Rodez : réforme des lycées, des craintes confirmées à Foch et Monteil

  • MM. Mazel (Monteil), Lagarde (Monteil), Lafont (Foch), Raynal (Foch), Méraud (Foch) et Couffin (Foch et Monteil).
    MM. Mazel (Monteil), Lagarde (Monteil), Lafont (Foch), Raynal (Foch), Méraud (Foch) et Couffin (Foch et Monteil). X.B.
Publié le , mis à jour
Xavier Buisson

"Malaise", "ras-le-bol", collègues "exténués" par une "réforme inadaptée" : le collectif des enseignants de Foch et Monteil, fort d’une centaine de membres, réaffirme, vécu à l’appui, son hostilité à la réforme portée par le ministre Jean-Michel Blanquer.

C’est désormais officiel : les inquiétudes nourries par les professeurs de lycée avant les vacances estivales, qui avaient même poussé certains d’entre eux à une grève "historique" au moment du bac, ont été largement confirmées après quelques semaines de cours.

Après avoir tenté de tirer la sonnette d’alarme l’an passé, le collectif réunissant des enseignants des lycées Foch et Monteil (une centaine de membres revendiqués) remonte donc au créneau, illustrations concrètes à l’appui, pour dire tout le mal qu’il pense de cette réforme portée par le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer. Des répercussions néfastes, selon eux, pour les enseignants et élèves, voire même des chefs d’établissements, confrontés eux aussi à une charge de travail très nettement accrue.

Préparer des programmes "auxquels ils n’adhèrent pas"

"Les programmes de toutes les matières ont été changés, et aucun de ces programmes n’a recueilli l’assentiment des enseignants. Ils ont dû préparer des programmes auquel ils n’adhèrent pas, inadaptés au cadre qu’on leur donne et aux élèves qu’on a", attaque Sylvain Lagarde, prof au lycée Monteil.

Enseignant en technologie à Monteil, Daniel Mazel évoque la multiplication des nouveaux enseignements, qui dans son cas implique quatre nouveaux programmes à mettre en place pour la rentrée avec, à la clé, des "formations en urgence du 15 juin au 10 juillet".

Un document d’accompagnement qui "tient sur une feuille A4"

Parmi ces nouvelles matières, les enseignants ont désormais la charge d’enseigner les SNT, pour Sciences numériques et technologie, avec de curieuses adaptations : ce sont des profs de français, math ou philosophie qui peuvent s’y atteler.

En histoire et géographie, comme l’explique Véronique Méraud du lycée Foch, une nouvelle matière fait son entrée, baptisée "histoire-géographie, géopolitique, sciences politiques". Cinq thématiques à intégrer à hauteur chacune de 20 à 24 heures de cours, et dont le document d’accompagnement "n’est sorti que mi-septembre et tient sur une feuille A4". Pour ce qui est des nouveaux programmes, ceux des classes de seconde ont été édités "au mois d’avril". "Les élèves seront beaucoup moins nombreux qu’avant à réussir à apprendre… à moins qu’on ne veuille que des premiers de cordée ?", conclut-elle.

Jusqu’à trente professeurs pour une classe

Du côté de l’occitan et comme le regrette Gauthier Couffin, qui enseigne dans les lycées Foch et Monteil, "il n’existe actuellement qu’un seul sujet zéro destiné à faire passer les épreuves de compréhension et d’expression écrite". Il existe deux de ces sujets zéro, destinés à jalonner les examens, en histoire-géographie (sans, pour l’heure, de corrigés). Par ailleurs la multiplication des options "casse le groupe classe, mais aussi le groupe enseignant", certaines classes ayant besoin au total d’une trentaine de professeurs pour dispenser l’ensemble des enseignements choisis par les élèves.

En seconde, "neuf heures de cours dans la même journée"

À l’arrivée, des "collègues exténués et désabusés", explique Christine Lafont (Foch), qui poursuit : "Les choses vont vraiment mal dans notre profession. Il y a déjà eu trois suicides depuis la rentrée". "Nous avons besoin de temps, de report ou ajustements, affirme Cécile Raynal, qui enseigne l’espagnol à Foch. Certains élèves de seconde ont neuf heures de cours dans la même journée… Cette réforme n’a pas été préparée, nous ne pouvons pas la mettre en œuvre dans de bonnes conditions. Il y a un malaise, un ras-le-bol".

Des manifestations en vue ?

Le 5 septembre, le CHSCT ministériel a demandé le retrait de la réforme dans la voie professionnelle (après l’avoir fait pour la voie générale) du fait qu’elle pourrait "impacter la santé physique, mentale et sociale" des enseignants. Un avis exclusivement consultatif qui appelle une réponse du ministre. Pour ce qui est de la réponse des enseignants, elle pourrait prendre la forme de manifestations publiques, dans le sillage, pourquoi pas, de celles qui vont immanquablement rythmer la réforme des retraites.

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