Restos du Cœur : "Seuls, on n’y arrivera pas"

  • La collecte nationale se déroulera les 6, 7 et 8 mars 2020.
    La collecte nationale se déroulera les 6, 7 et 8 mars 2020. JAT
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Rachid Benarab

À la veille du lancement de la 35e campagne hivernale (mardi 26 novembre), les bénévoles appellent les élus et la population à plus de solidarité.

On prend difficilement la mesure du travail effectué chaque jour sur le terrain par les bénévoles des Restos du cœur. Encore moins des millions d’euros économisés chaque année par les collectivités grâce à son action auprès des plus démunis. À titre d’exemple, ces dernières auraient dû débourser 2,40 M€ juste pour financer le coût des 400 000 repas servis lors de la précédente campagne en Aveyron. "Et l’aide alimentaire ne représente que la partie immergée de l’iceberg", indique Sébastien Viguier, le président des Restos du cœur aveyronnais pour résumer la situation.

Toujours plus de personnes accueillies

Une situation qui ne va pas en s’arrangeant avec des bénéficiaires toujours plus nombreux à solliciter l’aide de l’association chère à Coluche. " Sur l’année cela représente 7 % de personnes en plus, de tous les âges et d’horizon divers ", précise le président. Mais l’augmentation est beaucoup plus marquée sur les chiffres de l’intercampagne avec une fréquentation en hausse de 23 %. " C’est très inquiétant, car les personnes qui bénéficient de l’aide des Restos en été sont les plus démunies parmi les plus démunies", souligne-t-il l’air grave. Car si la 30e campagne hivernale (35e au niveau national) qui débute le 26 novembre suit la même tendance – et elle va le faire au regard des premiers indices constatés sur le terrain par les bénévoles (réforme du chômage, baisse des minima sociaux, etc.) – cela va s’avérer beaucoup plus compliqué.

Car l’association a beau gérer ses comptes " en bon père de famille ", si la tendance se confirme, elle ne parviendra plus à joindre les deux bouts. " Seuls, on n’y arrivera pas ", prévient Sébastien Viguier en pointant également " des dons financiers en baisse de 36 % l’an dernier et des charges en hausse constante ". Il y a la flotte de véhicules à entretenir, mais aussi les loyers des différents locaux.

Les collectivités appelées à la rescousse

"Les Restos du cœur de Haute-Garonne gèrent 30 centres de distribution et pour aucun d’entre eux ils n’ont de loyer à payer, alors que nous, ici, nous devons nous acquitter d’un loyer pour presque chacun des 10 centres répartis sur le département. C’est autant d’argent qui ne profite pas aux bénéficiaires", estime-t-il. "Les collectivités doivent nous soutenir davantage".

À l’image de la mairie de Capdenac-Gare qui vient de financer la rénovation d’une ancienne caserne afin d’y loger gratuitement deux associations caritatives dont les Restos du cœur. Une exception que le dirigeant des Restos souhaiterait ériger en modèle. Et pas seulement dans les communes où sont implantés des centres de distribution. "Ce n’est pas parce qu’un maire n’a pas de pauvre sur sa commune qu’il ne doit pas nous aider, estime le président. On ne demande pas aux bénéficiaires d’où ils viennent. Et puis, nous avons tous un devoir moral de solidarité", enfonce-t-il. Ce devoir, le président Viguier a décidé de le rappeler aux maires des communes de plus de 500 habitants.

Pour ce faire il leur a adressé un courrier détaillant les différentes actions menées par l’association sur le territoire. L’occasion aussi de les inviter à s’investir davantage à leurs côtés. Cette requête a également été adressée au conseil départemental de l’Aveyron. "C’était il y a maintenant plus d’un an. Et à ce jour, elle est toujours sans réponse", se désole Sébastien Viguier.

Un silence d’autant plus mal perçu qu’il émane d’une collectivité dont le volet social est l’une des principales compétences.

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