Procès Spanghero : les avocats de Jacques Poujol dénoncent une tartufferie judiciaire

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  • L’Aveyronnais Jacques Poujol nie toute fraude.
    L’Aveyronnais Jacques Poujol nie toute fraude. Archives S.C./ML
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A Paris, Zoé Cadiot

Au dernier jour du procès Spanghero, mercredi à Paris, la défense est apparue divisée.
 

"Poujol, c’est l’homme à abattre ! Il nous faut un responsable, un mouton noir, un coupable. (...) Donc au pilori mais au pilori sans jugement", tonne dans l’enceinte judiciaire Laurent de Caunes, l’un des trois avocats de l’ancien patron de la société audoise de transformation de viandes Spanghero, qui n’a pas digéré la sévérité du réquisitoire de la procureure Aude Le Guilchec. "C’est complètement disproportionné".

Mardi le ministère public a en effet demandé, après plus de trois semaines de débats, de la prison ferme et l’interdiction définitive d’exercer son métier à l’encontre de son client mais aussi du trader néerlandais Johannès Fasen, deux des quatre prévenus dans la fameuse affaire des lasagnes à la viande de cheval vendue pour du bœuf, qui a secoué treize pays européens début 2013. "En présence d’une législation inintelligible et la difficulté de qualifier les faits, il y a là une tartufferie judiciaire de trainer cet homme devant le tribunal", poursuit l’homme de loi qui admet juste, face au changement des étiquetages, quelques "négligences", quelques "manquements", de l’Aveyronnais, dont "le souci de compétitivité était au cœur de ses préoccupations pour sauver les emplois sur le site de Castelnaudary". Et comme les autres conseils Antoine Vey et Éric Dupond-Moretti, il réfute toute responsabilité du truculent patron dans cette énorme "fraude alimentaire, et non sanitaire". Fraude qui s’est traduite par la vente entre janvier 2012 et février 2013 de plus de 500 tonnes de viande de cheval, désignée comme du bœuf, à Tavola, un fabricant de plats préparés ou surgelés pour des grandes marques du secteur.

Jugement attendu le 16 avril

Mais quand la défense de Jacques Poujol martèle qu’il a été trompé par le négociant Johannès Fasen, l’avocat de ce dernier, Jérôme Triomphe, réfute un tel scénario. Et pour étayer ses dires, il pointe "l’absence d’enrichissement personnel " de son client. "Il n’a jamais vendu du cheval pour du bœuf". C’est donc une défense divisée qui est apparue sur les bancs en ce dernier jour du procès. Même si la thèse de l’escroquerie en bande organisée, défendue par le procureur, est rejetée par tous. Reste à savoir ce que décidera le tribunal dont le jugement, mis en délibéré, est attendu le 16 avril prochain.

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