Millau. Le nouveau bleu n’est pas du goût de José Bové

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    Le nouveau bleu de brebis de Société ne passe pas chez José Bové Archives CPA - Photomontage
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CORRESPONDANT

Le député européen veut faire interdire le bleu estampillé Société.

 

La commercialisation du bleu estampillé Société depuis le 1er avril les rend rouge de colère. Après la sonnette d’alarme tirée par la CFDT "roquefort et lait de brebis", c’est José Bové, actuellement député européen, et ancien leader de la Confédération paysanne et de la Confédération Roquefort, qui s’est indigné de "cet ersatz", ce mardi. Il demande tout simplement "l’interdiction de ce produit qui porte atteinte à l’AOP de 1925, surtout à quelques semaines de la fête du Roquefort début juin".

Le syndicat et l’élu s’accordent sur le fait que le fromage n’est ni fabriqué, ni affiné dans le giron de l’unité économique et sociale (UES) Société, mais à Rodez, avant un transfert au centre Lebrou, à Roquefort, pour un court affinage en hâloir avant la phase de conditionnement.

"L’AOP permettait de garder la gestion de l’interprofession, explique José Bové. Mais depuis que Besnier en 1992, devenu depuis Lactalis, est sur le territoire, tout a été démembré dans le rayon de Roquefort. Les prix du lait sont gérés industrie par industrie et les producteurs n’ont plus leur mot à dire." Des éleveurs qui se font d’ailleurs silencieux sur la question.

La bonne stratégie ?

D’après les opposants, ce bleu de brebis "doux et fondant" aurait été lancé pour concurrencer le Saint-Agur, "ce qui est impensable quand on sait le combat que nous avons mené pendant des années contre ce produit", insiste José Bové, qui regrette le manque de réaction de la Confédération Roquefort. "Lactalis est en train de faire avec le roquefort ce qu’il a fait avec le camembert, c’est-à-dire détruire l’AOP", poursuit-il. Ce nouveau bleu au lait de brebis pasteurisé, commercialisé à 1 € 95 la barquette de 150 grammes , contre 2 € 17 minimum en grande surface à quantité égale de roquefort Société, a été lancé pour endiguer la chute des ventes du produit phare de la marque. D’après les chiffres de la CFDT, 5 millions de pains étaient fabriqués en 1994, contre 3,3 millions cette année, soit une baisse de 33,40 % sur la période.

Côté production de "rêve bleu", celle-ci pourrait passer de 120 tonnes en 2019 à 240 tonnes l’an prochain. "Ce produit est leurre aussi bien pour le territoire que pour le consommateur car il est impossible de vérifier l’origine des collectes et qui prend en otage les producteurs", lance José Bové qui "condamne une stratégie qui tue l’AOP en baissant le prix du lait de 30 %".

Le député européen prend le sujet à bras-le-corps et compte l’aborder au Parlement européen, avant d’envisager d’autres actions. "Voilà près de 50 ans que je me bats contre ce système d’exploitation et cela fait bien plus longtemps que l’on défend les éleveurs contre le loup, plaide l’élu. Avec un AOP vidé de sa substance, c’est tout un territoire qui se déconstruit."

De nouveaux consommateurs

Dans un communiqué diffusé la semaine dernière, l’entreprise Société fait savoir qu’elle "se doit d’innover et de proposer aux consommateurs des produits correspondants à leurs attentes". Ce produit complète la gamme et "permet d’initier de nouveaux consommateurs au goût des fromages persillés". L’entreprise précise qu’il sera fabriqué à Rodez et non dans une Roquefortaise "afin de respecter le cahier des charges AOP", avant d’être conditionné à Roquefort "grâce à l’expertise des personnels de l’atelier de Lebrou". "Cela permettra également de conforter l’emploi", estime Société.

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