Carte postale (2/2) : le Vélo club Rodez à Empuriabrava, terre de cohabitation
Dans la station balnéaire et ses alentours, les contrastes sont saisissants et contribuent à l'identité des lieux.
Quelques allées et venues dans Empuriabrava, ainsi que des crochets dans l’arrière-pays de la station balnéaire de la Costa Brava, où le stage d’avant-saison du Vélo club Rodez touche à sa fin, permettent de se rendre compte de la réalité qui figure derrière la carte postale et notamment des nombreuses situations de cohabitation qui existent sur place.
Cohabitation architecturale en ville, tout d’abord, où maisons authentiques, avec du charme, côtoient des monstres de béton dont les architectes ont voulu adoucir les traits en leur donnant, environnement immédiat oblige, un semblant d’air de vague ou de voile, à la manière de ce que l’on peut voir à la Grande Motte ou, en Italie, à Naples, avec les « vele » du tristement célèbre quartier de Scampia ; des monstres donnant le sentiment d’avoir fait l’objet d’un pari : celui d’entasser le plus d’étages et de couches de béton sans que tout s’écroule.
Cohabitation sur les routes, ensuite, entre les centaines de cyclistes qui les arpentent, séduits par la perspective de pouvoir accumuler les kilomètres sous un climat favorable et dans un cadre varié, et les automobilistes espagnols, on ne peut plus respectueux des premiers, même sur des axes à deux fois deux voies, comme la rocade de Rodez, et dont leurs homologues français devraient s’inspirer.
Cohabitation entre ces mêmes cyclistes, qui investissent littéralement les hôtels, trop heureux de bénéficier de cette clientèle en saison morte, et les touristes qui y séjournent, qui les regardent avec étonnement au retour des sorties ou au moment des repas.
Cohabitation dans les paysages, entre la mer Méditerranée et, au loin, une partie des Pyrénées, encore enneigées, où l’on dévale les pistes chaudement vêtu, alors que les températures au bord de mer expliquent la sortie des tee-shirts et bermudas.
Cohabitation entre les mouettes, à la recherche de nourriture qu’elles trouvent bien souvent dans les déchets, au bord de mer, et les cigognes, qui, à une vingtaine de kilomètres dans les terres, nichent dans un espace aménagé pour elles, dans le parc du castell de Peralada, dans le cadre d’un programme de réintroduction de l’espèce.
Cohabitation entre les Espagnols et les Français, arrivés nombreux du fait des vacances, et loin d’être désintéressée de la part des premiers cités lorsqu’ils sont commerçants, ce qui permet de constater, assez souvent, leur maîtrise de la langue de Voltaire, à l’image de ces « Allez madame, regardez, on est sur du petit prix, cinq euros seulement » lâchés à tour de bras, quasiment sans accent, par une vendeuse de vêtements installée sur le marché, sans qu’elle connaisse la nationalité des passants, comme si elle s’était dit qu’en parlant en français plutôt que dans une autre langue, elle avait plus de chances de voir des clients mordre à l’hameçon.
Cohabitation enfin entre le castillan, langue officielle nationale, et le catalan, qui participe de la fierté d’une grande partie des habitants de la province et nourrit les revendications autonomistes dont les traces sont absentes dans le centre d’Empuriabrava mais bien visibles sur les routes, ponts et murs de bâtiments des communes des alentours, avec de nombreuses inscriptions telles que « Llibertat presos politics » et autres rubans jaunes, symbole de la lutte pour la libération des dirigeants indépendantistes incarcérés.
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