Marcillac-Vallon. Marcillac : David Fourré, éditeur passionné

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  • Un éditeur aujourd’hui reconnu dans le monde de l’édition photographique.
    Un éditeur aujourd’hui reconnu dans le monde de l’édition photographique. H.L. - Reproduction Centre Presse
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    Un éditeur aujourd’hui reconnu dans le monde de l’édition photographique. H.L.
Publié le
Hélène Lecarme

Ancien chef de fabrication des Éditions du Rouergue, David Fourré a créé sa maison d’édition dans le Vallon de Marcillac.

Après un DESS (Diplôme d’Études Supérieures Spécialisées) en édition à Paris, c’est en 1995 que David Fourré arrive en Aveyron, pour ne plus en partir ! Embauché comme chef de fabrication aux éditions du Rouergue, il apprend tout du métier dans le local situé à l’époque au-dessus de la Maison du livre à Rodez. La rencontre avec Olivier Douzou, éditeur et graphiste aux éditions du Rouergue, est déterminante : avec Jojo La mache, son premier livre écrit et illustré, en 1993, Olivier Douzou a commencé à révolutionner le secteur du livre jeunesse, grâce à ses expérimentations au sein d’une maison publiant jusque-là uniquement pour les adultes. Les deux amis travaillent aujourd’hui encore ensemble. C’est là encore qu’il rencontre sa compagne, qui travaille juste au-dessous, à la Maison du livre.

Création des éditions Lamaindonne

L’envie de créer sa propre aventure avec le livre lui fait sauter le pas : " Je ne suis pas un artiste, je ne peins pas, je n’écris pas, mon acte créateur à moi, c’est de monter des bouquins ! ".

En 2010, un ami menuisier qui fait des photos, Jean-Pierre Devals, lui propose un projet ; ce premier livre en noir et blanc, très bien imprimé, vendu à 500 exemplaires juste dans son petit réseau, donne envie à David de continuer. Vient Tôt un dimanche matin, journal de Montréal, qui présente les photos de Julien Coquentin, rencontré grâce à une personne des éditions du Rouergue. Le livre a du succès, est cité dans Libération, Les Inrockuptibles. David s’enhardit et, conquis par la photo de style expressionniste, contacte Gabrielle Duplantier : Volta paraît, qui marque le petit milieu de l’édition de la photo. Les éditions Lamaindonne, basées à Marcillac-Vallon, sont lancées ! Depuis, tout s’enchaîne, avec un livre par an, voire deux depuis 2015, et David, assailli de demandes, en vient à refuser des projets, par manque de moyens, qu’ils soient financiers ou humains. Fidèle à ses auteurs, il suit le travail de Julien Coquentin, dont il a édité aussi Saisons noires – qui a été dans la "short list" du prix Nadar –, et pour lequel un troisième ouvrage est en cours de réalisation, mais aussi de Joseph Charroy, Gabrielle Duplantier, LjubisaDanilovic, Gaël Bonnefon, Gilles Roudière…

Consécration

En 2019, il est lauréat du prix HiP dans la catégorie " éditeur de l’année " et son livre Trova – photographies de Gilles Roudière –, lauréat du prix HiP 2019 dans la catégorie " monographie artistique ". Ce même livre arrive aussi dans les 10 premiers pour le prix Nadar de cette année.

Très reconnu dans le petit monde de l’édition photographique, David Fourré participe à des salons, des festivals comme Les Rencontres d’Arles et Polycopies, suit de près le travail de l’espace Saint-Cyprien à Toulouse, participe à des lectures de portfolios, rencontre galeristes, artistes… Très modeste, c’est en toute simplicité qu’il ouvre la porte de sa maison, qui est aussi son lieu de travail, pour parler de ses projets.

Passion

" Au-delà d’une série qu’on aime, le travail éditorial, c’est comprendre le vrai message d’une série photographique, et trouver la meilleure solution pour dire ce message, pour le faire apparaître. Cette centaine de pages est un espace de liberté pour déployer un témoignage, des sensations, transmettre des émotions, une narration, commencer avec telle image et pas une autre, créer un déroulé. Pour Le Désert russe, j’adorais les images de Ljubisa Danilovic, mais j’ai eu besoin de temps pour comprendre la nostalgie que dégageait l’ensemble, mettre des mots sur les photos, pour savoir quelle forme donner au livre. On commence dans le noir, et on va vers le blanc… Savoir lire entre les images, pour aller à la rencontre non seulement d’une œuvre mais aussi du photographe. Dans une photo, au-delà de ce qui est montré, il y a quelque chose en plus qui sourd et c’est ça qui est magique ! Une série photographique est souvent un autoportrait en creux du photographe. C’est ça qui fait vibrer la photographie ! "

Une passion qui lui offre de s’envoler, de se faire plaisir, même si elle ne lui permet pas de gagner sa vie : malgré les aides de la Région, du CRL – Centre Régional des Lettres –, et parfois d’un musée, il travaille en indépendant pour l’édition, les éditions du Rouergue et Flammarion notamment, pour le salon du livre de Montreuil, la MJC de Rodez… On ne peut que lui souhaiter de pouvoir enfin vivre de sa passion !

Contact : Lamaindonne – 18 titres au catalogue – 12330 Marcillac-Vallon, www.lamaindonne.freditions.lamaindonne@orange.fr

Ses projets

Parmi les prochains projets, Le tirage à mains nues, dans lequel Guillaume Geneste, créateur du laboratoire La chambre noire à Paris, livrera ses réflexions de tireur professionnel, ou encore Tropiques, livre qui rassemblera une centaines d’images et cinq nouvelles de l’Aveyronnais Julien Coquentin et reprendra les thèmes favoris du photographe, comme l’enfance, la famille, le rapport à l’autre, avec des images prises lors de son voyage de deux ans à La Réunion.
 

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