Des échéances capitales pour l’avenir de l’usine Bosch à Rodez

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  • L’usine Bosch de Rodez et ses 1 500 emplois actuels restent fortement dépendants du diesel.
    L’usine Bosch de Rodez et ses 1 500 emplois actuels restent fortement dépendants du diesel. Photo d’archives JAT
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Joel Born

Une rencontre est prévue avec le Directoire du groupe Bosch, le 15 mars, à Stuttgart. D’ici là, des ingénieurs visiteront le site de Cantaranne, mardi 19 février, et les responsables se mobilisent pour soutenir la proposition de Bruno le Maire d’attribuer la vignette Crit’Air1 aux véhicules diesel.

Depuis des mois, l’avenir de l’usine Bosch et de ses 1 500 emplois revient régulièrement à la une de l’actualité départementale, et même souvent nationale. Il est vrai que la crise du diesel et ses dramatiques conséquences sur l’emploi dans la filière automobile n’incitent guère à l’optimisme et génère bien des incertitudes.

Dans ce contexte pour le moins instable, et alors que les travaux de modernisation de l’une des deux chaînes de fabrication d’injecteurs common rail sont en cours, l’usine Bosch de la zone de Cantaranne va vivre des moments décisifs, dans les prochains jours et semaines.

Rencontre au sommet

L’échéance approche. Vendredi 15 mars, à Stuttgart, les acteurs politiques et économiques du département et de Rodez Agglomération rencontreront les responsables du Directoire du groupe Bosch, pour les "convaincre d’investir à Rodez." Participeront à cette rencontre de première importance le Monsieur Industrie du gouvernement, Jean-Pierre Floris, la présidente de la région Occitanie, Carole Delga, le président du Département, Jean-François Gaillard, le président de Rodez Agglomération, Christian Teyssèdre, le maire d’Onet-le-Château, Jean-Philippe Kéroslian, le président du Conseil économique, social et environnemental régional (Ceser) d’Occitanie, Jean-Louis Chauzy, les cinq parlementaires aveyronnais ainsi que le président de la chambre de commerce et d’industrie, Dominique Costes. Jean-Louis Chauzy a également sollicité la présence des représentants syndicaux mais, à ce jour, le président de Bosch France, Heiko Carrie, s’y oppose.

Dans un courrier, en date du 13 février, qu’ils viennent d’adresser au Premier ministre, édouard Philippe, avec copie au Président de la République, les membres de la délégation qui sera du voyage à Stuttgart, alertent une fois de plus le gouvernement sur les grandes difficultés de la filière diesel, après une chute vertigineuse de 34 % des ventes de véhicules en quatre ans. 38 000 emplois sont aujourd’hui menacés en France, dont ceux de Bosch à Rodez.

Le chiffre

  •  38

Le nombre de départs en ruptures conventionnelles en 2018. Depuis 2016, entre départs négociés et départs naturels à la retraite, les effectifs en CDI sont passés de 1 700 à 1 500. Depuis une dizaine d’années, le nombre d’emplois a considérablement chuté, de 2 300 à 1 500 aujourd’hui. Soit une perte de 35 %.

Une transition, oui, mais en douceur

Depuis longtemps déjà, les représentants du personnel comme les élus, qui défendent le dossier de la Bosch, réclament une transition en douceur. Qui ne se fasse pas au détriment de l’emploi. C’est pour cette raison qu’ils soutiennent et appuient la proposition du ministre de l’Économie et des Finances, d’attribuer la vignette Crit’Air 1 aux véhicules diesel de dernière génération. "Cette décision doit permettre de préserver les emplois et d’investir sur les sites concernés pour fabriquer d’autres produits, dans la perspective du véhicule autonome, avec l’appui du comité stratégique de la filière automobile", écrivent les signataires de la lettre, demandant au Premier ministre, un arbitrage favorable. Les avis divergent, en effet, au sein du gouvernement, la ministre des Transports, Élisabeth Borne, et le ministre de la Transition écologique et solidaire, François de Rugy rejetant l’idée d’inclure les véhicules diesel les plus récents dans la classe Crit’Air 1.

Et les représentants de la Région, du Département et de l’Agglo de demander également le soutien du gouvernement, qui "sera déterminant", lors de la rencontre à Stuttgart.

L’occasion de rappeler que selon une étude de l’Insee, rapportée hier par nos confrères des Échos sept salariés sur dix vont au travail en voiture (et plus de huit sur dix dans les départements peu urbanisés). Pour le quart d’entre eux, cette distance domicile-travail dépasse 25 km. Ils seraient ainsi quelque 3,3 millions de salariés à passer beaucoup de temps dans leurs véhicules Et nombre de ces salariés, on l’aura compris, roulent actuellement avec des véhicules diesel. Une réalité que certains décideurs politiques, "conditionnés" par leurs habitudes urbaines des grandes métropoles, ont, semble-t-il, du mal à percevoir.

"La crise que nous connaissons depuis le 17 novembre montre l’attachement à l’automobile parce que c’est le seul moyen pour se déplacer quand il n’y a pas de transport collectif organisé en tout lieu, écrit Jean-Louis Chauzy. Le paradoxe, aujourd’hui, est que la diabolisation du diesel et les interdictions dans les villes européennes, dont Paris, ont fait augmenter les émissions de CO2."

Sans oublier, évidemment, toutes les interrogations qui entourent la production et le recyclage des batteries électriques. Une électricité qui, les défenseurs de la transition ne doivent pas l’oublier, est principalement (à 79 %) d’origine… nucléaire.

L’industrie automobile, c’est 10 % de l’activité industrielle en France et 10 % en Europe. Cette réalité démontre combien il est urgent d’avancer dans la transition écologique en organisant les mutations de la filière. Mais ces mutations ne peuvent être faites sans concertation et sans étape.
Les signataires aveyronnais du courrier adressé à Édouard Philippe

L’expertise d’Airbus

En attendant le rendez-vous de Stuttgart, une autre échéance importante pour l’avenir du site aveyronnais de Bosch interviendra mardi 19 février, avec la venue de quatre ingénieurs d’Airbus. Ces ingénieurs viendront expertiser le potentiel du site castonétois, afin d’une éventuelle mise en relation industrielle avec la chaîne des sous-traitants du secteur aéronautique, dans le cadre d’une possible diversification de son activité. Une ouverture qui pourrait dégager de nouveaux horizons économiques.

 

La vignette Crit'Air

La vignette Crit’Air est obligatoire depuis le 15 janvier 2017 pour circuler dans les zones de circulation restreinte (utile, notamment, pour ceux qui se rendent à Paris, où la circulation peut être restreinte). Le certificat qualité air ou Crit’Air est un dispositif qui facilite l’identification des véhicules les moins polluants par le biais de la vignette sécurisée Crit’Air apposée sur tous les véhicules immatriculés automobiles, 2-3 roues, quadricycles, poids lourds, autobus, autocars.

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