Lescure-Jaoul : le bonheur des ânes est dans le pré d’Antoine et Domitille

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  • Antoine et Domitille aiment leurs animaux qui le leur rendent bien.
    Antoine et Domitille aiment leurs animaux qui le leur rendent bien. JM et DR
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Julie Martinez

Antoine Delannoy et Domitille Déléris ont uni leur destinée professionnelle à Lescure-Jaoul pour se lancer dans l’élevage d’ânes et les cosmétiques au lait d’ânesse.

Pendant sept ans, Antoine Delannoy a géré le centre équestre de Lescure-Jaoul. Propriétaire des lieux, il aspire aujourd’hui à un renouveau professionnel, à un meilleur confort de vie. Il est vrai que gérer un centre équestre, s’occuper de la cavalerie 365 jours par an, dispenser les cours la semaine et amener les cavaliers tous les dimanches en concours, voilà qui laisse peu de temps pour se délasser sur un canapé !

En parallèle à l’arrêt progressif de l’activité centre équestre, Antoine Delannoy a donc réfléchi à sa reconversion : il a des terres, il a la passion du cheval, il a des valeurs agricoles et l’expérience de l’élevage. C’est à partir de ces constats que s’est articulée sa cogitation.

En attendant de trouver sa nouvelle voie, il a participé à un énième salon équestre. Là, il a acheté un coffret de cosmétiques au lait d’ânesse pour l’offrir à Domitille Déléris, une bénévole du centre. Et comme il n’y a pas de hasard dans la vie, il se trouve que cette dernière cherche également à changer de métier.

Bien-être animal

Domitille Déléris vit à Vabre-Tizac. Responsable de vie scolaire, elle souhaitait trouver une activité qui la rapproche de ce qu’elle aime vraiment : la nature et les chevaux. Aussi, lorsqu’Antoine Delannoy lui a proposé de s’associer et de produire du lait d’ânesse à des destinations cosmétiques, elle a décidé de sauter le pas. Quelque part, ces deux-là étaient sans doute faits pour se rencontrer.

Ainsi donc, l’entreprise "Les ânesses du Jaoul" voit le jour en octobre 2019. Un troupeau de onze ânes habite désormais en semi-liberté dans une prairie à deux pas du Jaoul. Il est composé d’ânes de race baudet du Poitou, de Pyrénées ou normande. Les naissances se font en toute liberté et la traite débute dès la diversification alimentaire de l’ânon, vers 2 mois. Leur croissance n’est pas affectée. Ici, le bonheur est dans le pré et celui des bêtes passe en premier. Un tour dans le pré en question suffit pour percevoir l’amour que Domitille et Antoine portent à leur troupeau. Il suffit d’un sifflement de leur part pour voir débouler les ânes au galop, des animaux en quête de caresses et d’attention.

Seules cinq ânesses sont à la traite et les mères ne seront gestantes qu’une année sur deux. Antoine explique que "la mère produit du lait au contact de son bébé. Le temps des traites, les mères sont “séparées” des ânons, mais il y a toujours un contact visuel et olfactif pour favoriser la lactation. Nous faisons trois à quatre traites par jour, manuellement. On prend uniquement le lait dont on a besoin, soit deux litres par jour en trois ou quatre traites, et nous laissons les ânons boire les cinq à sept litres restants. Il est parfois inutile de traire tous les jours ".

Gamme élargie de produits

Les ânons sont sevrés entre 8 et 10 mois et sont proposés à l’adoption, sous l’œil quasi maternel de Domitille, qui s’assure que "ses" bébés rejoignent de bonnes familles. Afin de conserver les propriétés naturelles du lait (vitamines et acides aminés), celui-ci est filtré, mis en bouteille, puis surgelé. Sa transformation se fait dans un laboratoire artisanal occitan, avec des produits d’origine naturelle et des conservateurs labellisés Ecocert.

Antoine et Domitille ne souhaitent pas se contenter de simples savons (qui contiennent 10 % de lait dans un produit solide) et valorisent le lait en proposant une gamme complète de cosmétiques : crème pour le visage, lait corporel, savon à barbe, gel douche… "On connaît toutes les propriétés de ce lait, notamment pour apaiser les peaux sensibles ou à problèmes. Il est utilisé depuis la nuit des temps ! L’avantage des cosmétiques sous forme liquide, c’est la possibilité de mettre jusqu’à 40 % de lait d’ânesse et c’est cela qui fait la qualité du produit. On y ajoutera des ingrédients issus de plantes comme l’aloe vera, le jojoba, la lavande ou du karité bio, mais la recette restera secrète…"

 

Une conversion « bio » dans les tuyaux

Pour être à 100 % en adéquation avec leurs valeurs, Domitille et Antoine travaillent également à la conversion « bio » de leur exploitation.
« Il ne reste que l’alimentation du troupeau à changer et ce sera bon, révèlent-ils. Nous sommes vraiment soucieux de la qualité de nos produits, mais nous sommes aussi vraiment soucieux de la préservation de l’environnement.
Les emballages sont recyclables et les flacons rechargeables. Nous voulons rester une entreprise à échelle humaine et nous favoriserons les circuits courts. Pour l’instant, nous vendons en ligne sur internet, via notre site www.laitanessebio.fr, mais très prochainement nous allons commencer à vendre sur les marchés pour faire mieux connaître nos produits ».
Antoine et Domitille envisagent donc l’avenir avec confiance.
Et ils semblent avoir raison.
Les premiers retours extérieurs concernant leurs cosmétiques sont des plus positifs  et les encouragent à continuer leur aventure.
 

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