culturel de premier ordre dans le Villefranchois. C’est ainsi qu’il plaide auprès des édiles de sa ville d’adoption afin qu’ils donnent au lycée le nom de son ami Savignac, le génial affichiste lui aussi fils de bougnat originaire de Villefranche-de-Rouergue, ainsi que celui de Francis Carco, écrivain et poète, pour le collège.

La notoriété d’André Villaret dépasse le cadre de notre région. Il reçoit la consécration suprême aux salons des peintres de région de Rignac, d’Albi, de Carcassonne et de Millau (en 1986-87). Il doit ces récompenses et la reconnaissance de ses œuvres aux thèmes de l’Aubrac, du Rouergue et du Sud-Ouest en général.

Durant toutes ces années de créations artistiques, André Villaret poursuit à travers son œuvre le désir d’être le témoin de son temps, exprimant ainsi sa propre vision de la société. "Merci André Villaret de nous avoir fait ressentir à travers vos toiles l’atmosphère du Paris de l’entre-deux-guerres, celui de votre jeunesse ainsi que les multiples instants éphémères de bonheurs simples et paisibles de notre terroir, traduits de main de maître sur vos toiles."

André fils de bougnat aveyronnais savait ce que voulaient dire les mots amitié et fraternité. Il était à lui seul l’Auvergne à Paris. Un beau jour de l’année 2014, il a rejoint au Paradis, son compagnon, le poète Georges Brassens qui lui a tendu ses bras comme avait pu le faire en son temps l’Auvergnat auquel il dédia sa chanson.

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