Millau : 152 kilos de cannabis dans un camion d'oranges, les deux chauffeurs condamnés à la prison

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  • Le cannabis caché dans des cagettes d'oranges n'a pas échappé aux douaniers.
    Le cannabis caché dans des cagettes d'oranges n'a pas échappé aux douaniers. Repro CP - Administration des douanes à Millau
Publié le , mis à jour
Centre Presse Aveyron

Deux chauffeurs espagnols ont été condamnés ce vendredi devant le tribunal correctionnel de Rodez, à 12 et 18 mois de détention. Ils avaient été interpellés dans la nuit du 15 au 16 décembre au péage du viaduc de Millau : les douanes avaient trouvé dans la remorque de leur camion qui transitait de l'Espagne vers les Pays Bas, 152 kilos d'herbe de cannabis qui n'ont pas échappé aux douaniers. 

Leur avocat a assuré être gréviste mais il a fait le déplacement à Rodez depuis Aix-en-Provence pour plaider leur relaxe. Me Luc Febbraro a longuement tenté de convaincre le tribunal, ce vendredi après-midi que ses deux clients, chauffeurs espagnols, ne pouvaient être au courant du contenu de la cargaison qu'ils véhiculaient, depuis Séville vers Rotterdam. Leur périple s'est arrêté dans la nuit du 15 au 16 décembre au péage du viaduc de Millau, quand les douaniers ont décelé dans la remorque de leur 38 tonnes, quelque chose d'anormal, en promenant juste un faisceau de lumière sous les palettes ajourées. En l'occurrence, cachée au fond de l'ensemble frigorifique bourré de cagettes d'oranges, 152,3 kilos d'herbe de cannabis derrière une cloison en carton. 

"Impossible de vérifier"

Les deux hommes, 51 et 38 ans, chauffeurs chevronnés, ont raconté - avec l'aide d'une interprète -  leur histoire, celle d'un convoi d'oranges comme il en existe tant entre le sud de l'Espagne et les pays du Nord. Une remorque déjà chargée au moment où ils démarrent, pour laquelle ils n'ont pu faire que des vérifications de température. Ils ont assuré découvrir en présence des douaniers, que de la drogue y était cachée, sûrement par leur patron. Ils ne sont pas inquiets quand les douaniers leur demandent de se garer, car ils sont sûrs d'être en règle. Ils sont candides, avancent leur bonne foi avec une sincérité à toute épreuve. Ces deux pères de famille se sentent floués, l'un d'eux ne fait jamais de transports internationaux, l'autre assure que visionner la totalité du contenu de la remorque l'obligeait à la décharger de toutes ses palettes, ce qui est impossible. 

"En pleine conscience"

Les questions de la présidente Mandana Samii n'éludent aucuns détails que les deux prévenus justifient sans désemparer. Il en faut plus pour convaincre le ministère public, représenté par Fanny Moles, de leur innocence. "Une affaire tristement classique, avec toujours les mêmes arguments : l'impossibilité de vérifier la marchandise, alors que tous les transporteurs connaissent leurs obligations". Pour elle, "ils ont agi en pleine conscience". Et de requérir, notamment entre quatre et cinq ans de prison ferme.

La représentante de l'administration des Douanes avait rappelé au préalable qu'en la matière, c'est la présomption de responsabilité qui prévaut et que la bonne foi doit être dûment prouvée... Elle leur réclame 456.900 euros, soit la valeur de revente de la marchandise,à confisquer bien entendu.

Relaxe plaidée

"Une routine qui confine au cynisme pour tous ces trafiquants qui font payer ce que l'on appelle des mules", tonne Me Febbraro. Pour l'avocat de la défense, ses clients ne sont pas des mules, mais bien des lampistes qui payeront pour les autres, leur comportement témoigne de leur innocence, ils ont été coopérants avec les douaniers, livrent sans mal le nom de leur patron, le prénom du propriétaire du chargement. Il plaide la relaxe, et ne sera pas suivi par le tribunal qui condamne l'un  à 18 mois, l'autre à 12 mois de prison ferme et 5.000 euros, in solidum, d'amende douanière. Ils étaient en détention provisoire depuis le 17 décembre, ils repartent derrière les barreaux. 

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