Djamel Bouzerara : l’histoire d’une vie dans le quartier Ramadier, à Rodez

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  • Djamel Bouzerara a consacré sa vie à Ramadier où il a travaillé avec la Caf.
    Djamel Bouzerara a consacré sa vie à Ramadier où il a travaillé avec la Caf. JAT
  • Djamel Bouzerara : l’histoire d’une vie dans le quartier de Ramadier.
    Djamel Bouzerara : l’histoire d’une vie dans le quartier de Ramadier. JAT
  • Djamel Bouzerara est parti vers d'autres horizons professionnels.
    Djamel Bouzerara est parti vers d'autres horizons professionnels. JAT
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Salima Ouirni

L’animateur socioculturel est parti vers d’autres horizons professionnels. Il a marqué de son passage le quartier Ramadier, à Rodez, où il a fondé l’association Delta Jeunes et le festival Ramazick.

Djamel Bouzerara est une figure locale de l’animation dans les quartiers de Rodez. Il vient de tourner une page professionnelle, en quittant la Caf, son dernier employeur. La vie de l’animateur socioculturel est étroitement associée au quartier populaire de Ramadier, où il a vécu durant une décennie. Il quitte donc cette vie professionnelle avec un pincement au cœur d’autant que l’immeuble les Cèdres sera démoli cette semaine.

Pour autant, il ne s’arrêtera pas de travailler puisque le jeune retraité souhaite encore faire profiter les institutions ou les associations de ses compétences professionnelles. En parallèle, il devrait mettre en place une association de tourisme vers l’Algérie. "C’est un très beau pays, malheureusement méconnu. J’ai envie de le faire connaître", confie-t-il.

Globalement, Djamel Bouzerara aura passé 34 ans à travailler au contact des jeunes et des familles. Pourtant, rien ne le prédisposait à le faire. Quand il est arrivé en Aveyron, il a habité à Saint-Éloi. "J’avais du temps à donner et non pas à perdre. Je travaillais pour des associations, ce qui m’a donné l’idée d’en créer une d’éducation populaire, en 1984. Avec les jeunes, on organisait des quines, des soirées, des belotes…", se souvient-il.

Les années 80, c’était aussi les années des locations de cassettes VHS. "J’organisais des soirées vidéo avec les gamins. J’avais aussi mis en place un bar sans alcool qu’ils géraient", souligne l’animateur.

En 1985, l’association périclite. Par la suite, " j’apprends que les préfabriqués de Saint-Éloi seront démolis. Je suis allé voir Marc Censi, alors maire de Rodez, pour lui expliquer mon envie de créer une association pour les jeunes, dans le quartier. J’ai signé une convention avec la mairie, en mon nom propre", confie l’animateur. C’est comme ça que l’association a commencé… à marquer de son empreinte le quartier.

C’est alors que le conseil général de l’époque et la Caf l’approchent pour lui faire part de leur souhait de créer un centre social. On était toujours en 1985. Il est embauché, à ce moment-là, pour un contrat aidé et intègre l’équipe du centre social. "Je me suis rendu compte que, dès lors, on pouvait répondre à l’attente des enfants, on pouvait capter leur énergie. Les jeunes se sont toujours impliqués et ont participé aux activités car je leur donnais des responsabilités", confie l’animateur, qui regrette le manque de politique jeunesse spécifique à ce quartier, depuis son départ.

S’ensuit la création d’une salle de musculation (qui existe toujours), des soirées thématiques et des départs en vacances, en camps avec les enfants et les ados ou en familles… C’est l’apogée de l’animation des quartiers populaires ruthénois.

À partir de là, l’association tente de se structurer. Le 26 septembre 1988 né Delta Jeunes de façon officielle. "Nous avons dû créer une association au grand jour pour avoir des subventions. Nous avons été aidés par la mairie, la Région, et le fonds d’aide social, le Fas, qui y a trouvé un certain intérêt pour le travail que nous faisions auprès des jeunes et avec les parents", raconte Djamel Bouzerara. Il est vrai que les parents se sont rapidement impliqués par la suite, dans le quartier. Kenza Zarzour a été le fer de lance, en mettant en place les repas de quartier, avant même que les Fabulous Troubadours (Toulouse) ne les lancent. "L’opération a cartonné dès le début. Ce repas organisé sur l’esplanade faisait la liaison entre Saint-Éloi et Ramadier. Par la suite, les repas de quartier se sont élargis aux autres quartiers de la ville", relate-t-il.

L’année suivante, en janvier 1989, Djamel intègre la Caf, qui lui faisait de l’appel du pied. À ce moment-là, la mairie a pris la gestion du secteur jeunesse pour faire profiter de ses actions tous les jeunes de la ville. Un épisode qui laissera des traces chez ce professionnel.

Dans la continuité du travail avec les jeunes, l’animateur de quartier implique les pères dans la rénovation des préfabriqués. "Les papas sont arrivés avec leurs compétences. Ils ont monté la scène, fait de la soudure, de la menuiserie… Leurs enfants en étaient fiers", poursuit Djamel Bouzerara.

Le premier festival Ramazick en 1992

Les années 80, c’est donc l’âge d’or de Delta, où tout le monde travaille main dans la main, les politiques, la Caf, les jeunes, leurs familles… C’était l’époque des grandes sorties en camps, notamment dans les Gorges du Tarn. "Je crois pouvoir dire que c’est un événement fondateur", se félicite Djamel Bouzerara.

Les jeunes, qui ont grandi depuis, ont alors aspiré à autre chose. Cela tombait bien. L’association Racines à Toulouse cherchait des sites pour accueillir un festival, suite à l’inauguration du métro qui passait au Mirail.

"J’ai pris cinq jeunes avec moi, nous sommes allés voir le festival pendant deux jours. Ils ont vu comment travaillaient les professionnels. Dans la foulée, deux mois après, on s’est réuni pour lancer le festival Ramazick", explique Djamel en passant les détails de ce long processus.

Le premier festival est lancé le 26 août 1992. "Ce projet a permis de fédérer des gens du quartier et de l’extérieur. Le quartier est devenu une référence d’un point de vue culturel", ajoute l’animateur. Le quartier a continué à vivre sur un rythme soutenu entre les gros festivals et les repas de quartiers. Entre-temps, Djamel est parti vers d’autres horizons professionnels avant de revenir dans le quartier avec la Caf. "J’ai tenté de relancer la dynamique, mais la mayonnaise n’a pas pris", souligne l’animateur socioculturel. La page est tournée.

Dans le rétro

Dix ans aux Cèdres. En plus d’être animateur socio-culturel, Djamel Bouzerara, a vécu 10 années aux Cèdres. Un bâtiment qui sera démoli cette semaine. « Je me rappelle de la vie qu’il y avait dans ce quartier. Les Portugais faisaient la sardinade, dans le garage. Ils étaient vite rejoints par les Espagnols et les Arabes pour une partie de pétanque. C’était la belle époque », se souvient Djamel Bouzerara. Cette ambiance, l’animateur, va certainement la retrouver, samedi 6 avril. Ce jour-là, les habitants actuels et tous les anciens sont invités à venir avec un plat et des boissons à partager. C’est un grand pique-nique qui est proposé, au pied de l’immeuble, pour se retrouver et retrouver les bons souvenirs d’antan, avant que l’immeuble ne tombe. L’événement est organisé par Kenza Zarzour, en collaboration avec la mairie et l’Office public de l’habitat.

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